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Jean-Baptiste Bernadotte, le soldat devenu roi

Singulier destin que celui de ce petit général républicain sacré roi de Suède. Il coiffe la couronne en 1818, et reste le lointain aïeul de la dynastie régnante.

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En ce 11 mai 1818, l’effervescence qui, depuis le mois de février, s’est emparée de Stockholm – mois de l’élection de Jean-Baptiste Bernadotte comme roi de Suède – fait place à l’éblouissement. Rarement, sur le trône de Suède, un souverain n’a paru aussi fringant. Sous les voûtes de l’immense cathédrale, d’une main tremblante, l’archevêque Lindblom tend la couronne des Vasa au-dessus de la tête du nouveau monarque. Viennent ensuite le sceptre, le globe et la clef. C’est maintenant officiel. Sous les yeux de Dieu et des Hommes, le vieux royaume de Suède a un nouveau monarque : Charles XIV Jean. Âgé de 55 ans, le successeur de Charles XIII – et c’est une première ! – n’a aucune goutte de sang bleu dans les veines ! Ni même de sang suédois ! Bientôt, il va créer une dynastie, révolutionner la Suède et la Norvège. Mais qui est vraiment Jean-Baptiste Bernadotte ? Difficile, en quelques lignes, de résumer une si longue et si extraordinaire carrière. Il est né le 26 janvier 1763 dans le Béarn. Il est donc Français. Son grand-père était tailleur ; son père, procureur du sénéchal de Pau.

À 17 ans, il intègre un régiment de marine et reçoit, très tôt, le nom de sergent « Belle-Jambe », référence à sa silhouette, gracile, et à ses nombreux succès féminins. La Révolution va lui permettre de démontrer sa bravoure et un incroyable talent d’orateur, des qualités qui, bientôt, vont lui offrir une ascension fulgurante. À partir de juillet 1792, le lieutenant Bernadotte est sur tous les fronts. Devenu général de division, il est chargé de conduire 20.000 hommes de l’armée Sambre-et-Meuse à Bonaparte en pleine campagne d’Italie. Pour « services rendus », l’Empereur le nomme gouverneur de Hanovre, lui offre le titre de maréchal en 1804 et, deux ans plus tard, la principauté de Ponte-Corvo. En août 1798, le soldat devenu prince a épousé la belle Désirée Clary, éphémère fiancée de Napoléon qui lui a préféré Joséphine.

On pourrait croire l’amitié entre les deux hommes parfaite. Il n’en est pourtant rien. L’Empereur n’apprécie guère Bernadotte : « La vanité de cet homme est si excessive… » , écrit-il à son ministre de la Guerre, en 1809. « Je ne me fie d’aucune manière à lui. » Il a raison de se méfier, l’Empereur des Français. Il est dévoré d’ambition et plus rien ne va arrêter sa course effrénée vers les plus hautes sphères. En 1810, en panne d’héritier, c’est vers lui que se tourne le Parlement suédois pour reprendre la succession de Charles III, 60 ans, souffrant et sans enfants. Bien sûr, plusieurs candidats sont approchés, mais les talents d’orateur de Jean-Baptiste, déjà connu et fort apprécié par les Suédois depuis qu’il avait aimablement traité leurs prisonniers lors de la prise de Lübeck, en novembre 1806, lui font bientôt rafler tous les suffrages. Il coiffe la couronne huit ans plus tard. Durant 26 ans, il ne va avoir de cesse de faire grandir, d’ouvrir, d’élever son royaume. Quitte à oublier la patrie qui l’a vu naître. Et à tourner le dos, définitivement, aux alliés d’hier. Il s’éteint le 8 mars 1844. Avec la satisfaction du devoir accompli.

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