Histoires hot
L’italien Crepax et le français Axel nous offrent deux bédés érotiques très différentes…
Bianca, belle et soumise
Fouettée par Mademoiselle Squelette, frappée et humiliée par un pirate décédé qui lui apprend l’obéissance et l’insulte en la traitant de “putain irrespectueuse” et de “cochonne dévergondée”, offerte en gelée royale à son altesse impériale Le Léviathan de Moby Dick, sauvée par le capitaine Achab puis reprise par un chat de conte de fées qui fait d’elle un animal de cirque… la belle Bianca est soumise au pire, attachée, humiliée, fouettée, marquée au fer. C’est dans le monde des fantasmes et de la littérature que nous emmène Guido Crepax dans l’album “Bianca”, sorti en 1969. L’auteur italien y raconte une belle adolescente malheureuse dans le pensionnat pour jeunes filles où elle est soumise aux uns et aux autres. Pour échapper à ce monde, elle s’invente des rêveries érotiques plus cruelles encore. Le maître de la bédé érotique décédé en 2003 à l’âge de 70 ans parvient ici à allier les contraires, la violence des scènes et l’élégance magistrale du trait et il nous montre combien les fantasmes peuvent aider également à dépasser des traumas. Un très bel album à propos duquel le très cher Wolinski tragiquement disparu déclara : « Ça m’embête d’être amoureux d’une femme dessinée par un autre, parce que je ne peux pas la séduire. ».
Bianca est paru aux éditions Delcourt, 226 p., 22,95 euros
Flavia, belle et exhibi
Axel lui a choisi de nous raconter une quadra de notre époque qui gagne sa vie en restant chez elle, nue devant les dizaines de caméras de son site Internet. Flavia offre son intimité, les moments où elle se touche et se douche, mais un jour elle rencontre Marco. Le jeune homme va-t-il accepter de s’exhiber lui aussi ? “La chambre de verre” est une histoire d’une linéarité et simplicité décevantes mais qui pourra séduire les amateurs de dessins crus, quasi anatomiques. Par ailleurs la bédé évoque une nouvelle réalité de la prostitution : la prostitution virtuelle. De plus en plus de femmes arrondissent leurs fins de mois en offrant l’image de leur corps via une sexcam. Et selon d’aucunes, la pratique aurait également des avantages psy. C’est Carmina, la rédactrice de Tag Parfait, un magazine dédié à la culture porn qui déclarait à Siècle digital, site d’information sur les sujets numériques, que s’exhiber via une sexcam lui avait permis de prendre confiance en elle et en son pouvoir de séduction…
La chambre de verre est publié par les éditions La Musardine, 64 p., 17,90 euros.