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Sexualité: comment vivez-vous ce nouveau confinement?

Le premier confinement a fragilisé l’intimité de nombreux couples. Quel impact aura cette nouvelle vague ? C’est qu’ambitionne de savoir une équipe de psys et sexologues belges !

Temps de lecture: 5 min

En mars dernier, la Belgique entrait en confinement. Chacun.e était tenu.e de vivre chez soi, entre soi. Cette situation inédite n’a pas été sans conséquences pour bien des couples.

Comme le montra l’enquête menée en avril dernier par l’Ifop (1) auprès de 3045 personnes, cette promiscuité n’a guère favorisé les plaisirs des corps. Bien au contraire, la proportion de Français.e.s n’ayant pas eu de rapport sexuel au cours du dernier mois se révéla être presque deux fois plus élevée qu’à l’accoutumée : 44 % contre 26 % ! Cette baisse affecta avant tout les célibataires (-31 points) mais aussi les personnes en couple confinées sous le même toit (-11 points). Nos voisin.es firent moins l’amour et de surcroît se sentirent moins épanoui.e.s. Le sentiment de satisfaction à l’égard de leur vie sexuelle perdit pas moins de 7 points entre l’avant et l’après confinement chez les personnes en couple et 14 points chez les célibataires.

Mais comment s’étonner de tels résultats ? Lors de ce confinement, tout concourrait à éloigner les corps et les cœurs, à commencer par le stress lié à la situation générale suivi par l’éventuelle absence d’intimité, la forte promiscuité ou encore la présence constante du partenaire. Vivre 24 heures sur 24 au côté de son ou de sa partenaire a pu engendrer de l’anxiété, du stress, des troubles du sommeil, des tensions au sein du foyer, des disputes à propos des enfants présents en permanence, des conflits liés aux tâches ménagères…

Le même constat – mais moins sombre – fut observé aux États-Unis avec l’étude menée par l’Institut Kinsey spécialisé dans la recherche sexologique. Publiée en juin dernier dans Leisure Sciences (2), elle établit que la moitié des 1.559 personnes interrogées avait constaté une diminution de leurs rapports sexuels. Cependant un.e participant ; e sur cinq avait déclaré avoir élargi son répertoire sexuel en incorporant de nouvelles activités tels l’envoi de sextos, l’essai de nouvelles positions sexuelles et le partage de fantasmes sexuels. On notera et soulignera que les personnes qui avaient enrichi leurs jeux érotiques étaient trois fois plus susceptibles de rapporter des améliorations dans leur vie sexuelle. De quoi nous rassurer quelque peu !

Une étude belge

Mais comment nos vies intimes vont-elles affronter ce deuxième confinement ? C’est ce qu’a voulu savoir une équipe de psychologues belges constituée de Marie Géonet de l’UCL/HE Vinci, Sarah Galdiolo de l’UMons et Alexandra Hubin de l’UCL.

Marie Géonet, vous coordonnez cette étude belge. Pourquoi une étude belge alors qu’il y a quelque mois, plusieurs études étrangères des plus sérieuses ont déjà montré l’impact négatif du confinement sur la sexualité. La situation en Belgique est-elle différente ?

« Il est intéressant de faire un focus sur ce qui se vit en Belgique. En effet, les règles en matière de confinement sont assez différentes d’un pays à l’autre et certainement entre les pays européens et les USA. Cela permettra par la suite de faire des comparaisons entre les différentes mesures prises en manière de confinement et de voir leur impact respectif en matière d’intimité et de sexualité.

Ensuite notre étude s’intéresse uniquement à l’intimité des couples « installés », de manière à pouvoir approfondir les résultats obtenus en fonction de la situation professionnelle (télétravail ou pas), de la présence d’enfants, du stress ressenti… Notre objectif est d’en savoir davantage sur la manière dont ces différentes variables vont venir (ou pas) influencer la sexualité de couples. »

Ce deuxième confinement est différent du premier ?

« La situation du premier confinement était différente de ce que nous vivons actuellement. À l’époque, nous étions loin de penser que cette crise sanitaire durerait aussi longtemps. Il nous était également plus difficile d’envisager qu’un second confinement (partiel) nous serait encore imposé, à une période plus critique (fêtes de fin d’année, hiver, mauvaises conditions météo, manque de luminosité…).

Lors du premier confinement, nous tentions tous de gérer un stress que je qualifierais d’aigu. Les choses sont aujourd’hui différentes. Cette crise sanitaire semble s’être installée dans nos modes de vie, nous devons en permanence nous adapter à de nouvelles mesures. Les perspectives d’un retour à la normale nous semblent plus lointaines et l’incertitude fait partie de notre quotidien. Nous sommes en train de gérer un stress plus chronique, plus minant et potentiellement plus défavorable pour la sexualité des couples. »

Le stress chronique est plus pernicieux que le stress aigu ?

« Devoir gérer un stress de manière chronique nécessite de mobiliser ses compétences d’adaptation, son énergie et ses ressources sur une période de temps plus importante. Cela peut entraîner, à la longue, un sentiment de fatigue et de lassitude, des affects dépressifs, une perte de perspective future… C’est ce que beaucoup de gens vivent à l’heure actuelle, le sentiment d’être « miné » par cette crise sanitaire. En termes d’intimité, le vécu psychologique rapporté ci-dessus est plutôt défavorable au désir et à la sexualité. »

Qui peut participer à cette étude ?

« Si vous avez plus de 18 ans et que vous êtes en couple depuis minimum un an, n’hésitez pas à participer à cette recherche. Pour ce faire, il vous suffit de répondre à un questionnaire, d’une durée de 15 minutes maximum. Vos données sont anonymes et elles seront traitées de manière tout à fait confidentielle. »

Voici le lien vers l’étude : https ://uclpsychology.co1.qualtrics.com/jfe/form/SV_9M2BbtToV0CYns1

(1) État des lieux de la vie sexuelle et affective des Français durant le confinement. Étude Ifop d’avril 2020

(2) Less Sex, but More Sexual Diversity : Changes inSexual Behavior during the COVID-19 CoronavirusPandemic. Publication de Justin J. Lehmiller, Justin R. Garcia, Amanda N. Gesselman & Kristen P. Mark. Publié en juin 2020 dans Leisure Sciences

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