Accueil Actu Soirmag

Qatar: des bénévoles secourent des chiens torturés

Les membres d’une communauté de sauveteurs se mobilisent pour sauver ces animaux et critiquent le gouvernement qatari de ne pas faire assez pour résoudre ce problème croissant.

Temps de lecture: 3 min

Au Qatar, les chiens errants sont de plus en plus nombreux au pied des chantiers de construction. L’année prochaine, le pays fêtera la Coupe du monde 2022 de football. Mais pour l’instant, c’est l’horreur qui prévaut. Certains chiens sont en effet victimes des pires tortures. Certains sont tués à coups de poignards, brûlés, criblés de balles ou la gueule explosée. Pour sauver ceux qui restent, une communauté de sauveteurs s’est mobilisée mais elle déplore un manque de soutien, que ce soit de la part du gouvernement ou de la société qatari.

Des bénévoles désespérés

Comme l’expliquent les bénévoles à l’AFP, ils reçoivent chaque jour plus d’appels pour signaler des chiens errants maltraités et leurs frais vétérinaires explosent. Puisque l’Etat ne reconnaît pas officiellement leur organisation, ils ne peuvent pas faire de collectes de fonds ou accepter le soutien de sponsors.

Les bénévoles soupçonnent en parallèle les autorités d’être assez indifférentes vis-à-vis du sort de ces animaux. Officiellement, les forces de l’ordre s’occupent des chiens errants en les attrapant avant de les vacciner et de les stériliser pour pouvoir les soumettre à l’adoption. Mais l’association reste sceptique sur le réel traitement qui leur est réservé. Elle voudrait avoir accès à ces chiens mais n’a pas les autorisations nécessaires, et elle a reçu des messages inquiétants à leur propos. Elle s’inquiète notamment du sort des chiens qui seraient reconnus comme malades ou agressifs.

Les animaux sont censés être protégés de la maltraitance depuis 2004 mais là aussi, des doutes subsistent sur l’efficacité de l’application de cette loi. Par conséquent, elle essaye d’intervenir avant la police pour les sauver.

Une histoire compliquée

Pour expliquer une telle indifférence la société qatarie à ce sujet, les bénévoles invoquent la culture locale. « Les chiens sont malaimés parce que les gens pensent qu’ils sont impurs dans la religion (musulmane), ce qui est loin d’être vrai », explique l’un d’eux à l’AFP.

Est-ce que pour autant, l’islam aurait une relation intrinsèquement compliquée avec les chiens ? Non selon Alan Mikhail, professeur à l’université de Yale et auteur de l’ouvrage « L'animal dans l’Égypte ottomane ». Pour lui, si ce désamour pour les chiens est réelle au sein de certains pays musulmans, elle ne trouve pas son origine dans la religion. En réalité, pendant des siècles, ces animaux étaient les bienvenus dans les villes. Ils étaient reconnus comme des « nettoyeurs » des villes en se nourrissant des ordures laissées par les habitants.

Mais « il y a environ deux cents ans, des idées reçues sur la contagion ont commencé à émerger », explique Alan Mikhail. En effet, à ce moment-là, le lien entre certaines épidémies et la proximité des habitants avec les cimetières et les déchets a été établie. Comme en Europe, la solution a été de délocaliser ces vecteurs de maladies à la périphérie des villes. Sauf que dans le cas présent, les chiens ont suivi les déchets. Ceux-ci ont donc eux aussi été associés dans l’inconscient collectif aux épidémies. Une image qui reste encore bien présente aujourd’hui et qui pourrait expliquer en partie le manque d’affection pour les chiens.

Notre sélection vidéo

Aussi en Société

Voir plus d'articles

À la Une