Adieux: John le Carré, le maître du double jeu
Mémorialiste incontesté de la guerre froide, John le Carré s’est éteint à 89 ans. Les espions perdent leur meilleur ennemi.


Il disait, « Je suis juste un écrivain qui fut, brièvement, espion. » John le Carré était trop modeste s’agissant de son œuvre, forte d’une vingtaine de livres, quasiment tous marquants, écrits à l’encre du Secret Service. Le célèbre auteur de « L’espion qui venait du froid » est mort samedi 12 décembre en Cornouailles des suites d’une pneumonie. Ancien diplomate, espion un court moment (le temps d’y puiser son inspiration), le Carré a marqué les esprits en brossant le tableau lugubre et fascinant de la guerre froide. Ses romans sont truffés d’oreilles ennemies, de pavés luisants, de luttes sournoises entre « correspondants » étrangers, dans une atmosphère en noir et blanc, quand l’Est et l’Ouest se regardaient en chiens de faïence. Son héros, George Smiley, incarne à lui seul cette période de l’histoire où tout se joue dans la marge.