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Affaire Matzneff: dans «Quotidien», Vanessa Springora se dit «abasourdie» par la polémique et se livre (vidéo)

Invitée sur le plateau de TMC, l’auteure du livre « Le Consentement » a répondu aux questions de Yann Barthès ce mardi 7 janvier.

Temps de lecture: 4 min

Plus qu’un livre bouleversant, « Le Consentement » est devenu, avant même sa sortie en librairies, un objet mettant au jour un scandale sociétal d’importance : la pédophilie aux yeux de tous, celle de Gabriel Matzneff, écrivain au succès littéraire plutôt faible mais à la présence médiatique forte au fil des ans, régulièrement invité sur les plateaux télé dont « Apostrophe », présenté par Bernard Pivot. Vanessa Springora a vécu « une histoire d’amour » avec Gabriel Matzneff alors qu’elle n’avait que 14 ans. Leur relation a duré plus d’un an.

« Je n’ai rien révélé dans mon livre, je n’ai fait que raconter mon histoire », livre Vanessa Springora sur le plateau de Quotidien ce mardi 7 janvier. Interviewée par Yann Barthès, elle raconte l’emprise psychologique que l’écrivain français avait sur elle. La directrice des éditions Julliard, qui publie ce livre « Le Consentement » chez Grasset, dévoile dans cet ouvrage comment elle est tombée dans les griffes du prédateur Gabriel Matzneff alors qu’elle n’avait que 14 ans, et que lui en avait 50.

« Je suis très surprise »

Gabriel Matzneff n’a jamais caché son attirance pour les jeunes filles et les jeunes garçons, ses voyages à Manille pour pratiquer le tourisme sexuel avec des mineurs d’âge. Pendant de nombreuses années, les écrits de l’homme de lettres n’ont eu que très peu de retentissement. Avec le livre de Vanessa Springora, l’affaire a pris de l’ampleur, et c’est tant mieux : les livres de Gabriel Matzneff, honteux, deviennent un sujet politique. Une enquête pour « viol commis sur mineur » a même été ouverte par le parquet de Paris. Vanessa Springora, pour sa première interview télévisée, commente :

« Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait un tel retentissement. Je suis très surprise. J’étais tellement habituée pendant des années à ce qu’il y ait un silence, une indifférence complète autour de ses agissements qui étaient reproduits dans ses livres. (…) Il y a un changement d’époque, une écoute différente pour ce genre de récits. »

« Victime et complice »

Dans Quotidien, l’écrivaine française s’est dit « complètement abasourdie, sonnée et même soufflée » par la controverse. Elle commente notamment l’obtention du Prix Renaudot de l’Essai par Gabriel Matzneff en 2013, alors même que l’auteur est connu, dans le monde littéraire, pour ses écrits et ses penchants pédophiles : « Il y a beaucoup de cynisme, de fascination pour l’artiste au-dessus des lois ». Elle en est sûre, le livre qu’elle propose en ce mois de janvier 2020 n’aurait pas eu le même écho il y a cinq ans.

Dans son livre, Vanessa Springora explique comment elle a vécu cette relation. Et comment elle l’analyse des années après : « Ça ressemble beaucoup à l’embrigadement, l’endoctrinement qu’on rencontre dans les phénomènes sectaires, à la radicalisation aussi. C’est une façon d’isoler une personne, de la mettre sous son contrôle, sous sa coupe et d’en faire sa chose. Et de la persuader qu’on est la solution à tous ses problèmes ». « Le Consentement » est d’ores et déjà un succès en librairies.

L’auteure du livre, face à Yann Barthès, explique qu’elle a écrit pour elle-même d’abord, pour se libérer d’un poids certain. Elle revient aussi sur le moment où elle a compris à qui elle avait affaire. À l’époque, elle a 15 ans. Gabriel Matzneff lui interdit de lire ses œuvres, notamment le livre « Les moins de seize ans » ou son journal intime. Un jour, Vanessa Springora brave l’interdiction : « Cela a été un bouleversement total. J’ai pris conscience que la personne dont j’étais amoureuse était malade, pathologiquement malade ». Des descriptions sordides d’enfants philippins, notamment, qui la « placent à la fois victime et complice. Complice parce que j’étais tombée amoureuse de cet homme ». Une interview à revoir en intégralité ici.

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