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Simuler le plaisir: stop ou encore ?

Et si faire semblant d’avoir du plaisir au lit avait certains avantages ?

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Le verbe a mauvaise presse ; simuler nous dit le Larousse, c’est « imiter un état, un sentiment, les feindre, le plus souvent en vue de tromper. » Au lit, simuler équivaudrait à feindre le plaisir pour tromper son partenaire. On trompe l’autre. On est dans l’imposture et l’hypocrisie. On fait semblant parce qu’on ne peut atteindre l’orgasme, impératif absolu de toute personne épanouie. On simule le plaisir plutôt que de le vivre. La simulation serait une mystification de la jouissance plutôt fréquente: quelque 50% des femmes reconnaissent avoir simulé mais elles ne sont pas seules, puisque plus ou moins 25 - 30 % des hommes font le même aveu.

La condamnation du « faked orgasm » est assurément trop rapide car feindre le plaisir est une attitude aussi humaine que complexe. On peut simuler pour faire plaisir à son partenaire et lui faire comprendre qu’on aime faire l’amour avec lui ou avec elle, même si la jouissance n’est pas au rendez-vous. Faire l’amour est une rencontre avec l’autre et non un affrontement où chacun utilise le corps de l’autre pour arriver à sa propre jouissance. La simulation devient alors le dit Silivia Lippi dans « Questions sur la simulation », une forme d’ouverture à l’autre et à sa jouissance. Et la psychologue d’expliquer encore que la simulation féminine peut développer un sentiment de toute-puissance : « en simulant, une femme veut prendre la position de femme idéale, forte de sa capacité de faire jouir l’autre. La jouissance qu’elle en tire est symptomatique. »

On peut aussi simuler – toujours du point de vue féminin - pour faire monter l’excitation de son conjoint et dieu sait si celle-ci est portée par le plaisir de la femme. Combien d’hommes ne confient-ils pas que ce qui les excite le plus, c’est l’embrasement de leur partenaire.

Mais au-delà de ces motivations aussi psys qu’altruistes, simuler a un avantage cette fois très pratique et physiologique : la simulation fait monter l’excitation et facilite la jouissance. En imitant et amplifiant les manifestations du plaisir, en gémissant et respirant de manière rapide et en bougeant son bassin, on booste l’excitation et peut arriver à l’orgasme. Simuler aide ainsi les jouissances féminines et masculines.

Et puis le plaisir est une notion tellement complexe qu’on ne peut le réduire à la décharge de l’orgasme. On peut éprouver un plaisir infini même si on n’atteint pas le pic de jouissance physiologique. Tout comme on peut jouir physiquement sans se sentir bien psychiquement.

Mais on reconnaît aussi qu’envisager si positivement la simulation ne rend pas compte de toutes les motivations. On peut aussi simuler parce qu’on n’aime pas faire l’amour et qu’on désire écourter la séance. Parce qu’on n’est pas dans la rencontre et qu’on se sent mal à l’aise. On peut feindre la jouissance parce qu’on a peur de perdre l’autre s’il se rend compte qu’on ne jouit pas, parce qu’on veut flatter et lui faire croire qu’il est le meilleur amant ou la meilleure des amantes et peut-être le manipuler. On peut faire semblant parce qu’on ignore tout du plaisir et du lâcher prise essentiel à l’orgasme. Assurément les choses sont complexes .

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