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Sexe: gare à la première fois!

Le premier rapport sexuel se vit mieux à 18 ans qu’à 13 et quand on est éduqué et nanti… C’est que montre une vaste étude britannique menée auprès de milliers de jeunes !

Journaliste Temps de lecture: 4 min

Qui a oublié « la » première fois ? Elle reste ancrée dans bien des mémoires alors que souvent elle est peu glorieuse : rapide, maladroite, frustrante. Le stress est bien plus présent que le plaisir, rarement partagé de surcroît. La peur même peut être envahissante : celle de mal faire, de faire mal ou d’avoir mal. Mais quoi de plus normal après tout ; rares sont les garçons et les filles qui maîtrisent d’emblée les corps – le leur et celui de leur partenaire – comme leurs plaisirs.

Pourtant aussi peu jouissive soit-elle, cette première fois compte et pas seulement pour sa charge symbolique mais aussi parce que la sexualité d’un individu se construit tout au long de la vie au gré des expériences émotionnelles, sensuelles et sexuelles vécues. À ce titre, ce premier rapport participe au bien-être sexuel et le construit. Et si l’on en croit une récente étude anglaise, la façon dont il est vécu est liée à l’âge comme à des facteurs sociaux !

Âge et compétence sexuelle liés

Il y a quelques mois, l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres et l’Université de Londres ont publié une étude centrée sur ce premier rapport sexuel qui ne se focalise pas uniquement sur l’âge des protagonistes comme c’est souvent le cas mais le met en rapport avec la compétence sexuelle et le contexte dans lequel il se passe. Elle a d’abord interrogé pas moins de 2.825 jeunes Britanniques âgés de 17 à 24 ans sur l’âge de leur première relation pour les interroger ensuite sur leur compétence sexuelle ! Un bien grand mot que celui de « compétence » qui ne désigne pas la capacité à éprouver ou donner du plaisir mais le fait d’utiliser des contraceptifs, d’avoir pris la décision d’un rapport sexuel en toute indépendance, d’être en accord avec son ou sa partenaire par rapport à cet acte et – enfin — d’avoir décidé du moment pour le faire. Autant de critères qui comptent pour que la sexualité puisse être bien vécue. Et l’étude britannique a mis en évidence que cette compétence était fortement liée à l’âge ! Quand le premier rapport sexuel était vécu entre 13 et 14 ans, seulement 22,4 % des garçons et 36,2 % des filles étaient compétents. Par contre, quand le premier rapport était vécu à 18 ans ou plus, les pourcentages montaient à 63,7 % et 60,4 % chez les hommes et les femmes !

Niveau social et compétence sexuelle

L’étude universitaire a poussé plus loin son analyse pour mettre en évidence les contextes sociaux liés à cette incompétence. Elle a observé qu’elle était associée à un niveau d’éducation peu élevé, des moyens financiers réduits et le fait de prendre ses amis comme principales sources d’apprentissage du sexe – cela concerne uniquement les femmes —. Souvent aussi cette incompétence se produisait entre deux jeunes qui ne vivaient pas une relation amoureuse stable et ignoraient si leur partenaire avait déjà eu ou non un rapport sexuel. Ainsi même dans l’intimité, les inégalités sociales président… Le premier rapport sexuel est mieux vécu si on est plus âgé, plus amoureux, plus éduqué et plus nanti !

Penser cette première fois et la préparer

Au-delà de l’âge et du niveau social épinglés par cette étude comme essentiels à la compétence sexuelle et au bien-être intime, celle-ci doit nous inciter à plus d’éducation sexuelle. À la maison comme en classe, il faut parler aux jeunes de cette grande première comme de leur vie sexuelle et affective. Plus qu’une question d’âge – les statistiques indiquent d’ailleurs qu’en moyenne, ce premier rapport se passe entre 17 et 18 ans – cette compétence sexuelle est liée à une réflexion par rapport à l’intime, une sensibilisation, une éducation. Pour que cette première initie bien la vie sexuelle, il est important de la préparer et de ne pas précipiter les choses : choisir la personne avec laquelle on veut la vivre et décider ensemble du lieu et du moment. S’aimer à la maison dans sa chambre quand les parents sont absents est préférable au fait d’expédier la chose à la va-vite dans les toilettes de l’école ou d’une boîte. Il fait prévoir du temps pour que les corps s’apprivoisent, se chauffent progressivement et se donnent envie. Et même si la chose est programmée, il ne faut pas craindre de dire non si on ne le sent pas tous les deux ! Le con-sen-tement n’est pas un vain mot. Et puis il faut penser aux préservatifs non seulement pour éviter les risques de grossesse mais aussi les IST, les infections sexuellement transmissibles. Dans de telles conditions, la chose se passera mieux mais pas pour autant au mieux car comme nous l’avons dit, le plaisir s’apprend et s’améliore à chaque fois.

L’étude « Prevalence and correlates of ‘sexual competence’ at first heterosexual intercourse among young people in Britain a été menée par Melissa J Palmer, Lynda Clarke, George B Ploubidis, Kaye Wellings. Elle a été publiée en janvier 2019 dans le journal BMJ

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