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Alexandre contre Yann Moix: quand la rancoeur éclate au tribunal

La rancoeur entre les deux frères Moix, Yann et Alexandre, tous deux écrivains, a éclaté vendredi au tribunal où l’aîné est poursuivi pour diffamation par son cadet, qui l’accuse de violences et de harcèlement.

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La rancoeur entre les deux frères Moix, Yann et Alexandre, tous deux écrivains, a éclaté vendredi au tribunal où l’aîné est poursuivi pour diffamation par son cadet, qui l’accuse de violences et de harcèlement.

Alexandre Moix, 48 ans, a intenté ce procès après une émission télévisée, Balance ton post sur C8 en novembre 2019, où Yann Moix, de quatre ans son aîné, l’accusait d’un passé de «proche de groupuscules néo-nazis» et de victime d’un «drame psychiatrique», «interné».

Dans son réquisitoire, le procureur a estimé, sans recommander de peine, qu’un seul propos était éventuellement condamnable: celui où Yann Moix affirmait que son frère avait pris «des psychotropes lourds pendant de nombreuses années».

Alexandre Moix a nié avoir suivi un traitement aussi lourd. Il affirme avoir été hospitalisé une seule fois, pendant trois semaines, puis avoir pris des médicaments pendant un an environ. Il a par ailleurs assuré, témoin à l’appui, n’avoir jamais eu aucune activité politique.

Yann Moix ne s’est pas présenté. Il a transmis au tribunal correctionnel de Paris une lettre de quatre pages où il explique ses raisons de ne pas voir son frère, «un homme dangereux» selon ses termes.

Lors de sa plaidoirie, son avocat Jean-Marc Fedida a précisé que l’auteur de «Podium» se refusait à un «déballage» public de la mésentente entre frères. «Yann Moix a fait le choix de s’écarter des chemins judiciaires (...) Il n’a pas voulu ce procès», a souligné l’avocat.

La défense a réclamé la relaxe. D’après Me Fedida, accuser quelqu’un d’être proche de néo-nazis, «ça fait des années que la jurisprudence dit que ce n’est pas diffamatoire, pour une raison simple : c’est que le tribunal de la République ne sera jamais un tribunal de la pensée».

Un frère Orange mécanique»

Peu surpris de l’absence du prévenu, Alexandre Moix a été seul à charger. «Mon frère n’aime pas ma présence sur Terre», a-t-il expliqué.

L’animosité entre les deux hommes avait éclaté publiquement à l’occasion de la parution en août 2019 du roman de Yann Moix «Orléans», où il racontait avoir été victime de sévices de la part de ses parents.

Mais à la stupéfaction générale, Alexandre Moix, personnage absent de ce roman, avait répliqué quelques jours plus tard, dans une lettre ouverte, qu’en vérité son aîné lui avait fait subir des sévices physiques et psychologiques.

«J’ai vécu avec mon frère une enfance terrible», a-t-il répété au tribunal. Il a raconté comment Yann Moix l’aurait par exemple «poursuivi avec un couteau de boucher» ou lui aurait arraché un ongle en coinçant ses doigts dans une persienne.

A l’âge adulte, «mon frère m’a harcelé pendant des années», a poursuivi Alexandre Moix. Il aurait par exemple appelé son épouse, alors enceinte, pour lui dire: «Je vais te faire avorter!»

«J’aurais adoré qu’on soit deux frères qui s’aiment» mais «j’ai eu un frère Orange mécanique», a déclaré Alexandre Moix, en référence au film de Stanley Kubrick.

«Rien ne l’arrête (...) Je demande à la justice aujourd’hui de faire en sorte qu’il cesse de nuire à ma carrière, à ma famille», a-t-il ajouté.

Yann Moix a assumé, dans un roman ultérieur, «Reims», publié en mai, l’erreur de ses écrits antisémites et négationnistes de jeunesse, longuement évoqués devant le tribunal vendredi. La partie civile en a lu des passages dans sa plaidoirie.

La décision a été mise en délibéré au 26 novembre.

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