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Aux États-Unis, le groupe Facebook raciste et sexiste des agents aux frontières qui fait scandale

Parmi les cibles privilégiées des internautes, les migrants dont ils moquent la mort, mais aussi la Démocrate américaine Alexandria Ocasio-Cortez. Un groupe secret démasqué par le média américain Propublica. Glaçant et édifiant.

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9.500 membres : des agents aux frontières toujours en poste ou qui ont quitté le job. Tous font partie d’un groupe Facebook appelé « I’m 10-15 ». Un nom de code bien connu de ces patrouilleurs puisque ça signifie, dans le jargon, « détention d’étrangers en cellule ». Sur ce groupe secret, les agents américains s’en donnent à cœur joie : liberté de ton totale pour ces patrouilleurs devenus internautes le temps de quelques publications racistes et sexistes. L’affaire vient d’être révélée au grand jour, ce lundi 1er juillet, par le site d’informations Propublica. Percutant.

« I’m 10-15 », racisme et sexisme

Jusqu’ici, l’existence de ce groupe ultra-discret n’était pas connue du grand public. Les publications qui y sont partagées s’attaquent – sous forme de « blagues » ou d’« images » comme le note le Huffington Post qui retrace l’enquête de Propublica – aux migrants. Mais pas uniquement : deux personnalités politiques américaines sont visées. Toutes les deux charrient des origines hispaniques : la première s’appelle Veronica Escobar, élue démocrate. Elle est moins connue du grand public que l’autre cible privilégiée du « I’m 10-15 ». Puisque la seconde n’est autre qu’Alexandria Ocasio-Cortez, la députée américaine démocrate qui monte et qui en agace visiblement plus d’un.

Ce lundi 1er juillet, les deux femmes ont visité un centre de rétention à Clint, au Texas. À ce propos, Alexandria Ocasio-Cortez a dénoncé les conditions « horribles » dans lesquelles les migrants y étaient détenus. Un constat corroboré par l’ONG Human Rights Watch. Toujours est-il que cette visite avait fait grand bruit sur le groupe Facebook « I’m 10-15 ». Un internaute proposait de créer une cagnotte en ligne qui servirait à récompenser l’agent aux frontières qui lancerait un burrito sur les deux femmes. Comme le note le Huffington Post, les élues en prennent pour leur grade. Les internautes les qualifiant, sur ce groupe secret aux sévères relents racistes et sexistes, de « seau de merde » ou de « putes ».

« On est sûr que ce n’est pas un montage ? »

Alertée par cette enquête de Propublica, Alexandria Ocasio-Cortez est montée au créneau sur Twitter. Elle a notamment lu cette idée de cagnotte et déplore les moqueries sur « la mort de migrants ». Pour l’Américaine, « ce ne sont pas quelques ‘mauvaises graines’ (qui pullulent sur ce groupe secret, ndlr), c’est une culture de la violence ». Sur le groupe Facebook, le média américain a constaté des photomontages pour le moins suggestifs d’Alexandria Ocasio-Cortez. Morceaux choisis : on la voit faire une fellation à un migrant ou encore être attirée par Donald Trump vers son entrejambe. Ce qui a fait dire à Alexandria Ocasio-Cortez, toujours sur Twitter, qu’elle comprenait désormais « pourquoi les agents étaient tellement menaçants physiquement et sexuellement avec moi » lors de la visite du centre de rétention de Clint.

Le groupe secret ne se contente donc pas de s’attaquer aux deux femmes politiques. Le Huffington Post pointe un exemple épinglé par Propublica et qui, lui, surfe sur l’actualité du moment. Rappelez-vous donc de cette photo d’un père et de sa fille, retrouvés morts noyés dans le Rio Grande. Le cliché a secoué la planète et a mis à mal le gouvernement américain dans sa gestion de la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Un internaute, patrouilleur aux frontières donc, a jugé bon de se moquer de ces décès : « Je n’ai jamais vu de ‘floaters’ (un corps qui flotte, ndlr) de cette qualité-là. Est-ce qu’on est sûr que ce n’est pas un montage  ? On a tous vu les Démocrates faire des choses plutôt folles », questionne-t-il en publiant la photo. Il ne manquait donc plus qu’un chouïa de complotisme pour que la tableau soit entièrement dressé.

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