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CNews choque en invitant Véronique Genest à parler des violences policières (vidéo)

La chaîne d’info en continu a invité ce 4 juin l’interprète de Julie Lescaut à commenter les manifestations dénonçant les violences policières, au motif qu’elle a incarné le rôle d’une commissaire de police pendant 20 ans. Les réactions n’ont pas manqué de critiquer ce choix.

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Pour parler d’un sujet de société, ce sont généralement des experts et des personnes de terrain qui sont appelés à s’exprimer. En l’occurrence, sur le thème « Les Français ont-ils confiance en leur police ? », Laurence Ferrari en a invité quelques-uns sur son plateau dont le secrétaire général des commissaires de police ou encore un professeur de criminologie, et... Véronique Genest, en vertu de son interprétation de Julie Lescaut, une commissaire de police. Cette décision et les commentaires de la comédienne ont ensuite largement provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux.

« On vit dans une blague géante ? »

Au cours de cette interview, Véronique Genest décrit le problème des violences policières de la sorte : « Je ressens qu’il y a une énorme tension. Les gens ont de moins en moins confiance en la police. C’est un sujet très vaste, il y a de la violence de part et d’autre. On a tendance à amalgamer [...] Je crois que tout ça vient surtout d’une grande misère en ce moment, d’un besoin de s’en prendre à quelqu’un. Il y a beaucoup de violence partout, dans les quartiers, mais pas seulement... Aussi sur les réseaux ».

Rapidement, plusieurs voix se sont levées contre cette prise de parole. « Non, mais ils ont vraiment invité Julie Lescaut pour parler des violences policières ou juste on vit dans une blague géante ? » s’exclame par exemple la journaliste de Médiapart Ellen Salvi sur Twitter. D’autres ont aussi rappelé la partialité de l’actrice sur un tel sujet lié au traitement des minorités par la police, celle-ci ayant déclaré à plusieurs reprises être islamophobe. L’intéressée a d’ailleurs répondu hier sur ce point : « Oui et alors ? Depuis quand c'est un crime de ne pas aimer l'islam ou n'importe quelle autre croyance ? », met-elle sur Twitter.

En parallèle de CNews, d’autres médias ont interrogé des spécialistes du problème des violences policières. Leur analyse est bien différente de celle de Véronique Genest, comme dans le cas de Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des questions liées à la police, qui déclare sur France Info : « La politique du gouvernement et des précédents gouvernements a été de nier le caractère discriminatoire de la police en France. Or, à la fois les travaux de l'Agence européenne pour les droits fondamentaux, du Défenseur des droits, de l'Ined, du CNRS et de Sciences Po ont tous montré depuis dix ans l'existence d'une discrimination policière en France, aussi bien à Marseille qu'à Lyon, qu'à Grenoble, qu'à Paris. Donc, c'est ce débat-là qui est en train, peut-être, de s'ouvrir en France ». Dans Sud-Ouest, Sébastien Rocher ajoute que le phénomène de discrimination des minorités « est répandu dans les rangs des forces de police donc ce n’est pas le problème de certains agents, dans certaines unités. C’est beaucoup plus systémique. Si les policiers réfutent ces travaux, qu’ils présentent ceux qu’ils ont faits prouvant le contraire ».

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