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Euro : la diffusion des images du malaise d’Eriksen font polémique dans toute l’Europe

Ce sont surtout certains plans qui ont fait polémique. Dans certains pays, la télévision publique a déjà présenté ses excuses.

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Pendant près d’une minute et demie, les spectateurs européens ont pu voir le joueur Christian Eriksen à terre, victime d’un malaise cardiaque. Après, ses camarades se sont mis en cercle autour de lui et la caméra s’est principalement contentée de montrer leurs larmes, avant que le Danois ne soit évacué du terrain. Est-ce qu’il fallait vraiment diffuser cette scène ? C’est la question qui s’est posée un peu dans toute l’Europe. La polémique est telle que les premières excuses publiques ont commencé à tomber, comme du côté de la BBC.

Le choc au Danemark, au Royaume-Uni et en Finlande

Au Royaume-Uni, la diffusion des images a d’autant plus choqué que d’habitude, la BBC est connue pour sa réactivité lorsqu’il faut cesser un direct, comme lorsque des « streakers » nus envahissent un terrain de football. Est-ce que cela n’a pas été fait tout simplement au vu de la confusion du moment ? Dans sa réponse, la BBC apporte une autre explication. « Nous présentons nos excuses à quiconque a pu être choqué par les images diffusées. La retransmission dans le stade est contrôlée par l’UEFA, en tant que diffuseur hôte, et dès que le match a été suspendu, nous avons interrompu notre retransmission aussi rapidement que possible ». L’ancien joueur de football Gary Lineker, qui commentait le match, a lui aussi pris la parole : « Je comprends que certains d’entre vous aient été choqués par les images diffusées (nous aussi). Evidemment, ces images étaient celle du (diffuseur) hôte et hors de notre contrôle. Ils auraient dû rester sur un plan large du stade. Toutes nos excuses ».

En Finlande, cette même question a là aussi été très vive, alors que le pays affrontait justement les Danois. Finalement, la télévision publique finlandaise a fini par présenter ses excuses pour la diffusion des images d’Eriksen. « Le signal international contenait trop de plans serrés (...) On va tirer les leçons de cet incident », a déclaré la directrice générale de la chaîne Yle Marja Ylä-Anttila

Le Danemark, premier pays concerné par cette affaire, n’a évidemment pas échappé à la polémique. « Si nous avions su qu’il y aurait 2, 3 ou 4 plans qui franchiraient la ligne, nous aurions préféré ne pas les montrer », a tweeté Kim Mikkelsen, propriétaire d’un service de streaming scandinave, Viaplay, qui diffuse l’Euro. Le ton est similaire du côté de la télévision publique danoise : « Quand nous étions sur le signal (fourni par l’UEFA), ces images ont été diffusées sur Viaplay. Avec le recul, nous aurions préféré éviter cela ».

Hors Europe du Nord, un climat moins tendu

Ailleurs, pas d’excuses mais des réactions tout de même, comme en France avec BeIN Sports. « Nous faisions confiance au producteur qui était sur place pour le choix de mettre telle ou telle image à l’antenne », affirme à la AFP Florent Houzot, directeur de la rédaction de la chaîne. « Tous les plans proposés ont été très respectueux de la personne du joueur », avec « des plans d’images les plus larges possible », précise-t-il, surtout à partir du moment où un massage cardiaque a commencé à être réalisé.

Si en Espagne, l’affaire ne fait pas autant débat, ce n’est pas le cas en Allemagne. Le président allemand de l’Union des journalistes, Frank Überall a estimé qu’il était « intolérable » voire « irresponsable et contraire à l’éthique journalistique » de diffuser ces images. Il parle d’une « erreur grossière » assimilable à du « voyeurisme ». Des attaques balayées par le chef des sports de la chaîne publique ZDF qui fait remarquer qu’aucun gros plan n’a été fait « lorsque la gravité du malaise est apparue ».

Enfin, l’UEFA a réagi via le réalisateur de la rencontre, le Français Jean-Jacques Amsellem. « À aucun moment nous ne sommes allés faire des plans serrés sur lui (...) Je n’ai pas trouvé qu’on faisait dans le pathos ou dans le glauque », dit-il au journal L’Équipe, bien que l’on pouvait entrevoir notamment un défibrillateur. « Je suis allé à un moment sur des Danois en larmes parce qu’il fallait tout de même montrer la détresse. On voit aussi l’émotion des Finlandais, celle du public », ajoute-t-il en concluant : « Je n’appelle pas cela du voyeurisme. Si on m’avait dit ‘tu te contentes du plan large’, je l’aurais mis ».

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