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Une fille de 13 ans séparée de son père après un dessin anti-guerre fait à l’école

Le père a été condamné pour le dessin de sa fille. Il est actuellement en fuite.

Temps de lecture: 3 min

Un Russe, séparé de sa fille de 13 ans qui a été placée à cause d’un dessin à l’école contre l’offensive en Ukraine, a été condamné mardi à deux ans de prison et a pris la fuite, ont annoncé les autorités. Cette affaire suscite une vive indignation depuis plusieurs semaines en Russie, devenant l’un des symboles de la répression sans merci contre ceux qui s’opposent à l’opération militaire lancée il y a plus d’un an par le Kremlin en Ukraine.

Mais elle a pris un nouveau tour mardi lorsque le tribunal d’Efremov, à 300 km au sud de Moscou, a annoncé que le prévenu Alexeï Moskaliov, placé en résidence surveillée depuis mars, s’était volatilisé. « Le verdict a été lu en l’absence du prévenu, car il a disparu et ne s’est pas présenté à l’audience », a déclaré à l’AFP la responsable de la communication du tribunal, Elena Mikhaïlovskaïa.

Peu avant, la cour avait reconnu M. Moskaliov, 54 ans, coupable d’avoir « discrédité » les forces armées russes, le condamnant à deux ans d’emprisonnement, soit la peine requise la veille par le procureur. M. Moskaliov était placé en résidence surveillée depuis le 1er mars. Selon une responsable du service de presse du tribunal, « il s’est enfui la nuit dernière », a simplement dit à des journalistes Olga Diatchouk, selon une vidéo relayée par plusieurs médias russes. Interrogé par l’AFP, son avocat, Vladimir Bilienko, a dit l’avoir vu la dernière fois lundi.

La petite fille dénoncée par l’école

L’affaire a débuté lorsque la fille de M. Moskaliov, Maria Moskaliova, une collégienne âgée de 13 ans, a fait un dessin en classe montrant des missiles se dirigeant vers une femme et un enfant avec un drapeau ukrainien. Dans un contexte de chasse tous azimuts aux voix critiques de l’offensive en Ukraine, la directrice de l’école a immédiatement alerté la police.

Lors de leur enquête sur le père, les autorités disent avoir trouvé des publications en ligne critiquant l’opération en Ukraine, ce qui lui a valu des poursuites pour avoir « discrédité l’armée » russe. M. Moskaliov a été assigné à résidence le 1er mars et sa fille placée dans un foyer et privée de tout contact avec son père.

L’avenir de la famille se jouera d’ailleurs lors d’un autre procès, qui débute le 6 avril, et lors duquel M. Moskaliov risque d’être définitivement privé de son autorité parentale. Son avocat a indiqué mardi à l’AFP que Maria Moskaliova avait été placée sous tutelle et qu’elle pourrait être « envoyée dans un orphelinat d’ici un mois ».

Signe de l’indignation suscitée par cette affaire, une pétition a été lancée en ligne, malgré la pression des autorités, pour demander le retour de l’enfant chez son père. Même le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes combattent en première ligne en Ukraine, a apporté son soutien à Maria et critiqué les autorités locales.

Cette affaire montre l’ampleur prise par la répression orchestrée par le Kremlin en parallèle du conflit en Ukraine. Peu après le début de son offensive qui a débuté en février 2022, la Russie a introduit une série de sanctions pénales pour réprimer toute forme de critique à l’égard de l’armée. Des opposants de renom et de simples citoyens ont été arrêtés, et certains déjà jugés et condamnés.

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