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Sexe au bureau : le bon plan ?

Les rapports amoureux au boulot peuvent prendre mille visages, de l’abus de pouvoir aux jeux érotiques consentis. Le livre « L’amour au bureau » évoque cette promiscuité professionnelle et sexuelle. Interview de l’auteur Rodolphe Fouano.

Temps de lecture: 5 min

En ces temps salutaires de dénonciation des harcèlements sexuels au travail – une femme sur 5 serait concernée selon une enquête française - , pas facile de parler des effluves du désir, des relations torrides ou des histoires amoureuses qui naissent dans le cadre professionnel. Pourtant le sexe au bureau est une réalité. Il peut prendre mille formes : des attentions romantiques au détestable harcèlement, en passant par les compliments lourds, les jeux du chat et de la souris, les déclarations impromptues… Tout comme il peut avoir mille explications : le démon de midi, le baroud d’honneur avant la retraite, le plaisir du jeu, le bizutage, le plaisir du pouvoir, l’exploitation de la naïveté et bien sûr le coup de foudre et l’amour avec un grand A. Un Français sur 4 déclare être tombé amoureux d’un(e) collègue et selon Rodolphe Fouano qui signe aujourd’hui « L’amour au bureau : le vivre et le gérer… ou pas » , entre 25 et 38% des personnes ont rencontré leur partenaire amoureux sur leur lieu de travail. Et quoi de plus logique, nous passons tant d’heures au bureau, bien plus qu’à la maison et nous y croisons nombre d’hommes et de femmes avec qui des affinités peuvent se créer et ont le temps de se développer. On découvre la réalité de ces liens dans l’ouvrage du journaliste français, « L’amour au bureau ». Il y donne la parole à une petite vingtaine de personnes qui sans tabou aucun, parlent de leurs expériences sexuelles et professionnelles. Certaines confidences sont étonnantes, émouvantes même, quand d’autres sont dérangeantes, mais toutes disent la réalité des rencontres érotiques et amoureuses qui peuvent se produire au bureau, à l’école, à l’hôpital...

Vous ne craignez pas que votre ouvrage soit mal reçu ? Certains chapitres peuvent choquer comme celui de ce chef d’entreprise qui a carrément mis la sexualité au cœur de son entreprise et n’embauche que les femmes qui sont prêtes à coucher et saute toutes les stagiaires.

Guillaume,– c’est un prénom d’emprunt bien sûr - m’a en effet raconté comment le sexe a ponctué la marche de sa société. Il n’engage que des femmes sur des critères érotiques mais n’a jamais obligé personne à faire l’amour avec lui. Cependant il reconnaît que ces comportements ne sont plus possibles depuis l’affaire Weinstein. Comme beaucoup d’hommes, il a peur d’une dénonciation, fût-elle calomnieuse. Aussi réunit-il désormais des preuves matérielles du consentement de ses partenaires. Il réalise à leur insu des photos intimes et des enregistrements qu’il pourrait produire en cas d’accusation. Pourquoi taire de tels témoignages qui tous sont authentiques ? Je pense qu’il faut au contraire libérer la parole. De plus il n’y a pas que les hommes qui peuvent être des prédateurs sexuels. Les femmes ont elles aussi parfois des comportements inappropriés. Lors d’entretien d’embauche, certaines posent des questions sexuellement orientées de nature à déstabiliser les candidats… La liberté sexuelle des femmes est bien plus grande qu’on ne se l’imagine. L’enquête réalisée pour mon précédent ouvrage « La tentation libertine » m’avait déjà permis de le vérifier.

Comment avez-vous choisi vos témoins ?

Je voulais que ce recueil propose un panel représentatif de la société à l’image de ce qui passe au sein de différents milieux professionnels, dans le monde médical, dans l’enseignement, et dans de nombreuses entreprises. Or on en parle peu. Connaissez-vous beaucoup de médecins qui reconnaissent qu’ils sont sortis avec une de leurs patientes ? Ou de femmes professeures qui avouent qu’elles ont une relation avec un(e) de leurs élèves, parfois mineur(e) ? Ou de DRH qui admettent donner un job plus facilement à celles qui leur font une gâterie en fin d’entretien ? La sexualité au travail est un accélérateur de carrière ! comme le dit l’une des intervenantes. J’ai réuni des témoignages parfois osés. Mais au-delà de l’aspect personnel anecdotique, ces confidences ont une portée universelle. Elles illustrent ce qui fait vibrer les gens : le désir ! L’amour !

Si certains témoignages peuvent déranger, d’autres toucheront car ils racontent comment est née une histoire d’amour.

Bien sûr ! L’amour au bureau, ce n’est pas seulement des histoires sombres d’abus. Selon les sources, entre 25 et 38% des personnes ont rencontré leur partenaire amoureux sur leur lieu de travail ; le bureau est ainsi un espace de socialisation important. Et si on ajoute le nombre de personnes qui ont eu une aventure sexuelle au travail, sans alibi sentimental, le pourcentage dépasse probablement largement les 50% ! La sexualité dans le cadre professionnel ne doit pas être réduite à son côté parfois obscur, si ce n’est sordide. Elle peut être au contraire joyeuse, ludique. Pourquoi ne pas séduire au travail si c’est dans le respect de la liberté de chacun ? La drague doit simplement s’imposer comme limite le refus de l’autre. Des adultes consentants ont le droit de s’aimer, même au travail ! Aujourd’hui il y a une réelle hystérie autour de ces questions. Beaucoup d’hommes se sentent symboliquement castrés. Et curieusement, certaines femmes s’en plaignent ! Plus personne n’ose quoi que ce soit de peur d’être accusé d’agression sexuelle… Nous observons une dérive « à l’américaine »…

Avec Laurence, la psychologue du travail, vous évoquez même la possibilité d’aménager à côté des salles de yoga ou de massage, une salle où faire l’amour.

La proposition est extrême, mais pourquoi pas ? En Suède, le conseiller municipal d’Overtornea, un certain Per-Erik Muskos, a proposé des pauses sexe durant lesquelles les employés pourraient rentrer chez eux pour retrouver leur conjoint pendant que les enfants sont à l’école. Son projet insolite n’a pas été retenu mais on sait que le sexe bien vécu, épanouissant, tend à favoriser la productivité. Il est donc dans l’intérêt de l’entreprise ! Et de la nation ! Si vous me permettez cette formulation, on pourrait résumer l’idée par le slogan « baiser plus pour travailler mieux »…

Mais a contrario, quand il y a une rupture avec un collègue ou une collègue de travail, on doit continuer à le ou la voir. Ce n’est pas idéal pour bien travailler ...

Il est vrai que dans les petites entreprises, des ruptures amoureuses peuvent être la cause de dysfonctionnements. De même il vaut mieux ne pas avoir une aventure avec un supérieur ou une supérieure hiérarchique. En cas de rupture, vous risquez de perdre également votre boulot.

L’amour au boulot est publié à La Boîte à Pandore, 195 p., 19,90 euros

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