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Les belles dénudées de Rita Renoir

Rencontre avec l’illustratrice française, figure montante du dessin érotique.

Temps de lecture: 4 min

Elle ose tout et dessine le plus intime, le désir, les soupirs, la fellation, les caresses, la vulve, le pouce entre les fesses, les règles, le clito… Mais jamais ses dessins ne sont vulgaires. Bien au contraire, ils sont sensuels, féminins, féministes même. Rita Renoir est cette artiste française qui d’un trait aussi souple que délicat fait exister l’érotisme féminin. Ce n’est pas pour rien que cette jeune Française, formée à l’école d’art Boulle et passionnée de littérature, est aujourd’hui considérée comme une des figures montantes de l’illustration érotique.

Autoportrait
Autoportrait

Vous vous dites illustratrice et non dessinatrice – ou artiste. Pourquoi ?

Tout simplement parce que j’ai commencé à dessiner en utilisant un support littéraire. J’aime utiliser des textes poétiques pour faire un dessin ; ils ouvrent mon imaginaire. Je suis donc dans la démarche illustrative. De plus c’est un exercice d’humilité qui me convient bien.

Le nectar(1)

Quand avez-vous commencé ?

J’ai commencé à faire de telles illustrations fin 2014-début 2015 quand la maison d’édition que j’avais reprise a fermé ses portes. Je me suis alors lancée dans un nouveau projet : dessiner ! Mais pas n’importe quel dessin ; je voulais qu’il soit en lien avec la littérature ou la poésie qui me passionnent autant que l’art. Quasiment toutes mes créations, portent ainsi une histoire.

Ouvrage de dame
Ouvrage de dame

Pourquoi avez-vous choisi de raconter l’érotisme ?

Je n’ai pas choisi l’érotisme mais le nu féminin. Pour moi, il n’était pas érotique mais sensuel et surtout il était une manière de dire que je me sentais alors désemparée, dénudée, dépossédée. Je me projetais dans mes dessins et ceux-ci me permettaient la résilience. Et puis très vite ils ont plu.

La femme est toujours présente. Pourquoi ?

En dessinant des femmes, je cherche qui je suis. Mais je ne me dessine pas moi-même et je ne prends pas de modèle vivant. Je m’inspire de photos. Ma démarche me conduit à regarder les femmes, ce qu’elles montrent d’elles et ce qu’elles racontent sur le net. Leurs selfies sont très étonnants et leur observation m’a d’ailleurs amenée à une plus grande tolérance. Mais cette thématique des femmes dans mes dessins, si elle est justifiée par des raisons personnelles, est aussi féministe, militante. Quand j’ai commencé à montrer mes illustrations sur les réseaux sociaux, j’ai eu beaucoup de commentaires élogieux mais j’ai également reçu des réactions scandalisées, je me suis fait insulter et j’ai reçu des propositions comme si mes dessins étaient des projections personnelles et que si je dessinais des nus, je devais forcément être ouverte à toutes les invitations.

Bouche gourmande
Bouche gourmande

Quand on voit les dessins que vous faites des menstruations, la dimension féministe est bien présente car on sait combien le sang des femmes est tabou et a été utilisé par les hommes pour les dénigrer et même les contrôler. Les femmes perdent du sang sans rien pouvoir contrôler, elles ne peuvent pas se contrôler comme les hommes qui eux font couler le sang quand ils le décident. Elles doivent donc être contrôlées !

Mes dessins des règles ont engendré beaucoup de réactions, soit très positives parce que c’est très libérateur pour beaucoup de femmes de parler enfin de ce sujet si tabou encore, soit très négatives au contraire. Des personnes ont pu me demander si c’était de l’art que de dessiner des choses aussi dégoûtantes. D’autres ont commencé alors à faire des recherches pour voir si je ne cachais pas un cadavre dans le placard. Ce fut très choquant pour moi… Mais les règles ne sont pas les seuls tabous. Il y en a encore par rapport aux poils, au clito…

Sale
Sale

Les hommes ne vous inspirent pas ?

Je commence à jouer avec des éléments masculins, des parties de leur corps. Mais je ne me lance pas sur un sujet à la légère. Je veux toujours comprendre ce que je dois dessiner.

Vous dessinez des scènes très intimes sans que vos dessins soient vulgaires. Comment parvenir à cette justesse ? Par un dessin épuré en noir et blanc ?

Je crois que mes dessins ne sont pas vulgaires car ils ont un côté poétique et souvent surprenant. Le trait très affiné et les lignes peu appuyées accentuent cette légèreté. Le noir et blanc permet aussi le dépouillement ; ces deux teintes ne sont rehaussées que par des touches de rouge, la couleur associée à l’érotisme. Et puis souvent je suggère plus que je ne montre. Un peu comme dans un strip-tease. Mon nom est d’ailleurs emprunté à celui d’une une célèbre stripteaseuse qui a popularisé le Crasy Horse à Paris dans les années 50

Picasso disait que l’art et le sexe, c’est la même chose. Qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord avec lui : dans la sexualité, il y a une dimension créative et dans l’art, on arrive à une extase, une jouissance, une satisfaction quand on arrive au bout de sa création.

Pour découvrir davantage Rita Renoir

Instagram : https ://instagram.com/ritarenoir

Facebook : https ://www.facebook.com/RitaRenoirIllustre/

Boutique Etsy : https ://etsy.me/2uh1fAs

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