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Marc Pasteger nous a quittés

Les journalistes de Soir mag perdent leur rédacteur en chef, une plume, un talent. L’hommage de Daniel Van Wylick, l’ancien directeur de la rédaction.

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Jusqu’au bout, il s’est battu contre la maladie, continuant à prodiguer ses conseils à la rédaction, même sur son lit d’hôpital. Personne parmi ses journalistes n’avait imaginé le pire. Qui est pourtant survenu ce mercredi. Marc Pasteger, directeur des publications et rédacteur en chef de Soir mag, est décédé. Il avait 63 ans.

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Marc Pasteger était devenu le rédacteur en chef de Soir mag en mars 2013, après une carrière déjà longue dans le journalisme. Il avait notamment été le chef du service magazine et télé de La Dernière Heure entre 1990 et 2001. En 2004 et 2005, il avait conseillé la direction d’AB Belgium. Chroniqueur radio sur Vivacité, Bel RTL ou Nostalgie, collaborateur dans différents magazines belges dont Ciné Télé Revue, il avait aussi exercé son talent en France dans différents médias. Sa plume, souvent acérée, faisait mouche à chaque fois. Passionné de bouquins, il avait lui-même un vrai talent de conteur d’histoires. Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, comme « Les belles histoires de la mer du Nord », « Les plus belles histoires vraies de Noël » ou « Les histoires incroyables en Belgique ». Toutes les pensées de la rédaction vont ce soir vers son épouse Michèle et ses deux filles, Tania et Séverine.

L’hommage de Daniel Van Wylick, directeur éditorial de Rossel, et ancien directeur de la rédaction de Soir mag

Mon Marc,

Il paraît que j’ai été 20 ans et deux fois ton boss, mais en vrai, j’ai été 35 ans et dix fois ton ami, cent fois ton confident, mille fois ton auditeur de vannes matinales. Que de moments savoureux passés tous les jours dans mon bureau, de 8 à 9 heures du mat, car pour nous, la vie appartenait à ceux qui se lèvent tôt, qui détestent les bouchons ou préfèrent le taxi. Tu n’avais pas le choix, tu allais dormir à 3h du mat et te réveillais deux heures plus tard. Chaque nuit ou presque, tes insomnies t’invitaient à la lecture, faisant de toi un des hommes les plus lettrés de notre petit pays, contribuant ainsi au bonheur des éditeurs. Je ne sais s’il t’arrivait de te lire la nuit, mais il me plaît de rappeler que, comme ton pote Philippe Bouvard, tu es l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, toi, l’exceptionnel conteur d’histoires que toute la planète littéraire s’arrachait, de Bruxelles à Paris en passant par… la frontière. Je te taquine car, fort de ton humour légendaire et mordant, tu n’avais pas ton pareil pour incendier ceux qui le méritaient, aussitôt que leur bêtise n’avait d’égal que leur prétention. Que ce soit en aparté ou, audace ultime, en public parfois, tu n’épargnais pas grand monde, ce que ton autodérision pardonnait largement.

Tu es un ami tellement attachant qu’il en devient inséparable. Après avoir fait les 400 coups ensemble, ceux qui ne font de mal à personne car leur arme est le verbe et ses accords, comment imaginer et accepter que tu nous aies quitté ? Qui va nous faire rire ? Tu laisses démunis autant qu’effondrés une kyrielle d’amies et d’amis qui ne peuvent désormais plus que se souvenir de ton regard ironique et de ton sourire moqueur, de ta voix chaleureuse si caractéristique et radiophonique, de tes éditos hebdomadaires frappés au coin du bon sens, de tes articles dont la patte était reconnaissable dès la première phrase. Dans la profession journalistique, en fin connaisseur du monde de l’audio-visuel comme de l’écriture, tu es devenu le Stéphane Bern noir-jaune-rouge, mettant toujours en avant la Belgique, son patrimoine comme ses petites aventures anecdotiques. Avec ton excellente direction éditoriale, un peu partout, à la DH, à AB3, au Soir mag, dans tes chroniques, à Vivacité, à Nostalgie, dans tes collaborations à CTR ou ailleurs dans des médias français, dans tes multiples livres, tu t’acharnais à mettre en exergue un judicieux cocktail de faits divers et de petits et grands faits historiques. En ce sens, le plus noble à mes yeux, tu es un écrivain populaire.

Tes talents de plume se nourrissent de ta généreuse personnalité, des paradoxes qui forgent les caractères. Bavard mais pudique, cultivé mais discret, tu étais un formidable interviewer, un prolifique auteur, un passionné des mots et surtout des bons mots, un maître du discours, un élégant charmeur que le daltonisme poussait vers une prudente austérité vestimentaire, trahie parfois par une excentricité involontaire… Marc, je me répète, tu étais l’ami fidèle que tout le monde rêve d’avoir. Pour te connaître, et c’est ma chance, depuis si longtemps, je croule sous les messages de reconnaissance et d’amitié des gens du métier. Je les résume : « tu étais un vrai type bien ». C’est tellement rare.

Personne ne supportait de te savoir malade, tu avais la bonne santé du grand marcheur, celui qui aime les arbres et la nature, jamais ne fume ou ne boit, sinon son coca avec son incontournable cabillaud de la Brasserie de la Presse. Un homme qui avait encore tant de livres à écrire et aimait tant, jusqu’à la démesure, la ville de Londres, le club d’Arsenal et le thé anglais, ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. Et surtout, Marc, tu étais si bien entouré de tes trois femmes merveilleuses, ta précieuse famille. Ta priorité. Je sais combien, au centre de toutes tes attentions et donc bien avant tes obligations professionnelles, il y avait ta formidable épouse, Michèle, et tes deux filles, Séverine et Tania, tout aussi admirables, qui savent ce que c’est de traverser des épreuves. Elles sont tes héroïnes de la vie, celles de ton roman personnel. Tu les chérissais plus que tout.

Au revoir Marc, nous t’aimons.

Daniel VW

Marc Pasteger et Daniel Van Wylick entourent le roi Philippe en 2018, à l’occasion des 90 ans du magazine.
Marc Pasteger et Daniel Van Wylick entourent le roi Philippe en 2018, à l’occasion des 90 ans du magazine.

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