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En France, après 26 ans d’arrêt de travail, il va aux prud’hommes suite à son licenciement

En France, Roger Laurent a été en arrêt maladie après avoir été amputé des deux jambes.

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L’histoire de Roger Laurent est atypique et pour cause. Cet habitant de Lomme en France vient de saisir les prud’hommes après son licenciement pour « inaptitude au travail ». Le conseil des prud’hommes doit régler le litige entre cet employé et l’entreprise Cargill, spécialisée dans l’amidonnerie, rapporte La Voix du Nord.

Roger Laurent a été embauché en 1983 aux Produits du maïs, qui deviendra Cargill en 2002. Dans un premier temps, il est ouvrier à la tour d’atomisation. En 1992, l’homme est amputé des deux jambes après un accident sur un chantier. Deux ans plus tard, l’entreprise constate son incapacité pour garder son ancien poste, il est alors réaffecté à « la bascule ». Il a déclaré à La Voix du Nord n’avoir reçu aucune formation pour ce poste, « mais j’ai fait le travail quand même  ! » assure-t-il.

Finalement, en 1997, il est mis en arrêt maladie jusqu’en 2021. « Je ne comprends pas pourquoi la société ne lui a jamais proposé une formation pour travailleur handicapé, comme la loi l’y oblige, un poste de travail adapté. Et, puisqu’elle ne l’a pas fait, pourquoi, en 25 ans, elle ne l’a jamais licencié » déclare Claude Dhébin, militant CGT à La Voix du Nord. « Moi qui fus conseiller prud’homal pendant 36 ans, dont plusieurs années de présidence, je n’ai jamais entendu parler d’un cas pareil  ! » ajoute-t-il.

L’entreprise ne lui a rien proposé

Depuis 1997, Roger Laurent touche une pension d’invalidité de 3e catégorie de 1.900 euros environ. Ce qu’il reproche à son entreprise, c’est de ne jamais avoir adapté sa situation : « Pendant toutes ces années, mon employeur ne m’a pas proposé de formation ni de nouveau poste adapté à mon handicap. Alors que c’était possible : on peut cumuler une pension d’invalidité avec un emploi », déclare-t-il.

L’entreprise ne l’a jamais licencié non plus : « « Si tu veux qu’on te licencie, il faudrait demander ton compte ! », ils m’ont dit. Que je démissionne, quoi… Je n’ai pas insisté. D’abord parce que j’ai traversé des périodes très difficiles de dépression et que je n’aurais pas eu la force de me lancer dans un conflit pareil. Mais aussi par fierté. Et je ne voulais pas faire de mendicité » raconte Roger Laurent.

Finalement, Cargill, qui ne s’est pas prononcé sur l’affaire pour le moment, a contacté Roger Laurent pour un entretien préalable à un licenciement pour inaptitude au travail. « Dorian Valois, le délégué syndical CGT qui m’assistait, avait demandé l’équivalent de 14 mois de salaire et finalement. Et que finalement, je n’ai obtenu que 7 410 €… » déclare Roger Laurent. Il a alors décidé de porter l’affaire aux prud’hommes pour mettre au clair cette situation inédite.

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