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Le désir peu compatible avec la vie à deux

S’engager dans une relation et vivre ensemble affaiblit le désir, comme le montre l’étude du chercheur Dietrich Klusmann.

Journaliste Temps de lecture: 3 min

Le désir est cette chose étrange qui se nourrit de la différence et de la distance. De rêve de conquête aussi. On désire ce qu’on n’a pas. « Réconcilier l’érotisme et la vie domestique n’est pas un problème à résoudre mais un paradoxe à gérer », écrit la thérapeute de couple d’origine belge Esther Perel, dans son ouvrage « Je t’aime, Je te trompe ». Et il est vrai que l’engagement dans un couple répond au besoin de sécurité que chacun éprouve mais pas aux besoins érotiques. S’attacher prive de l’aventure et de la liberté dont le désir a besoin pour se déployer. La familiarité du couple développe la proximité, la confiance et l’intimité mais tue l’individualité et le mystère, tout aussi essentiels à notre bien-être.

Baisse du désir en lien direct avec la durée de la relation

Et l’étude menée en 2001 par Dietrich Klusmann confirme la diminution du désir engendrée par la durée de la relation et la cohabitation. Dans son étude « Motivation sexuelle et durée du partenariat » publiée dans les très sérieuses « Archives of Sexual Behavior », le chercheur allemand analyse les comportements de 1865 étudiants hétérosexuels âgés de 19 à 32 ans et montre que le désir s’affaiblit d’autant plus que la durée de la relation s’allonge et ce, tant chez les hommes que chez les femmes même si ces dernières sont plus concernées par cette perte de désir. Elles le perdent davantage que leurs partenaires masculins. Se lier à un autre tuerait lentement et sûrement le désir. Dans son étude, Klusmann a également observé que les femmes engagées dans une relation perdaient moins le désir quand elles ne vivaient pas sous le même toit que leur compagnon…

La solution paraîtra sans doute radicale mais qu’on ne se décourage pas, car si le désir diminue, le plaisir lui augmente du fait que les corps et les cœurs ont appris à se connaître et savent comment se faire plaisir. Et puis le désir, quand il s’atténue simplement à cause du temps, se réveille par mille et une petites stratégies et gestes, qui vont des week-ends en amoureux au maintien d’une certaine indépendance – gare à la fusion, elle tue le désir ! – en passant par les lectures érotiques, la mobilisation des fantasmes, le slow sex, le yoga, les jeux amoureux…

Les femmes s’ennuient-elles dans la vie à deux ?

Mais l’étude de Klusmann reste interpellante pour une deuxième raison. Elle montre que les femmes sont davantage touchées par cette diminution du désir que les hommes. Le chercheur a tenté de comprendre pourquoi et proposé d’expliquer cette baisse de désir par la psychologie évolutionniste qui considère nos comportements amoureux influencés par ceux de nos lointains ancêtres hominidés qui cherchaient avant tout à transmettre leurs gènes. Selon cette approche psy, les femmes cherchent des mâles pas forcément beaux mais surtout puissants – autrefois physiquement, aujourd’hui financièrement – qui peuvent les protéger pendant leur grossesse et assurer des moyens de subsistance à leur progéniture. Selon cette approche psy, les femmes perdraient ainsi le désir une fois qu’elles ont trouvé leur protecteur et vivent une relation stable. Mais Klusmann lui-même reconnaît que la psy évolutionniste si elle explique la baisse de désir féminin, ne parvient pas à justifier celle de l’homme. Selon ce courant, le mâle devrait conserver un niveau élevé pour prévenir les risques de compétition. La psy évolutionniste n’aurait pas la bonne explication. D’autres ont avancé que les femmes voyaient leur libido chuter car elles ne sont pas faites pour la monogamie et s’ennuient davantage que les hommes après quelques années de cohabitation…

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