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L’Hôpital Notre-Dame à la Rose: une visite médicale qui s’impose

Classé patrimoine exceptionnel de Wallonie, l’hôtel-Dieu de Lessines, récemment réaménagé, retrace l’évolution des soins de santé depuis le Moyen Âge.

Temps de lecture: 4 min

On pensait autrefois que l’état du corps reflétait celui de l’âme. Il était donc traditionnel de dédier un même lieu au culte de l’esprit et aux soins de la santé. L’Hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines fut de ceux-là, qui ajoutait une dimension particulière à sa destination, celle de soigner les plus pauvres d’entre les malades. C’est Alix de Rosoit, veuve d’Arnould IV d’Audenaerde, seigneur de Lessines et grand bailli de Flandre, qui, en 1242, fonda cet édifice à vocation sociale. Et, aussi incroyable que cela paraisse, l’institution a pu jouer son rôle jusqu’en… 1980, grâce à la présence ininterrompue de la communauté des religieuses augustines.

Depuis le début, fortes de la parole d’Évangile : « Tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites », les religieuses qui soignaient les miséreux ont ainsi reconnu en chacun d’eux le Christ souffrant. Elles vivaient sous les ordres de la "Dame prieure" (la mère supérieure de la communauté) qui gérait l’hospice, recevait les familles des malades et tenait le livre des comptes. À la Révolution française cependant, ces tâches administratives furent dévolues à la Commission administrative des Hospices civils. Lorsqu’il fut ouvert au public, à la fin du siècle passé, l’hôpital se révéla un endroit magnifique, empreint d’histoire et de quiétude, pourvu d’une architecture raffinée, d’innombrables œuvres d’art et d’une collection d’instruments médicaux particulièrement… impressionnante.

Avec ses plafonds hauts et ses petits seaux cuivrés destinés à y brûler des plantes aromatiques, la1 Salle des malades, construite en 1713, devait offrir un maximum d’air vital aux malades.
Avec ses plafonds hauts et ses petits seaux cuivrés destinés à y brûler des plantes aromatiques, la1 Salle des malades, construite en 1713, devait offrir un maximum d’air vital aux malades.

L’hôpital est devenu musée

Le bâtiment initial de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose, qui fut bâti en forme de "L" en 1242, longe la rive gauche de la Dendre. À part un morceau de muraille et quelques pieux en chêne, il ne subsiste plus rien de cette période : les bâtiments qui s’offrent au regard aujourd’hui datent en effet des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, au cours desquels la propriété s’étendra sur plus de 500 hectares. L’hôpital devint alors un quadrilatère entourant un jardin intérieur, autour duquel s’organisent à la fois la vie conventuelle des religieuses et leurs tâches hospitalières. L’idée du cloître, classique dans les couvents et monastères de l’époque, intègre bien la double vocation de l’hôtel-Dieu. Sa particularité est d’être entouré de galeries à arcades fermées par des vitraux. L’ensemble des bâtiments, conçus dans un style gothique tardif, s’imprégnera par la suite du style Renaissance flamande et même du baroque.

Rien d’étonnant donc si l’Hôpital Notre-Dame à la Rose fut élevé, dès 1940, au rang de joyau du patrimoine wallon. On ne peut que recommander la visite de ce désormais musée, qui se décline en plusieurs espaces de vie d’où semble parvenir encore le son feutré du pas des augustines. À l’extérieur, la ferme, les jardins, la glacière et le cimetière. À l’intérieur, on découvre une vingtaine de salles nouvellement aménagées, dont la salle des malades, qui n’est pas sans rappeler celle des Hospices de Beaune, mais aussi les pharmacies, dont une d’époque Empire, récemment acquise, l’infirmerie des religieuses, leurs chambrettes, la chapelle, la salle des visiteurs et des pèlerins étrangers, le cabinet de la dame prieure, la bibliothèque et surtout le réfectoire entouré de l’une des plus belles collections d’Europe de tableaux illustrant la vie et la Passion du Christ. Enfin, l’Hôpital Notre-Dame à la Rose recèle une fascinante collection d’objets, d’ouvrages de recettes thérapeutiques et d’instruments médicaux à travers lesquels s’est écrite l’histoire de la médecine.

Récemment acquise, la pharmacie Premier Empire en poirier noirci (env. 1810) présente une collection de “show globes” particulièrement chatoyante.
Récemment acquise, la pharmacie Premier Empire en poirier noirci (env. 1810) présente une collection de “show globes” particulièrement chatoyante.

Entre dévotion et dévouement

Les religieuses de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose, auquel l’évêque de Cambrai Guy de Laon conféra ses premiers statuts en juillet 1247, vivaient sous la règle de saint Augustin, caractérisée par sa souplesse et son sens de la charité. Dans les statuts, que compléta Nicolas de Fontaines en 1261, étaient consignés : les horaires des repas, l’accueil des indigents et des malades, la tenue des religieuses, l’instruction des novices, les possibilités de sortie et la liste des fautes et punitions. La journée commençait à 5 heures par un moment de méditation à la chapelle. Les religieuses servaient ensuite le petit déjeuner aux malades avant de se rendre à la messe à 6 heures. Elles s’occupent tout au long de la journée des soins aux malades, de la préparation de leurs repas, des lessives et du jardinage. Elles prennent leurs repas en silence et se rendent aux vêpres à 14 heures. Les malades reçoivent le repas du soir à 17 heures, et à 20h30, les religieuses se réunissent pour prier et s’avouer leurs fautes mutuellement. L’extinction des feux se fait à 21 heures, sauf pour deux d’entre elles qui devront veiller les patients pendant toute la nuit.

Parmi les remèdes que l’on administrait autrefois aux malades figurait l’Helkiase, un antiseptique cicatrisant mis au point en 1897 par Marie-Rose Carouy, la prieure de l’Hôpital à la Rose.
Parmi les remèdes que l’on administrait autrefois aux malades figurait l’Helkiase, un antiseptique cicatrisant mis au point en 1897 par Marie-Rose Carouy, la prieure de l’Hôpital à la Rose.

Lire: “Les 100 merveilles de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose”, éd. Avant-propos, 157 p., 24,95 euros.

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