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« Partout les femmes sont insultées et traitées de salopes»

Bb Lona et Céline Lory sont les Bi(t)ches qui le temps d’une soirée cabaret chantent et défendent Un certain féminisme et leur droit au plaisir.

Temps de lecture: 4 min

Perruque flashy, yeux immenses (de biche) et bouche arrondie (de salopes), imper cintré et talons hauts, elles ressemblent à des poupées gonflables quand elles montent sur scène. Assurément Bb Lona et Céline Lory sont deux biches à moins qu’elles ne soient deux bi(t)ches, deux belles salopes qui assument l’ambiguïté de leur style et même la revendiquent. À peine posées sur l’estrade du Sazz’N Jazz par un mâle musclé, voilà nos deux artistes parties pour une heure trente d’un spectacle de cabaret chantant, dansant, militant, provocant et décapant qui mêle intimement féminisme et sexualité. À raison car l’histoire millénaire (et machiste) de l’humanité a toujours cherché à soumettre la femme en régissant son corps, son désir et son plaisir. Les Bi(t)ches n’ont peur de rien et ne mâchent pas leurs mots comme le montre cet extrait d’une chanson écrite par Bb Lona :

Sainte Simone Veille sur nous

Sur nos corps fatigués

Sur nos cons fécondés

De trop de livraisons

De désespoir debout

Quand tant de cons s’érigent

Contre des privilèges

Que l’on croyait acquis

bitch2
luc vertige

Vous ne craignez pas de vous appeler les bi(t)ches?

Non ! Pas de crainte de ce côté-là. Partout, au parlement, en rue et en privé, les femmes sont insultées et traitées de bitch, de salope. Même Simone Veil a été insultée de la sorte quand elle défendit le droit à l’avortement. La reine Marie Antoinette eut droit au même qualificatif car on lui reprochait sa liberté de moeurs. Pareil pour l’écrivain Georges Sand. Ces femmes font partie avec Virginie Despentes et l’auteure et chanteuse Lydia Lunch des « saintes salopes » auxquelles nous consacrons une de nos chansons.

Vous-même, vous vous êtes fait traitées de salope ?

Bien sûr, nous avons été insultées. Quoi qu’elles fassent, et dès qu’elles affirment une certaine liberté de meurs et de pensée, les femmes sont considérées comme telles. Nous défendons le terme de salope car il est un symbole de résistance et permet d’embrasser toutes les figures féminines qui dérangent un certain ordre patriarcal et archaïque. Nous parlons au nom des femmes libres qui assument leur sexualité et veulent jouir de la vie. Nous assumons donc ce terme de « Salope » et le revendiquons. Nous sommes des salopes et le revendiquons.

La femme épanouie assume son côté « madone » et « putain ». C’est ce qu’exprime le double sens du mot Bi(t)che entre biche et bitch ?

La biche est pour nous la femme jolie, policée, victime et la bitch est la femme rebelle celle qui dérange donc qu’on insulte. Il est vrai que les femmes doivent à la fois être de bonnes mères avec leurs enfants et des femmes libérées et expertes du sexe au lit.

Le sexe est-il pour vous un moyen de défendre le féminisme ?

Le féminisme s’est longtemps passé de sexe. Mais pour nous il s’agit d’un féminisme d’arrière-garde. Nous ne pouvons nous dissocier de notre sexe, de notre sexualité et nous revendiquons notre liberté sexuelle. Nous ne pouvons pas parler de féminisme sans aborder la question du sexe. La jouissance féminine a été trop longtemps tabou. Nous défendons un féminisme pro-sexe qui ne rejette pas les hommes et défend la sexualité des femmes. Nous ne sommes pas opposées aux hommes. Nous aimons les hommes et les « sweet hommes » comme nous le chantons.

Les hommes sensibles aux combats féministes et à l’égalité des sexes peuvent être déconcertés au lit et ne plus savoir comment assumer leur agressivité phallique, leur virilité.

Le féminisme a libéré les hommes de leur poids de mâle dominant mais il est vrai qu’ils peuvent avoir peur de se montrer être virils au lit. Il n’est pas facile de ne pas confondre le comportement social et le comportement sexuel. Mais pour les femmes aussi c’est compliqué d’assumer les différentes facettes de la femme.

La revue des Bi(t)ches a lieu tous les premiers jeudis du mois à 20h30 au Sazz’NJazz, Bd Bischoffsheim 38B à Bruxelles. Tél 04 75 78 23 78. La porchaine se tient le 5 octobre et la suivante, du 2 novembre, verra la présence de la performeuse Professeure Postérieure.

Elles sont également programmées dans le cadre du festival "Bruxelles sur scène" qui se tient du 1 au 26 novembre https://visit.brussels/fr/tag/cafe-theatre

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