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La série «Chernobyl» à l’épreuve des souvenirs de témoins: «On m’a ordonné de m’y rendre» (vidéos)

Dans la très acclamée mini-série américaine « Chernobyl » Olexiï Ananenko, ancien ingénieur qui a risqué sa vie, est salué comme l'un des hommes ayant évité une catastrophe encore plus grave lors du pire accident nucléaire de l'Histoire.

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Habitant aujourd'hui dans un modeste deux-pièces en périphérie de Kiev, Olexiï Ananenko assure pourtant ne pas être un « héros ». « Je ne me suis jamais senti comme un héros. C'était mon boulot », confie à l'AFP cet homme de 59 ans, ancien ingénieur qui a risqué sa vie en 1986 dans la centrale accidentée de Tchernobyl, qui se trouve à une centaine de kilomètres au nord de son logement. Dans l'un des épisodes les plus dramatiques, la mini-série produite par la chaîne HBO raconte l'histoire de M. Ananenko et de deux autres ingénieurs, Valeri Bespalov et Boris Baranov, qui sont descendus sous le coeur brûlant du réacteur de Tchernobyl pour vider un réservoir d'eau situé à trois mètres de profondeur.

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À l’écran, les trois hommes, conscients du danger imminent, se portent volontaires pour cette mission afin d’éviter les « millions » de morts que provoquerait une deuxième explosion, à même d’être déclenchée par le contact du combustible nucléaire avec l’eau du réservoir. En réalité, si les craintes d’une deuxième explosion existaient bel et bien, son ampleur potentielle n’était pas claire. Et les trois « kamikazes » ont simplement obéi aux ordres, sans avoir clairement été informés sur les risques qu’ils encouraient. « On m’a ordonné de m’y rendre, alors je suis all », se souvient M. Ananenko, dont les cheveux bruns et les yeux marron contrastent avec la crinière blonde de l’Islandais Baltasar Breki Samper, qui l’incarne dans la série. « Je n’avais pas peur », poursuit-il.

« C’était magnifique »

Protégés seulement par des équipements de plongée et de petits masques, les trois hommes ont arpenté les couloirs partiellement inondés sous le réacteur. À l’aide de torches électriques, ils sont parvenus à trouver dans le noir les verrous du réservoir et à les ouvrir rapidement. « J’ai aussitôt entendu le bruit qui signifiait que l’eau a commencé à se vider. C’était magnifique ! », raconte M. Ananenko. En regardant la même scène à l’écran de son ordinateur, il ne peut pas s’empêcher de noter les divergences. « Cela, on l’a pas eu », lance-t-il en montrant du doigt les ballons des plongeurs. « Et on marchait plus vite. Pourquoi ? Si tu es lent, la dose (de radiation absorbée) sera plus élevée ».

Malgré deux dosimètres sur lui, M. Ananenko ne sait pas quel niveau de radiation son corps a absorbé. Il n’a pas retenu le chiffre affiché : « Cela veut dire qu’il n’était pas très élevé », estime-t-il. Contre toute attente, il n’a pas souffert de graves problèmes de santé immédiatement après sa mission et a continué à travailler dans le secteur nucléaire jusqu’en 2017, quand un accident l’a plongé dans un coma d’un mois et affecté sa mémoire, le forçant à prendre sa retraite.

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