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Les huit films en lice pour l’Oscar suprême du meilleur long-métrage (vidéos)

La pandémie a provoqué la fermeture des cinémas dans de nombreux pays mais parmi ceux qui ont réussi cette année à se frayer un chemin sur grand écran - ou exceptionnellement les plateformes de vidéo à la demande -, huit ont été retenus par l’Académie des Oscars pour briguer la récompense suprême, l’Oscar du meilleur long-métrage.

Temps de lecture: 7 min

«The Father»

Adapté d’une pièce de Florian Zeller et réalisé par l’auteur français lui-même, «The Father», avec en vedette le légendaire Anthony Hopkins, embarque le spectateur dans un voyage terrifiant vers la démence sénile. Le film se déroule dans un appartement londonien où l’entêté Anthony (Hopkins), malgré sa santé fragile, a chassé la dernière d’une longue série d’aides-soignantes, obligeant sa fille Anne (Olivia Colman) à lui trouver une remplaçante en urgence.

Mais les apparences sont souvent trompeuses dans la vie de ce père pas si tranquille dont les facultés se détériorent à toute allure, brouillant tous ses repères et ceux du spectateur par la même occasion. Acclamé lors de sa présentation au festival de Sundance en janvier 2020, notamment pour la performance d’Anthony Hopkins, «The Father» ne compte toutefois pas parmi les favoris des Oscars.

«Judas and the Black Messiah»

L’année écoulée a vu de nombreux films produits par des cinéastes noirs mettant en scène des acteurs noirs mais seul «Judas and the Black Messiah» est parvenu à décrocher une nomination pour l’Oscar du meilleur long-métrage. S’éloignant des conventions habituelles du «biopic», le film raconte l’histoire tragique de Fred Hampton (Daniel Kaluuya) pour moitié du point de vue du charismatique leader des Black Panthers, pour moitié de celui de l’informateur du FBI qui l’a trahi, William O’Neal (Lakeith Stanfield.)

Produit par Ryan Coogler, le réalisateur du succès Marvel «Black Panther», «Judas and the Black Messiah» se déroule dans le Chicago des années 1960 et suit les efforts de Fred Hampton pour mobiliser la foule contre les brutalités policières alors même qu’il est encerclé par le FBI avec ses partisans. Dernier arrivé dans la course aux Oscars avec une présentation à la presse en février, le film a tout de même récolté six nominations au total mais il reste à la traîne dans les pronostics.

«Mank»

«Mank», l’ode de David Fincher à l’âge d’or d’Hollywood, détient le record de nominations cette année, pas moins de dix. Entièrement tourné en noir et blanc avec un extrême souci du détail dans la reconstitution, le film de David Fincher met en scène, de manière très romancée, la naissance du film «Citizen Kane» d’Orson Welles et son écriture par le scénariste Herman Mankiewicz, joué par Gary Oldman.

Généralement très alcoolisé, Mank croise le chemin des titans qui ont bâti la légende d’Hollywood, comme les producteurs David O. Selznick, Louis B. Mayer et Orson Welles lui-même. Sur le papier, «Mank» avait de nombreux atouts pour séduire les professionnels du cinéma qui composent le jury des Oscars mais les critiques ont été assez mitigées, et il semble peu probable qu’il décroche le prix du meilleur long-métrage.

«Minari»

Le cinéaste américain d’origine sud-coréenne Lee Isaac Chung s’apprêtait à renoncer à la réalisation pour devenir professeur lorsqu’il a tourné «Minari», dernier coup de poker fortement inspiré par sa propre enfance. Avec des dialogues en anglais et en coréen, le film est une histoire fondamentalement américaine, celles de migrants qui ont tout laissé derrière eux pour se tailler un avenir dans les grands espaces. En l’occurrence «Minari» suit une famille sud-coréenne qui tente sa chance dans l’agriculture au beau milieu de l’Arkansas des années 1980.

Le film a réuni des acteurs parlant coréen provenant des deux côtés du Pacifique, parmi lesquels Steven Yeun, rendu célèbre par la série «Walking Dead», et la star sud-coréenne Yuh-Jung Youn. Il s’attache à dépeindre les relations intimes au sein de cette famille sans s’attarder sur des questions d’intégration ou de racisme.

