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Pourquoi le photographe du National Geographic n’a rien pu faire pour l’ours polaire squelettique

Cristina Mittermeier, l’une des photograhes du National Geographic présente au Canada pour observer l’ours polaire affamé, s’est expliquée.

Temps de lecture: 3 min

Le 5 décembre dernier, le National Geographic a publié une vidéo bouleversante, qui a désormais fait le tour du monde et sert aujourd’hui de leitmotiv pour combattre le changement climatique. Dans cet extrait, on peut y observer un ours polaire squelettique et affamé sur l’île de Baffin au Canada.

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Cristina Mittermeier, co-fondatrice de SeaLegacy, une association de protection des océans, est l’une des photographes du National Geographic, présente au moment où Paul Nicklen a pu saisir cet instant. Elle a expliqué, à travers son média, les raisons pour lesquelles ils n’avaient rien pu faire pour l’animal.

« Il n’y a rien de pire pour quelqu’un qui aime la vie sauvage et la nature que d’être témoin de la souffrance d’un animal. C’est pourquoi photographier la détresse de cet ours polaire, sans pouvoir lui venir en aide, était si dur.

Ses muscles affaiblis, atrophiés par la faim, le portaient très difficilement. Même si je l’avais nourri avec toutes les noix que j’avais dans mon sac, il était évident que sans la banquise grâce à laquelle il pouvait accéder aux populations de phoques, ses perspectives de survie étaient très minces.

Tandis qu’il se dirigeait très péniblement vers le camp de pêcheurs abandonné depuis lequel nous l’observions et qu’il se nourrissait de déchets, je ne faisais que regretter de ne rien avoir de plus à lui donner à manger. Il mâchait la mousse d’un siège de motoneige qu’il avait trouvé dans une poubelle. J’ai lutté contre l’élan de colère et de tristesse que j’ai ressenti à la vue de ce majestueux animal réduit à faire les poubelles.

Certains nous ont critiqué de n’avoir pas fait plus pour aider cet ours, mais nous étions bien trop loin de n’importe quel village pour demander de l’aide et nous approcher d’un prédateur affamé, sans aucune arme, aurait été complètement inconscient.

Au final, j’ai fait la seule chose en mon pouvoir : j’ai pris mon appareil photo pour m’assurer que nous pourrions partager cette tragédie avec le monde entier.

Bien que je ne puisse pas affirmer avec certitude que cet ours était affamé à cause du changement climatique, je suis en tout cas certaine que les ours polaires dépendent de la formation de la banquise sur laquelle ils chassent. Le réchauffement rapide de l’Arctique signifie que la banquise disparaît sur des périodes de plus en plus longues chaque année.

Ce phénomène cantonne beaucoup les ours aux terres où ils ne peuvent chasser leurs proies, principalement des phoques, des morses et des baleines ; ce qui les amène à mourir de faim.

Je sais que que ces images sont très perturbantes et difficiles à regarder, mais nous en sommes arrivés à un stade dans l’histoire de notre planète où nous ne pouvons plus nous permettre de détourner le regard. Nous devons prendre conscience de la menace qu’est le changement climatique, et nous devons nous faire entendre sur la nécessité de réduire les émissions carbone.

Je prends sur moi pour ne pas être blessée et attristée par la vague de commentaires négatifs qu’a générée cette histoire. Je me concentre surtout sur les milliers de réactions positives que nous avons reçues. Nous connaissons les solutions au changement climatique et bien d’autres peuvent encore être trouvées dans nos décisions quotidiennes, petites ou grandes. »

Quoi que l’on puisse en dire, Cristina Mittermeier et Paul Nicklen ont, d’une certaine manière, aidé cet ours en partageant leurs photos, permettant de cette manière une prise de conscience collective.

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