Petits conseils de séduction pour la Saint-Valentin

Le mot a longtemps eu mauvaise réputation charriant des effluves sulfureuses de manipulation et de corruption. Et en ces temps de guerres des sexes et des féminismes, la résonnance est plus sombre encore. Le dictionnaire confirme cette mauvaise impression qui définit la séduction comme «le fait de séduire quelqu’un, de l’attirer irrésistiblement, de le charmer par un pouvoir plus ou moins indéfinissable» et d’évoquer immédiatement le pouvoir de séduction de l’argent, etc. La séduction a longtemps été assimilée à une forme de tentation, une invitation à commettre un péché, sexuel de surcroît! Pourtant la séduction est essentielle dans la vie. Comme l’explique le sexologue français, le dr François Parpaix, elle est plus simplement une habileté relationnelle qui permet d’augmenter ses chances de réaliser son rêve amoureux.

Vous présentez la séduction comme «l’art d’amener l’autre dans son propre besoin amoureux et ou sexuel en se rendant désirable à ses yeux». N’est-ce pas de la manipulation?

C’est une manipulation positive ! Ne retombons pas dans le travers d’avant le XVIIe siècle où le mot séduction était assimilé au mal. Rares sont ceux qui peuvent s’en dispenser. Mais la chance de ceux qui ne sont pas gâtés par la nature, c’est de devoir développer un vrai talent de séduction pour plaire.

La séduction s’apprend-elle?

Pour une partie, elle s’apprend. On sait tous plus ou moins séduire comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir. La survie de l’espèce humaine a eu lieu par le biais d’une attirance entre hommes et femmes, starter d’une démarche de séduction. Certaines espèces animales ne lésinent pas sur les moyens sauf que chez eux, elle est programmée. Chez nous, elle est culturelle et passe par l’expérience et la modélisation dès l’enfance.

Pratiquement, que faut-il faire pour séduire l’autre?

Il faut d’abord être attiré ou se laisser séduire, puis avoir confiance en soi pour oser. Reste à choisir le bon moment et à se rendre lisible dans son désir amoureux et sexuel, adopter la bonne stratégie par une bonne connaissance de l’autre avant d’y mettre une charge émotionnelle sincère et authentique. Il faut aussi oser être sensuel en se posant dans sa masculinité ou sa féminité.

L’apparence physique ne rend-elle pas la séduction plus difficile pour certaines personnes? Comment séduire quand on n’a pas confiance en soi et quand on se sent disgracieux?

Il y a aujourd’hui un terrorisme des stéréotypes de la beauté. Bien sûr elle est un atout mais elle peut se retourner contre nous. À force de jouer sur la facilité, on n’apprend pas à séduire comme on confond beauté et sensualité. La nature nous a tous dotés, sans exception, de la capacité à plaire même si plus on accumule les handicaps, plus c’est difficile. En fait, notre principal ennemi, c’est la perception négative que nous avons de nous-même qui nous empêche d’oser.

Que conseillez-vous pour la première rencontre?

Osez! Vous n’avez rien à perdre mais tout à gagner. Il n’y a aucune honte à essuyer un refus. Dépassez vos peurs et n’oubliez pas que qui ne tente rien, n’a rien. Assurez-vous que vous avez fait les choses correctement. Le non-verbal est roi lors d’une première rencontre. À ce propos, il est amusant de constater que 90% des hommes croient initier la première rencontre alors que ce sont les femmes qui le font grâce aux signaux non verbaux, un mouvement des cheveux, un sourire… Les regards appuyés valident ce que l’humour a déclenché. Osez votre masculinité ou votre féminité. Sachez aussi renoncer et ne pas insister lourdement pour ne pas être accusé de harcèlement.

Séduire pour un homme ou pour une femme, est-ce la même chose?

Pour ce qui est de faire rêver l’autre et de créer de l’émotion, oui ! Les règles sont communes. Sur le fond, chacun a son histoire affective et la perception qu’il a de lui ou d’elle. Combien de femmes disent en consultation: «J’aimerais tellement que mon homme soit un peu plus viril avec moi!». Comme les hommes se plaignent que leur partenaire ne sont plus aussi douces, accueillantes et sensuelles qu’au début.

Faut-il encore se séduire après 10-20-30 ans de vie commune?

Plus que jamais. L’erreur est justement de croire qu’une fois la bague au doigt passée, le « oui » prononcé, c’est gagné. En fait, un couple est à reconquérir chaque jour comme on entretient sa forme, son entreprise, son jardin... La phase d’élan amoureux passée, le principe de réalité s’impose avec ses désillusions en plus d’une usure, de la routine. C’est un beau défi que de se dire: «Qu’ai-je fait aujourd’hui pour la faire rire, l’aider, l’écouter, lui donner envie de moi?»

Quel est le secret de la longévité des couples?

Ce qui nous avait attiré il y a des années a forcément évolué et changé. Je conseillerais aux couples, parmi tout ce qui les accapare - les enfants, le travail, le sport, la famille, internet, etc. - de se fabriquer de vrais moments d’intimité de couple. Sinon, je recommanderais de décliner une intimité tendresse, érotique, une communication empathique sans oublier une complicité et une reconnaissance mutuelle de ce que chacun apporte dans les tâches quotidiennes d’une vie de couple. « Tendre vers » suffit largement, ne serait-ce qu’une fois par jour, une minute!

Dr F. Parpaix a écrit « Pour être de meilleurs amants » publié aux éditions Robert Laffont.