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Brigitte Lahaie: «Le sexe était pour moi une aventure»

Autrefois star du X, Brigitte Lahaie est devenue animatrice radio, directrice de collection et rédactrice en chef. Interview d’une femme étonnante.

Temps de lecture: 4 min

Son nom fait fantasmer les uns et réconforte les autres. Brigitte Lahaie est cette star du X célèbre dans les années 70 et 80 avant de devenir une spécialiste très médiatique des questions de couple et de sexualité, directrice de collections aux éditions la musardine et rédactrice en chef du magazine A&S, Amour et sexualité, paru cet été.

On connaît votre parcours professionnel. Mais quelle est votre vie privée ?

Depuis 17 ans, je suis en couple avec un homme d’affaires, un ancien polytechnicien. Mon mari est toujours très amoureux. Il a toujours les mains baladeuses, ce qui est bon signe. Je n’ai pas d’enfant. Par choix.

Votre mari n’a jamais été jaloux de votre passé sulfureux ?

Non. Quand il m’a contactée, il ne savait pas qui j’étais ; il n’avait jamais regardé de films pornos. Au moment où il l’a appris, il a été surpris mais il est fier de ce que j’ai fait et de ce que je fais aujourd’hui. Moi-même j’ai toujours assumé mon passé. Il ne me pose pas problème.

Vous avez été star du cinéma X dans les années 70 et 80, une époque où celui-ci était plus alternatif que pornographique. Pourquoi un tel choix de vie ? Par contestation ?

Je viens d’une famille de la petite bourgeoisie. Mon père était employé de banque et ma mère représentante de commerce. Ma famille était très classique, catholique et plutôt coincée, mais elle m’a donné une bonne éducation et de bons repères. Et dans cette famille normale, j’ai quand même découvert que mon père collectionnait les livres érotiques et que, du côté maternel, il y avait une femme libertine… Mais je ne suis pas devenue actrice X par rebellion. Je trouvais cela fun. C’était naïf de ma part mais j’étais poussée par la curiosité. Le sexe était pour moi une aventure, comme peut l’être l’exploration du Pôle nord.

Le milieu de la pornographie est devenu très difficile, en particulier pour les actrices. Nombreuses sont celles qui se plaignent des violences subies et de la surenchère pornographique. Vous n’avez pas vécu cela ?

Absolument pas. Il y avait une bonne ambiance sur les plateaux. On s’amusait bien. Mais vous savez, on ne faisait pas grand-chose, on faisait ce que tout le monde fait dans la chambre à coucher. Tout a beaucoup changé dans ce domaine. J’ai d’ailleurs arrêté au moment où cela devenait difficile.

C’est l’évolution du milieu pornographique qui vous a poussé à mettre fin à cette carrière ?

Je sentais que cela commençait à me détruire. Vous savez, faire l’amour avec n’importe qui, n’importe quand et devant tout le monde, cela abîme.

Du porno vous êtes passée au cinéma classique. Vous avez tourné dans I… comme Icare de Henri Verneuil en 1979, dans Diva de Jean-Jacques Beineix en 1980, dans Pour la peau d’un flic en 1981 aux côtés d’Alain Delon… Peu d’hommes et de femmes réussissent ce passage. Est-ce votre charisme qui a permis cette évolution ?

Je ne peux pas dire que j’ai fait carrière au cinéma, j’ai eu des petits rôles. En fait c’est Jean Rollin qui m’a fait tourner au cinéma ; je l’avais connu quand il tournait des films X sous pseudonyme.

Forte de ces expériences personnelles, vous devenez presque naturellement animatrice radio spécialisée dans les problèmes de couple.

Je n’ai pas commencé tout de suite. J’ai arrêté de jouer en 1987 et je n’ai commencé à travailler sur les ondes de RMC (Radio Monte-Carlo) qu’en 2001. Pendant ces années, j’ai écrit et étudié la psychanalyse et la sexologie. Mais ce qui est étonnant, c’est que je gagnais alors en notoriété. J’étais fréquemment invitée sur les plateaux de télé alors que je ne tournais plus. On me considérait comme une femme libre qui parlait intelligemment de la sexualité. RMC m’a alors proposé de travailler. J’étais prête car j’avais appris à répondre aux questions via le Minitel et l’Audiotel et j’avais également une rubrique dans le magazine Ici Paris.

Vous avez aujourd’hui 62 ans. La sexualité est-elle toujours importante pour vous ?

Elle reste importante mais elle est différente, plus compliquée. Il faut s’y consacrer si on veut qu’elle se passe bien. Ce n’est pas mon cas, mais beaucoup de femmes sont tentées d’y renoncer en raison de la ménopause. Elles ne prennent plus soin d’elles, ne suivent pas de traitement. Il est important de rester sexuelle, de rester femme.

La sexualité, est-elle plus difficile pour la femme que pour l’homme ?

J’ai écouté les confidences de milliers d’auditeurs et je dirais que les femmes ont vite tendance à ne plus avoir envie de rapports sexuels. Elles ont plus de mal à sentir leur libido alors que les hommes grâce à la testostérone ont une pulsion sexuelle plus forte. Ils sont plus en relation avec leurs désirs.

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