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Italie: une élève en distanciel forcée de se bander les yeux pour un examen

Cette pratique, qualifiée de « préjudiciable à la dignité humaine », est depuis devenue une affaire politique nationale.

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« Un événement honteux, emblème de toutes les distorsions de l'enseignement à distance ». Voilà comment le Réseau italien des étudiants du secondaire qualifie l’incident qui a eu lieu jeudi dernier dans un collège de Vérone. Là-bas, une enseignante a obligé une élève en distanciel à se bander les yeux. « Prends un foulard et mets-le toi-même, je veux voir si tu as vraiment étudié », lui a-t-elle dit alors que la fille de 15 ans passait un examen d’allemand. Elle lui reprochait d’avoir de « trop bons résultats » et ne la croyait pas capable de réussir aussi bien sans tricher. Selon le Corriere della Sera, au moins deux autres adolescents ont subi le même traitement. Après des protestations, la polémique n’a cessé de grandir, au point de poser question sur le traitement général des élèves en distanciel.

« Ce sont des méthodes d’inquisition »

Suite à l’incident, la jeune fille s’est confiée à ses amis, se disant « humiliée ». Ceux-ci ont alors porté l’affaire sur les réseaux sociaux et fait remonter l’affaire au niveau des autorités scolaires. La direction des affaires scolaires de Vénétie a ouvert une enquête et un représentant de l’école a fait connaître sa désapprobation. « Ce sont des méthodes d’inquisition », a-t-il déclaré, comme le relaye La Repubblica.

La directrice scolaire régionale Carmela Palumbo a également qualifié la pratique de « préjudiciable à la dignité humaine » et contacté le directeur de l’établissement véronais. Elle veut qu’élèves et enseignants soient entendus pour reconstituer les faits et prendre les mesures les plus appropriées possibles.

Les députés et le gouvernement sur le coup

La publication de la photo de l’élève, les yeux bandés, a eu toutefois un écho bien plus grand encore. L’incident est remonté jusqu’au gouvernement italien qui a décidé de réagir. « La culture de la suspicion n’entre pas dans les objectifs de l’école: le geste de la professeure me semble excessif et inopportun. J’adresse ma solidarité à la collégienne », a déclaré la sous-secrétaire d’Etat à l’éducation du gouvernement de Mario Draghi, Barbara Floridia.

L’affaire pourrait même faire l’objet d’un débat au palais Montecitorio, siège de la Chambre des députés à Rome. C’est en tout cas le souhait du secrétaire national de la gauche italienne, Nicola Fratoianni, qui est également le vice-président de la commission culturelle de la Chambre. « Nous présenterons une question parlementaire au ministre Bianchi afin que le bureau régional de l'école de Vénétie procède à tous les contrôles nécessaires et prenne des mesures immédiates et sévères envers la personne responsable de cet épisode grotesque », a-t-il déclaré.

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