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Au XVIe siècle, plus de 20% de la population des Canaries avaient des origines flamandes.

À l’époque, même les Liégeois étaient appelés Flamands !

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Si les îles Canaries ont incontestablement été colonisées, dès le milieu du XIVe siècle, par les Espagnols, le manque de main-d’œuvre sur place les a poussés à susciter la venue d’étrangers. Ils ont été aidés dans un premier temps par des Normands, allant jusqu’à offrir la couronne de l’île à un certain Jean de Bethancourt. Puis par des Génois et des Vénitiens, qui y développèrent le commerce. Et enfin par les Flamands, fuyant tantôt la famine, pour les classes laborieuses, mais surtout les persécutions religieuses. Ils furent, dit-on, plusieurs milliers à rejoindre, sur l’île de Palma, les familles Groenenberg (hispanisée en Monteverde), Van de Walle (devenue Vendabel) et Van Dale, pionnières et exploitantes d’impressionnants champs de cannes à sucre. Puis à se répandre sur l’ensemble de l’archipel. Tous n’étaient pas néerlandophones comme on l’entend aujourd’hui. À l’époque, on appelait « Flamands » tous les ressortissants des Pays-Bas méridionaux. En ce compris les Hainuyers, les Liégeois et les Brabançons. Ces derniers formaient d’ailleurs le contingent le plus important en raison de leur proximité avec le port d’Anvers. Entre 1556 et 1598, nous apprennent les archives des Canaries, pas moins de 60 % des négociants présents dans l’archipel avaient donc des origines dites « flamandes ». Et la colonie flamande dans son ensemble aurait représenté plus de 20 % de la population. On y trouvait de tout : des prêtres, des juristes, des viticulteurs, des tonneliers, des agriculteurs, des sabotiers, de multiples artisans et même un célèbre humaniste, Lieven van Ghentbrugge, ayant fui l’Inquisition, et qui va d’ailleurs y terminer ses jours. Les « Flamencos » vont créer des ports, des comptoirs à Las Palmas et à Santa Cruz. Ils vont surtout y développer la culture de la canne à sucre. Et exporter leurs productions. Dès 1563, l’Anversois Herman Van den Mannacker inaugure d’ailleurs, grâce à son « Zeewolf », un service régulier de navigation, facilitant les relations avec la terre natale. Ce service se maintiendra jusqu’à l’aube du XVIIIe siècle. Au fil des ans, toutefois, les sangs flamand et espagnol vont se mélanger. Et, en l’espace d’une génération, la culture flamande va se fondre dans la culture majoritaire. Mais aujourd’hui encore, à Las Palmas, on trouve des traces des familles patriciennes. La « calle van de Walle », par exemple, fait toujours la fierté des touristes flamands, nombreux à fréquenter l’île. On y admire toujours la « casa Monteverde », dont l’architecture ne fait aucun doute sur l’origine de ses propriétaires. Des lieux-dits, mais aussi le cratère d’un volcan ont également conservé des noms à connotation flamande. Quant aux églises et aux musées, ils exhibent toujours un certain nombre d’œuvres d’art flamandes du XVe siècle, prouvant, s’il le fallait encore, combien grandes furent la fortune et la générosité de ces émigrants.

Van De Walle 2

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