Accueil Soirmag Sexo

Le clitoris toujours tabou

Tout savoir sur cet organe complexe proche du pénis sur bien des points.

Temps de lecture: 3 min

Hippocrate l’appelait le “serviteur qui invite les hôtes”. Pour le médecin grec, le clitoris était essentiel à la jouissance des femmes et à la reproduction ! L’homme considérait même qu’il fallait qu’une femme atteigne l’orgasme pour qu’elle tombe enceinte ! Question d’échange de fluides. Fort de cette conviction, le Moyen Âge n’hésita pas à recommander aux femmes infertiles de frotter la petite protubérance et de l’enduire d’huile parfumée. Méconnu dans sa réalité, le clitoris était alors apprécié et caressé. Au 18 e, siècle des Lumières et du libertinage, il fut particulièrement choyé ; le médecin et philosophe français Julien Offray de La Mettrie l’appelant le “bouton de rose” dans son essai “L’Art de jouir”. Mais le siège de tant de voluptés n’était pas pour plaire au 19 e siècle si moral. Le clitoris allait devenir tabou et même davantage dans nombre de pays protestants. Certains médecins préconisèrent même de l’exciser pour éviter l’hystérie, la masturbation, la lascivité et autre nymphomanie. Ainsi le gynécologue Isaac Baker Brown, président de la Medical Society of London pratiqua la clitoridectomie comme traitement de l’épilepsie, la catalepsie et l’hystérie sans le consentement ou la compréhension de la patiente ! Un abus qui lui valut de perdre sa présidence et son emploi à l’hôpital St Mary de Londres. Mais l’excision continua à être pratiquée jusqu’en 1935 aux États-Unis. De plus la découverte du rôle des spermatozoïdes dans la fécondation acheva la condamnation du clitoris qui fut dès lors considéré comme un organe inutile !

Proche du pénis

clitoris

Il faudra attendre les années soixante du XXe siècle pour que les scientifiques s’y intéressent à nouveau. Grâce à certaines études dont celles de la gynécologue française Odile Buisson qui mit en évidence sa structure globale, on sait que le clitoris est bien davantage que ce petit bouton de rose qui émerge du sexe féminin mais un organe d’une dizaine de centimètres qui dans sa forme, ressemble à une fleur à moins que ce ne soit un oiseau et qui dans son fonctionnement est proche de celui du sexe masculin. Sa partie extérieure est un petit gland qui ne compte pas moins de 8.000 terminaisons nerveuses, près du double de ceux du pénis. Ce gland surmonté d’un capuchon est relié par une tige à deux corps caverneux et deux bulbes vestibulaires ; les équivalents des corps caverneux et spongieux du pénis. Comme le sexe masculin, lors de l’excitation, les parties intérieures se gorgent de sang et le clitoris entre en érection, augmente de volume et change de couleur. Stimulées lors d’une pénétration, les parties profondes et internes du clitoris qui entourent le vagin entraînent la jouissance. Dès lors l’opposition entre orgasme vaginal et clitoridien est caduque !

Toujours méconnu

Étudié depuis plus de 50 ans par les scientifiques, cet organe si essentiel au plaisir reste pourtant mal connu des femmes elles-mêmes. Des études récentes menées en France par le Haut Conseil à l’égalité ont montré qu’un quart des filles de 15 ans ignorent qu’elles ont un clitoris et que pas moins de 83 % des étudiantes de 4e et 3 e années ignorent sa fonction érogène. Il est vrai que dans bien des manuels scolaires, il n’est même pas mentionné ou alors sous la forme d’un point. Mais pour la rentrée 2017-2018, au contraire de toutes les autres maisons d’édition, Magnard a modifié ses planches anatomiques et intégré le clitoris dans ses parties externes et internes ! Une intégration saluée par le SVT égalité, réseau de professeurs visant à lutter contre les stéréotypes dans l’enseignement.

Notre sélection vidéo

Aussi en Sexo

Voir plus d'articles

À la Une