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Parlons ménopause! Parlons désirs et plaisirs!

Et si la ménopause était une période de plaisirs érotiques intenses ? C’est un des propos de l’excellent spectacle « Ménopausées » du Théâtre de Poche.

Temps de lecture: 4 min

Depuis sa ménopause, l’une a des visions de phallus et ressent une sourde et puissante envie de s’envoyer en l’air avec de jeunes inconnus. L’autre, malgré ses bouffées de chaleur, n’a jamais éprouvé des orgasmes aussi forts et revit la passion avec son compagnon. Sur la scène du Théâtre de Poche et sous une immense lune, les trois excellents comédiens de « Ménopausées » donnent vie à une cinquantaine de témoignages de femmes qui disent leurs ressentis par rapport à la ménopause. Marie-Paule Kumps, Serge Demoulin et Dominique Pattuelli libèrent la parole sur ce moment de la vie féminine longtemps considéré comme tabou, lui qui projette la femme dans la vieillesse et la rend – osons le qualificatif – inutile ; dans notre société patriarcale, le rôle des femmes n’a-t-il pas longtemps été réduit à celui de la reproduction ? Et aujourd’hui encore, la ménopause est passée sous silence. Qui évoque autour d’une table avec des copines et copains les changements physiques et psychiques qu’il occasionne ? Le sujet reste sensible et d’autant plus qu’il est associé aux peaux qui se flétrissent et aux corps qui s’alourdissent, évolutions vues comme dramatiques dans une société obsédée par le jeunesse.

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Mais ici sur la scène du Théâtre de Poche, la ménopause se raconte avec intelligence, humour, légèreté, sérieux. Les témoignages sont multiples, contrastés mais tous soutenus par la volonté de faire de cette période de la vie un moment positif. Il n’est pas question ici de se plaindre des troubles engendrés mais de montrer que le moment peut être l’occasion de faire le bilan de sa vie et de démarrer autre chose à tout point de vue, au niveau personnel comme sexuel, familial et même professionnel. Le ton n’est pas aux larmes et aux apitoiements mais à la prise de conscience et la volonté d’aller de l’avant. Un spectacle salutaire tant la ménopause a été trop longtemps présentée comme une fatalité projetant d’un coup les femmes dans la vieillesse. La pièce de Caroline Safarian et Dominique Pattuelli est jubilatoire et libératoire car elle participe à l’affranchissement des diktats millénaires pesant sur le corps et la sexualité des femmes.

Sexe et ménopause

Maintenant on reconnaît que le propos de la pièce relève d’une démarche volontariste. La ménopause est au niveau intime un moment souvent difficile tant le corps est soumis à des importants changements. Progressivement entre 45 et 55 ans, parfois dès 30 ans, les règles deviennent irrégulières puis sans ovulation avant de s’arrêter complètement. Les changements hormonaux s’accompagnent d’une cohorte de soucis physiques aussi nombreux qu’incommodants : cela va des bouffées de chaleur aux maux de tête en passant par les douleurs musculaires et palpitations cardiaques, angoisses et tristesses, insomnies et nuits difficiles, assèchement de la muqueuse vaginale et infections vaginales, perte de cheveux et prise de poids, sautes d’humeur et irritabilités, difficultés de concentration et baisse de désir. Rien de moins…

Mais attention toutes les femmes ne ressentent pas l’ensemble de ces symptômes : les fameuses bouffées de chaleur sont vécues par 50 % des femmes et parmi celles-ci, la moitié encore dit qu’elles en sont incommodées seulement à l’occasion. Et quant aux autres problèmes, ils ne surviennent que chez 30-50 % des femmes et seulement un petit pourcentage – 10 %- reconnaît en souffrir réellement. De plus les médecins le soulignent qu’il n’est pas toujours évident de différencier les problèmes réellement physiques de ceux qui sont plus psychiques. Certaines femmes se sentent déprimées et fatiguées car elles n’ont plus la capacité de donner la vie. Comme l’a montré la sociologue Pauline Bart, les femmes qui ont centré leur vie sur leur famille en restant chez elles traversent plus difficilement cette période et dépriment davantage que celles qui travaillent à l’extérieur. D’autres femmes encore vivent mal ce moment simplement parce qu’elles l’associent au vieillissement. Elles se sentent moins désirables, persuadées que les rides et formes leur ont fait perdre tout pouvoir de séduction. Autour de la cinquantaine, la libido s’essouffle souvent sans que l’on sache exactement si c’est le corps ou la tête qui en est responsable. À moins que ce ne soient les années de couple et la routine amoureuse.

Mais contre les tracas physiques de la ménopause, il ne faut pas oublier que des traitements hormonaux existent. Certains les décrient pour les risques de cancer de l’utérus mais d’autres soulignent que ces traitements diminuent la probabilité de souffrir d’ostéoporose et de maladie d’Alzheimer. Mais plus les symptômes seront légers, plus il est aisé de les dépasser. Quant aux problèmes psys, on travaille sur soi pour les dépasser et on va voir « Ménopausées ».

Ménopausées

Au Théâtre de Poche : jusqu’au 2 février 2019

1a, Chemin du gymnase

1000 Bruxelles

(Bois de la Cambre)

À la Vénerie : du 7 au 9 Mars 2019

À Wolubilis : le 1er mars 2019 (complet)

Centre culturel de l’Arrondissement de Huy : 8 février 2019 (complet)

Centre Culturel de Gembloux : 16 février 2019

www.poche.be

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