Accueil Actu Soirmag

Pour la Saint-Valentin, elle reçoit… le cœur de la girafe qu’elle vient de tuer

Les images où elle pose fière face à l’animal n’ont pas manqué de faire polémique. Une controverse qu’elle dit ne pas comprendre, au contraire.

Temps de lecture: 3 min

Selon ses propres mots, il s’agît d’un « rêve » devenu réalité. Pour cette Saint-Valentin, Merelize van der Merwe, une agricultrice qui récolte des citrons en Afrique du Sud, devait à l’origine partir en voyage avec son mari (qu’importe la circulation du variant sud-africain du Covid-19). Mais finalement, le couple a changé ses plans. A la place, Merelize s’est vue offrir… la possibilité de tuer une girafe. Un « cadeau de Saint-Valentin » qu’elle n’aurait refusé pour rien au monde.

Une chasseuse aux anges

Merelize a en effet avoué qu’elle rêvait de pouvoir faire cela depuis des années. Quand elle a reçu le permis de chasse, elle s’est donc rendue dans la savane et a scellé le destin d’une girafe qui passait par là. Une fois l’animal abattu, elle n’a évidemment pas manqué de faire une photo souvenir, posant grand sourire à côté de son trophée. Pour couronner le tout, la chasseuse s’est même vue offrir le cœur de la girafe, question de fêter la Saint-Valentin comme il se doit.

Très vite, l’événement a fait parler en Afrique du Sud, puis dans le reste du monde. Les défenseurs des animaux sont montés au front et ont critiqué cette chasse choquante et sanglante relayée par sans vergogne Merelize sur Facebook. Depuis, la chasseuse aurait reçu des menaces de mort.

L’éternel débat de la profitabilité de la chasse

De son côté, la Sud-Africaine se défend. Selon elle, l’argent issu du permis de chasse permet de financer les réserves naturelles et donc de sauvegarder la faune, argument ressassé sans cesse par les partisans de cette pratique. Elle estime que sa prise aurait ainsi donné du travail à onze personnes, sans compter la distribution de la viande pour les locaux.

Ce qui est sûr, c’est que cette activité représente une source considérable de revenus. Selon LCI, les contrats de chasse attribués pour chasser les « big five » (soit les animaux les plus convoités) vont de 11.000€ pour le buffle à 110.000€ pour le rhinocéros blanc. Une mine d’argent dont ne veulent pas se passer certains pays africains, qu’importe que ces animaux soient en danger d’extinction (le statut de conservation de la girafe est quant à elle classée comme « vulnérable »).

Des experts ont également contesté l’argument de la redistribution économique brandie par les chasseurs. Des économistes australiens ont ainsi estimé que seuls 3% des revenus liés à cette chasse arrivaient bénéficiaient effectivement aux populations locales. Le reste est détourné par l’industrie, souvent en-dehors du continent africain, par la corruption ou fini dans les caisses de l’Etat via les taxes.

Certains pays ont cependant décidé de mettre un terme à cette chasse aux trophées. C’est notamment le cas du Kenya, depuis 1977. Céline Sissler-Bienvenu, directrice de France et Afrique francophone, explique aussi à l’Express que cette pratique affecte durablement les écosystèmes. En dix ans, la population de lions subsahariens s’est par exemple effondrée de moitié. Céline Sissler-Bienvenu affirme également que les revenus liés à l’écotourisme pourraient remplacer ceux liés à la chasse. « Sur la durée, un éléphant vivant rapporte plus qu'un éléphant mort », assure-t-elle.

Notre sélection vidéo

Sur le même sujet

Aussi en Société

Voir plus d'articles

À la Une