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Une famille belge est à la base du tourisme cap-verdien

L’archipel du Cap Vert ne cesse de rendre hommage à des Gantois, considérés comme étant à la base du développement touristique local

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Les îles du Cap Vert ont, de tout temps, retenu l’attention des Belges. Ainsi, aux alentours de 1479, c’est un commerçant tournaisien, Eustache de la Fosse, qui est le premier à décrire l’archipel ou du moins l’une des îles de celui-ci, baptisée l’île des Lépreux. Dans ses carnets de voyage précieusement conservés par la bibliothèque de Valenciennes et récemment publiés, il évoque, notamment, l’usage qui y est fait de la chair et du sang des tortues de mer pour y soigner la lèpre. L’île est, à l’époque, peu habitée, mais sera fréquentée par bien des navires vivant de la traite négrière transatlantique. Dont ceux de la très ostendaise Compagnie asiatique, qui fit fortune grâce au marché de l’esclavagisme.

Cinq siècles plus tard, c’est à une famille gantoise, les Vynckier, que l’on doit un développement bien plus éthique de l’archipel si cher à Cesaria Evora, celui du tourisme. L’histoire remonte au début des années 1960. Attirés par le climat de ces îles volcaniques encore peu fréquentées à l’époque, Gaspard Vynckier et son épouse Marguerite Massard, tous les deux ingénieurs, décident d’y construire une maison de vacances. Soucieux de la vulnérabilité de leur nouvel environnement, ils vont, pour ce faire, utiliser des énergies renouvelables. La maison est l’une des plus grandes de l’archipel. Et ce dernier manque cruellement d’hôtels. Aussi, lorsque la compagne aérienne sud-africaine SAA décide de mettre en place une liaison aérienne entre Francfort et Johannesbourg, avec escale à Sal, c’est tout naturellement vers la famille Vynckier qu’elle se tourne afin de lui louer deux chambres. Mais très vite la demande en logements va croître. Les Vynckier, sentant la bonne affaire vont ainsi construire quelques bungalows, puis de petites maisons en pierre.

Naît ainsi, sur la plage de Santa Maria, le premier complexe hôtelier de l’archipel du Cap Vert. Il sera suivi par des dizaines d’autres, transformant ainsi l’économie locale. Fils de Gaspard et de Marguerite, Georges Vynckier ne va cesser d’accroître son complexe, tout en le dotant d’équipements écologiques inédits sur l’île. Ainsi, dès 1976, il installe un distillateur à osmose inverse produisant 60 m3 d’eau par jour, puis, quatre ans plus tard, des panneaux solaires et trois miroirs paraboliques pour le chauffage de l’eau. Il construira encore, en 1985, la première éolienne de l’île ainsi qu’un système de recyclage des eaux usées particulièrement innovant. Aujourd’hui encore, l’hôtel Morabeza est incontournable sur l’île de Sal. Et, malgré l’afflux de touristes sur l’île, il a gardé sa réputation d’hôtel de charme, calme et reposant. Ses 120 chambres, trois piscines et trois restaurants sont toujours gérés par la famille Vynckier. Georges, lui, est décédé en 2008. Mais une rue de Santa Maria perpétue son souvenir. Il a même droit à une statue de belle facture près du ponton des pêcheurs pour qui il avait tant de respect.

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