Accueil Actu Télé

Un sketch sur Vincent Bolloré «censuré» par Canal+

Le passage a été coupé au montage par Canal+, détenu par l’homme d’affaires français. L’humoriste a riposté ce mercredi en dénonçant la justification donnée par le groupe télévisuel.

Temps de lecture: 3 min

Ce 4 janvier, un spectacle tout à fait banal, les « Étoiles espoir humour du Parisien », était diffusé sur la chaîne Comédie+, liée au groupe Canal+. Problème : comme l’a remarqué Le Monde, le Franco-Béninois Edgar-Yves a vu son sketch sur Vincent Bolloré coupé au montage. L’humoriste a depuis tenu à réagir, surtout que Canal+ a affirmé que c’était lui-même qui avait voulu retirer ce passage de la diffusion en télé. Une affaire qui s’ajoute à d’autres polémiques chez Canal+.

Une association entre Bolloré et la corruption en Afrique qui n’a pas plu

Dans le sketch en question, Edgar-Yves, fils de l’ambassadeur du Bénin en France, dénonçait la corruption en Afrique. Pour cela, il parle de son père mais aussi de Vincent Bolloré, actionnaire majoritaire du groupe Canal+, qui est comparé au président de la Guinée, Alpha Condé (visé l’été dernier par une plainte pour corruption en France). Pour rappel, Vincent Bolloré a déjà été mis en examen en 2018 pour soupçons de corruption entourant l’obtention par son groupe de concessions portuaires en Afrique de l’Ouest.

Le Monde explique qu’après cette prestation, des « pressions ont été exercées par plusieurs personnes afin que l’artiste supprime ce passage », sans succès puisque Edgar-Yves a refusé. Par contre, lorsque ce dernier est passé sur C8 (une autre chaîne du groupe Canal+) avec le même sketch l’automne dernier, il a parlé plus vaguement d’un « milliardaire français », sans citer explicitement Vincent Bolloré. Déjà à ce moment-là, la phrase « problématique » a été supprimée de la diffusion.

Une affirmation mensongère de Canal+ pour justifier le retrait

Ce 4 janvier, Canal+ a donc été encore plus loin en supprimant tout bonnement le sketch. D’après le producteur de l’émission, Arnaud Chautard, il n’y aurait cela dit pas de problème puisque selon lui, c’est Edgar-Yves qui a voulu couper la prestation au montage, car « il n’en était pas content ».

Un fait contredit ce mercredi par l’humoriste qui a réagi via l’AFP. « J'ai été simplement censuré car j'ai fait allusion à Vincent Bolloré. [...] Je ne confirme pas la version de Monsieur Arnaud Chautard affirmant que j'aurais demandé à être coupé car je n'étais pas satisfait de ma prestation », affirme-t-il. Il a promis d’évoquer cette mésaventure dans son propre spectacle lorsque le déconfinement de la culture aura lieu. Canal+, de son côté, ne veut plus répondre aux questions. En signe de désapprobation, Le Parisien, qui parrainait le spectacle diffusé lundi à la télé, a omis toute promotion de l’émission dans ses colonnes.

Des licenciements et le règne de la peur chez Canal+

Cette affaire confirme en tout cas le climat tendu au groupe Canal+. Récemment, l’humoriste Sébastien Thoen et le commentateur Stéphane Guy ont été licenciés après avoir utilisé leur liberté de parole, le premier car il avait parodié l’émission « L’heure des pros » de CNews (encore une fois une chaîne qui appartient au groupe Canal+), le second pour avoir soutenu Thoen. Un rassemblement a d’ailleurs eu lieu ce mardi matin devant Canal+ pour dénoncer le licenciement de Stéphane Guy.

L’humoriste Bertrand Usclat, actif sur le groupe Canal+, a lui aussi confié au Monde avoir été inquiété avec un mot d’ordre : « interdiction de critiquer CNews ». « Et pourtant, reconnaît-il, il y aurait de quoi dire sur la ligne éditoriale de cette chaîne d'info en continu du groupe Canal », a écrit le quotidien en référence au ton polémique et très à droite de CNews. Depuis, la phrase a disparu du site du Monde. « A la demande de Bertrand Usclat, qui se sent menacé de subir le même sort [que Sébastien Thoen, ndlr], nous avons accepté de retirer une phrase de l'article », a expliqué la journaliste à l’origine de l’article sur Twitter.

Notre sélection vidéo

Sur le même sujet

Aussi en Télé

Voir plus d'articles

À la Une