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Ces prêtres philippins sont devenus des stars de TikTok (vidéo)

Depuis la fermeture l’an dernier aux Philippines de la plupart des lieux de culte, des ecclésiastiques férus de nouvelles technologies ont transformé la célèbre plateforme en une chaire virtuelle.

Temps de lecture: 4 min

Déjà 1,6 million de followers sur TikTok. Depuis plus d’un an, dans l’espoir de conquérir de jeunes fidèles, Fiel Pareja, un prêtre philippin, prie, danse et entonne dans des vidéos des chants chrétiens version pop.

Tous les soirs, depuis un presbytère au nord de Manille, M. Pareja consacre jusqu’à six heures à l’enregistrement de courtes vidéos pour TikTok.

Son objectif est de fournir un contenu pertinent, créatif et «  pas ennuyeux », explique ce prêtre, âgé de 30 ans, ordonné peu avant le début de la pandémie de Covid-19 qui a contraint les autorités de l’archipel à ordonner plusieurs mois de confinement.

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Vêtu d’une soutane noire, il récite des versets de la Bible, propose des prières en anglais ou en tagalog, la langue nationale philippine. Il lui arrive également de danser et chanter sur une version originale de « Stay » d’Alessia Cara et Zedd.

Cette évangélisation quelque peu singulière a rencontré un large écho auprès de la Génération Z.

Chacune de ses 670 vidéos a reçu des dizaines de milliers de « likes », ce qui lui vaut d’être surnommé « Père TikTok ».

« Cybermission »

«  Je pense que les réseaux sociaux peuvent nous aider à toucher les jeunes », affirme M. Pareja, également suivi par des musulmans, des protestants et des méthodistes.

En dépit de l’ampleur du travail que représentent ses contenus, le trentenaire se dit « heureux » de pouvoir ainsi satisfaire les « besoins spirituels ».

Parmi ses fans, Erica Jacaba, une catholique non pratiquante de 20 ans.

Cette habitante de l’île centrale de Bohol se dit réconfortée par les prières du père Pareja qui lui permettent d’oublier son « chagrin » et « son stress ».

Devenue accro, elle n’oublie pas de s’assurer qu’elle a suffisamment d’argent sur son téléphone pour avoir suffisamment de réseau pour visionner ses vidéos.

Les catholiques représentent 80 % de la population philippine où l’Eglise demeure très influente.

Cependant, Luciano Felloni, prêtre dans une paroisse de Manille, redoute un recul de la foi chez les jeunes.

Selon lui, TikTok et les autres réseaux sociaux sont donc devenus «  incontournables ».

«  L’Église doit être pleinement présente dans la cybermission », selon cet Argentin de 47 ans établi aux Philippines depuis plus de 20 ans.

Il enregistre et télécharge des vidéos TikTok pour les plus de 11.000 personnes qui le suivent, leur prodiguant des conseils pour rester optimistes.

«  Sur les réseaux sociaux, j’ai appris que l’authenticité pousse les gens à vous suivre » et «  la spontanéité est essentielle », explique le prêtre qui n’hésite pas à s’afficher en nage dans sa tenue de sport après un jogging matinal.

« S’adapter à son époque »

C’est en 2016 qu’il a commencé à poster des vidéos sur Facebook avant de migrer l’an dernier sur TikTok après avoir remarqué que c’était la plateforme préférée des jeunes.

Désormais, il encourage les autres prêtres à utiliser les réseaux sociaux en organisant notamment des ateliers sur les différentes plateformes et sur la manière d’attirer des abonnés.

L’épidémie de Covid-19 a bouleversé la façon dont la plupart des Philippins pratiquent leur religion.

Pendant plus d’un an, beaucoup n’ont pas pu entrer dans une église ou communier.

La retransmission en direct de messes sur Facebook ou YouTube ainsi que la publication de messages religieux sur Instagram sont incontournables et cela devrait perdurer une fois la pandémie terminée, estime Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Manille.

TikTok est aussi un outil incontournable pour le père Paul Woo qui tente d’attirer les jeunes sur les bancs de l’église à Navotas City, l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale.

Vêtu de sa tenue sacerdotale, M. Woo participe à des défis de danse et partage ses sermons avec ses plus de 65.000 fidèles.

«  L’église doit vraiment s’adapter à son époque » et «  il y a de nombreuses façons créatives de toucher les gens, surtout maintenant que nous avons le don de la technologie numérique ».

AFP

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