Même s’il n’a pas nécessairement déchaîné les passions, «Minari» a été bien reçu partout et est certainement le film le plus consensuel de la sélection. Il apparaît comme un outsider mais a une chance de créer la surprise à la faveur du très particulier mode de scrutin «préférentiel» en vigueur dans la catégorie du meilleur long-métrage.

«Nomadland»

Il est rare qu’un film domine les festivals d’automne et continue à faire office de grand favori des mois plus tard pour les Oscars. Mais «Nomadland», hybride unique en son genre de road movie, de drame social et de documentaire qui suit des Américains âgés vivant sur les routes après avoir tout perdu lors de la crise des «subprimes», a réussi cet exploit. Dans le film de Chloé Zhao, la plupart des acteurs sont des amateurs qui jouent leur propre rôle, avec comme personnage central celui de Fern, incarné par l’actrice oscarisée Frances McDormand, qui a initié et produit le projet.

Il est directement inspiré d’un livre éponyme publié en 2017 par la journaliste américaine Jessica Bruder après avoir séjourné parmi ces nomades aux cheveux gris qui sillonnent les Etats-Unis dans leurs petits camping-cars, vivotant entre déserts et petits boulots, mais libres. La plupart des experts parient sur «Nomadland» comme grand vainqueur de la soirée des Oscars, et le film devrait aussi remporter des statuettes dans plusieurs autres catégories.

«Promising Young Woman»

Avec ses chansons pop, son esthétique rose bonbon et une réalisatrice jusqu’alors royalement inconnue, «Promising Young Woman» n’a rien du film formaté pour gagner les Oscars. Mais il s’agit d’un film délibérément atypique. Pour son premier long-métrage, Emerald Fennell met en scène Cassie (Carey Mulligan), une jeune femme qui cherche à venger le viol de sa meilleure amie par d’anciens camarades de promotion à l’université.

Et tant qu’à faire, Cassie décide de semer la terreur parmi les machos de sa ville natale et celles qui sont à ses yeux leurs complices. La jeune femme tend ses embuscades dans les bars. Elle feint l’ivresse afin d’attirer à elle des hommes jouant les «gentils» et les pousser à révéler leur misogynie.

Avec cinq nominations au total, il pourrait tenir ses promesses pour l’Oscar du meilleur long-métrage mais le mode de scrutin n’est habituellement pas favorable aux films qui ont suscité la controverse, comme c’est le cas pour «Promising Young Woman».

«Sound of Metal»

La saison des prix cinématographiques pour «Sound of Metal» a été un long voyage qui a débuté dès 2019 au festival du film de Toronto, avec une montée en puissance progressive grâce au bouche à oreille qui ne s’est jamais démenti.

Aux Oscars, ce film indépendant à petit budget a décroché six nominations, un exploit pour une œuvre traitant d’un sujet plutôt déprimant et pas très en vogue: Ruben, un batteur de heavy metal (joué par Riz Ahmed) perd l’audition et souffre également de problèmes d’addiction. Il est tiraillé entre son désir de retrouver ses facultés à l’aide d’implants coûteux et la quiétude qu’il commence à trouver au sein de la communauté sourde.

S’il figure parmi les films ayant le moins de chances de l’emporter, «Sound of Metal» a mis un coup de projecteur sur les malentendants et plus largement sur la façon dont les personnes handicapées sont traitées par Hollywood. Il pourrait remporter des statuettes dans des catégories techniques, notamment pour les disciplines sonores.

«Les Sept de Chicago»

Avec son casting prestigieux, un réalisateur-scénariste expérimenté et un sujet d’une actualité extraordinaire, qui coïncidait avec les gigantesques manifestations antiracistes de l’été dernier et une élection présidentielle controversée comme jamais, «Les Sept de Chicago» coche la plupart des cases nécessaires pour remporter un Oscar.

C’est Steven Spielberg lui-même qui avait demandé à Aaron Sorkin d’écrire une histoire parlant des émeutes contre la guerre du Vietnam à Chicago en 1968 et de la violente répression policière et judiciaire qui avait suivi. Créateur de la série «West Wing», Aaron Sorkin est finalement aussi passé derrière la caméra, attirant dans le projet des vedettes comme Mark Rylance, Frank Langella, Sacha Baron Cohen et Eddie Redmayne.

Une distribution récompensée récemment par le convoité prix du syndicat américain des acteurs. Pour les spécialistes des prix d’Hollywood, si un film a une chance de souffler la victoire à «Nomadland» dimanche soir, c’est bien «Les Sept de Chicago».

AFP

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