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Himmler a mené sa propre quête du Graal

Le bras droit de Hitler était fasciné par les sciences occultes et les grands mythes.

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Heinrich Himmler, l’exécuteur des basses œuvres de Hitler, était littéralement fasciné par les sciences occultes, les questions ésotériques et mythologiques. En marge de son sinistre travail, il mena une véritable quête du Graal avec l’aide d’un jeune écrivain allemand, Otto Rahn. Le Reichsführer-SS, chef suprême de la SS et de toutes les polices allemandes dont la Gestapo, grand organisateur du système concentrationnaire nazi puis architecte de la « solution finale », développa très tôt dans sa vie et sa carrière un goût pour les « antiquités germaniques » et l’occulte, intimement mêlés selon lui à ses convictions nationalistes et antisémites. La quête du Graal, le plus important mythe de la civilisation médiévale, ne pouvait que le fasciner.

Chrétien de Troyes est le premier écrivain à évoquer le mystérieux objet et le rattache à la légende du roi Arthur. Vers 1180 après JC, sous le mécénat du comte de Flandre, Philippe d’Alsace, Chrétien rédige son ultime et plus important ouvrage, « Perceval ou le conte du Graal ». Une œuvre inachevée dans laquelle il relate les aventures mouvementées et amoureuses d’un jeune chevalier, Perceval le Gallois, en inventant par là même le genre du « roman ». Chrétien de Troyes décrit la rencontre avec le Roi Pêcheur qui fait don au jeune chevalier d’une épée extraordinaire, mais aussi le passage, lors du dîner, d’un étrange cortège, celui d’une coupe et d’une lance qui saigne. Perceval ne pose aucune question. C’est dommage car c’est en le faisant qu’il aurait sauvé et guéri le Roi Pêcheur…

Après Chrétien de Troyes, le poète Robert de Boron évoque à son tour le Graal en lui donnant cette fois une connotation directement biblique. Le Saint Graal, c’est avec cette coupe que, le soir de la Cène, Jésus institua l’Eucharistie. Et le même récipient qu’utilisa Joseph d’Arimathie pour recueillir le sang du Christ moribond à sa descente de croix, s’écoulant par sa blessure au flanc. Pendant sa crucifixion, le soldat romain Longinus lui avait en effet percé le flanc de sa lance. Ce calice est censé offrir l’immortalité à quiconque en fait usage pour autant qu’il ait le cœur pur. Ce graal n’est pas sans rappeler le chaudron d’abondance et d’immortalité évoqué dans les croyances celtiques… Le mythe sera repris par des auteurs allemands faisant de sa quête la principale mission des chevaliers de la Table ronde. Un thème magnifié par Richard Wagner dans son opéra « Parsifal ». La possession de cet objet mythique offrirait, quoi qu’il en soit, gloire et puissance, soit un immense pouvoir à son bénéficiaire. Par exemple… le IIIe Reich ! Ce qui expliquerait le vif intérêt du ministre de l’Intérieur du Reich pour cette quête mythique.

30 années de recherche

Dans son ouvrage, Arnaud de la Croix, philosophe et historien belge, nous entraîne dans une enquête palpitante sur la question, fruit de 30 années de recherches. Il fait aussi le point sur la disparition mystérieuse d’Otto Rahn, l’écrivain qui devint le protégé de Himmler et son spécialiste du Graal. Les idées de Rahn fascinent Himmler, qui lui fait rencontrer en 1935 un certain Karl Maria Wiligut, qui s’avère être le véritable gourou de la SS. Devenu nazi à son tour, Rahn poursuit ses recherches et sa quête au sein de l’Ordre Noir, sous la protection personnelle de Himmler, avant de mystérieusement disparaître en 1939. Ce qui ne détourne pas Himmler de l’objet de sa quête. En vain… Himmler n’a pas eu la vie éternelle, mais au contraire dut se suicider en croquant une capsule de cyanure lorsque, pendant sa fuite après la capitulation allemande, il fut reconnu par des soldats britanniques…

« Himmler et le Graal. La vérité sur l’affaire Otto Rahn », par Arnaud de la Croix, éd. Racine, 144 p., 19,90 euros.

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