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Transplantation: 1.300 Belges en attente !

Le 14 octobre, vous pourrez vous déclarer donneur d’organes dans les bureaux de vote de Wallonie, empêchant ainsi que votre famille ne s’oppose à votre volonté. On cherche surtout des reins.

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Profitant de la convocation de l’ensemble des citoyens pour les élections communales, le 14 octobre prochain, les autorités wallonnes proposeront une démarche supplémentaire ce jour-là : s’inscrire comme donneur volontaire d’organes. Concrètement, dans tous les bureaux de vote de Wallonie, vous pourrez remplir un document qui permettra de vous signaler, sur le Registre national de la population, comme donneur volontaire. Dans les autres Régions, Flandre et Bruxelles, pas d’action prévue dans les bureaux de vote ce 14 octobre mais vous pouvez déjà effectuer la même démarche en vous rendant directement auprès de votre administration communale. À quoi cela sert-il, alors que la loi belge prévoit déjà que chaque citoyen est considéré comme donneur d’organes potentiel après son décès, sauf s’il s’y est opposé explicitement de son vivant ? En pratique, les médecins ne prélèvent jamais un organe sur une personne décédée sans en informer la famille et obtenir son consentement lorsque cette personne n’a pas marqué sa volonté explicite d’être donneur.

En clair, les proches peuvent alors refuser un prélèvement. Et cela arrive souvent. En 2017, selon les données de la section belge des coordinateurs de transplantation, 14,2 % des donneurs potentiels n’ont pas été prélevés uniquement parce que la famille s’y est opposée. Le chiffre atteignait encore 25 % au début des années 1990, mais il reste toujours trop élevé en comparaison du nombre de malades en attente d’une greffe. « À ce jour, près de 1.300 personnes sont toujours en attente d’une transplantation ! Il s’agit là d’une situation qui mérite que l’on s’y intéresse, tout en laissant, bien sûr, la liberté de choix aux citoyens », explique Valérie De Bue (MR), ministre wallonne des Pouvoirs locaux, qui organise la campagne du 14 octobre. « Les élections constituent un événement qui mobilise en masse. Organiser ce jour-là une campagne de sensibilisation permettra de toucher un maximum de personnes », dit-elle.

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Il n’y a pas d’âge pour donner

« Il est important que les personnes marquent leur accord pour donner, cela pour éviter tout problème avec la famille au moment venu », témoigne Marie-Hélène Delbouille, infirmière, coordinatrice de transplantation au CHU de Liège. « Si vous êtes convaincu, faites la démarche ! », dit-elle. Dans le futur, une nouvelle loi devrait permettre d’améliorer encore ce consentement volontaire, que l’on pourrait communiquer plus simplement à son médecin traitant ou par voie électronique. « Important à signaler : la mention dans le Registre national n’est connue que des coordinateurs de transplantation, pas des médecins. Pour éviter que les personnes pensent que l’on puisse un jour ne pas les soigner jusqu’au bout parce qu’elles sont donneuses… », ajoute Mme Delbouille.

Bon à savoir : contrairement à une idée reçue, les donneurs ne sont pas forcément des personnes jeunes. En 2017, la grande majorité des donneurs avaient ainsi plus de 40 ans. Et on peut même donner à un âge très avancé. L’an passé, le record a été atteint par une personne décédée à 89 ans et qui a donné son foie. Les autres donneurs les plus âgés en 2017 : une personne de 68 ans a donné son cœur, une de 81 ans un poumon, une de 81 ans son rein et une de 50 ans son pancréas.

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Il manque 900 reins

En 2017, le nombre de Belges qui ont donné au moins un organe après leur décès s’élevait à 348. C’est 8,4 % de plus qu’en 2016, explique la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block. On ne parle pas ici des personnes qui donnent de leur vivant (elles étaient 99 en 2017). Le nombre de transplantations dans notre pays s’élevait la même année à 1.051, contre 1.016 en 2016. « Avec ces chiffres, la Belgique fait partie des meilleurs élèves d’Eurotransplant, le réseau qui regroupe huit pays européens coopérant dans le domaine du don et de la transplantation d’organes », ajoute Mme De Block. Mais ce nombre de donneurs reste encore trop faible pour faire face à la demande. Que cherche-t-on ? Sur les 1.300 personnes sur la liste d’attente des transplantations, 900 environ cherchent un rein, et les 400 autres demandent un cœur, un foie, un pancréas ou un poumon. Dans de rares cas, on transplante également des intestins. À côté des organes, les médecins recherchent aussi des tissus, de la cornée ou même des os. « Pour soigner des pathologies cancéreuses, notamment, on peut greffer des os, comme un fémur entier. Les fragments d’os permettent aussi de fabriquer de la poudre d’os utilisée quotidiennement en chirurgie orthopédique », explique Mme Delbouille, du CHU liégeois. La vie ne s’arrête pas, même après sa propre mort !

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En France, un homme aux 3 visages

Jérôme Hamon, un Français de 41 ans, est sans doute le seul homme à avoir eu trois visages différents au cours de sa vie. Atteint de neurofibromatose, une maladie génétique qui lui déforme la face, le Breton a été opéré une première fois en 2010 à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Il a reçu le visage d’un homme d’une quarantaine d’années. La greffe avait réussi mais, en 2015, un médecin mal informé a prescrit des antibiotiques à Jérôme Hamon qui souffrait alors d’un banal rhume. C’est le début des ennuis, le visage se dégrade. Une nouvelle greffe doit être envisagée. En janvier 2018, un donneur est trouvé. L’opération, par le professeur Lantieri, photo ci-dessus, de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, a duré 22 heures. Jérôme se retrouve aujourd’hui avec le visage d’un jeune homme de 22 ans. « C’est amusant, on me dit que j’ai rajeuni », plaisante l’homme aux trois visages, interrogé la semaine dernière par « Le Parisien ». Dans le monde, 44 greffes de visage ont été réalisées à ce jour. Y compris en Belgique. La première transplantation belge de visage a été réalisée en 2012, à l’hôpital universitaire de Gand. Un homme au visage sévèrement mutilé avait reçu le visage d’un donneur. L’opération, alors la 19e du genre au monde, avait été un succès. Pourrait-on prélever le visage d’un donneur en Belgique sans en informer la famille ? « C’est inconcevable », nous explique Marie-Hélène Delbouille, du CHU de Liège. « Même si vous êtes donneur et que l’on cherche un visage, votre famille sera mise au courant et son consentement explicite sera demandé ». Il en serait de même en cas de greffe d’une main complète par exemple, qui est également techniquement possible et qui a déjà été réalisée en Belgique.

© Belgaimage.
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