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«Notre sexualité est formatée»

Ces 18 et 19 août, la chorégraphe et danseuse danoise Mette Ingvarsten donne son spectacle « 7 Pleasures » aux Brigittines à Bruxelles et explore le désir dans toutes ses représentations. Interview.

Temps de lecture: 3 min

Douze hommes et femmes dansent, glissent, tremblent, se touchent, se couchent, s’assemblent, se séparent. Douze corps dénudés explorent le désir dans le spectacle « 7 Pleasures » de la chorégraphe danoise Mette Ingvarsten pour interroger nos désirs et plaisirs.

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Nous connaissons les 7 péchés capitaux mais que sont ces 7 plaisirs qui donnent son titre à votre spectacle ?

Le spectacle interroge les rapports entre le corps et son environnement et présente sept plaisirs différents. Le premier est la viscosité. J’imagine les corps des danseurs traversés par un fluide qui glisse et enveloppe les objets du quotidien. Leurs corps nus forment un grand ensemble mouvant et non hiérarchisé qui peut présenter des formes d’intimité inattendues car toutes les parties du corps ont la même importance, une main comme un sexe. Le deuxième plaisir est une surprise dont je ne peux parler. Le troisième est lié aux vibrations et aux tremblements, secouements. Le quatrième a trait aux orgies d’objets…

On est loin de l’approche du plaisir telle que le conçoit classiquement notre société !

La société focalise la sensualité sur les organes érogènes et non sur les autres parties du corps qui ont un potentiel de sensations important.

Vous défendez une sexualité plus imaginative ?

La société est hypersexuelle ; les émotions et sensations sont sollicitées en permanence mais en même temps, notre sexualité est très formatée. Voyez les publicités qui montrent les corps dans des postures et mouvements très standardisés. Il faut une rupture. J’essaie de montrer une autre façon de vivre la sensualité et la nudité.

La nudité est-elle synonyme de fragilité ?

Pas forcément. Dans le spectacle, je parle des autres formes de représentation du corps nu. Le corps se présente différemment, il est tantôt harmonie et calme tantôt fragilité comme lors des moments plus durs du spectacle. Je veux faire réfléchir aux représentations du corps nu que nous avons. La nudité a été vécue et abordée très différemment au cours de l’histoire.

Aujourd’hui avez-vous l’impression qu’il y a retour en arrière ?

Il y a en effet un retour en arrière et un mouvement conservateur qui émerge Et mon spectacle est une façon de s’opposer au conservatisme.

Votre création est un acte militant ?

J’interroge notre sexualité, notre rapport au corps, la nudité. De même je questionne le pouvoir et la façon dont il représente le corps. Je suis danoise et je viens d’une culture où la libération sexuelle des années septante a été forte, interpellant les structures politiques sur les rapports entre les hommes et les femmes. Je m’interroge aussi sur les limites qui disparaissent aujourd’hui entre espace privé et espace public à cause des réseaux sociaux. Les gens postent aujourd’hui des vidéos de leur vie intime et les conséquences de cette tendance ne sont pas claires et m’interpellent.

Les 18 et 19 août aux Brigittines, Petite rue des Brigittines à Bruxelles. Tél. 02/ 213 86 10 www.brigittines.be

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