Petite histoire d’un grand tableau belge: «Baigneuse»
En 1910, Léon Spilliaert réalise ce dessin presque expressionniste d’une jeune femme assise devant une mer agitée.
La mer ondule de vagues bleues et noires, sombres et ténébreuses. Une jeune femme en maillot de bain est assise devant cette masse agitée et angoissante. Elle semble recevoir ses mouvements en plein corps, son ventre se creuse comme sous le choc. Elle nous apparaît de dos, dès lors lointaine et inatteignable. Souffre-t-elle de solitude ? De dépression ? Elle est seule face au monde marin grouillant, assise sur les rebords rectilignes d’un grand escalier. Deux univers s’affrontent et s’équilibrent dans une composition épurée et géométrique aux dimensions existentielles. Le monde construit par l’homme – la culture ? – soutient la belle nageuse et lui permet de ne pas être absorbée par la mer agitée. À côté de la jeune femme si triste, un petit animal, noir lui aussi, regarde les flots. Il tient autant du chien que du renard.