Alia Cardyn: «Le monde des enfants m’émerveille»

Quelle est l’origine de ce joli projet ? Pour l’un de mes romans précédents, « Mademoiselle Papillon », j’ai fait une immersion dans un service de néonatalogie. Un jour, je me trouvais près de Marie Tackoen, cheffe de ce service à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, car elle était en train de relire mon livre. Elle m’a alors regardée et m’a dit : « Pourquoi tu n’écrirais pas un album pour les fratries des bébés prématurés ? » Elle m’a expliqué qu’il n’existait pas de production récente et qu’elle avait besoin d’outils pour accompagner ces frères et sœurs qui découvrent la vie avec un petit prématuré et qui traversent des émotions très fortes. Cela m’a tout de suite emballée ! C’est comme si jusque-là j’attendais une excuse pour me lancer. J’ai toujours aimé raconter des histoires aux enfants, ce monde m’émerveille. Les albums jeunesse donnent la possibilité de raconter des récits plus courts, accompagnés par de belles illustrations. C’est très émouvant. Le livre s’est visiblement construit en étroite collaboration avec des professionnels. Le fait d’avoir bénéficié de semaines d’immersion dans un service de néonatalogie m’a permis d’être certaine d’avoir une histoire qui fonctionne pour ces enfants qui sont confrontés à un bébé prématuré. J’ai été profondément touchée et je me suis investie comme je le fais à chaque fois car j’aime découvrir les univers des autres, cela me fascine. C’est comme si je partais à la découverte de nouvelles contrées. J’ai ensuite écrit le récit assez vite, puis je l’ai soumis à Marie et à deux psychologues. Après avoir écouté leurs retours, j’ai peaufiné et j’ai rendu le personnage de Charlotte moins lisse, en laissant libre cours à ses émotions, et à sa colère notamment. Les enfants qui vivent ces situations doivent être déculpabilisés par rapport au personnage. Il ne faut pas embellir la réalité, mais l’accompagner. Comment s’est passé le travail avec l’illustratrice ? Au départ, je pensais un peu naïvement qu’elle allait simplement mettre mon texte en images… Mais quand Léa Decan a présenté ses premières réalisations, j’ai compris que ce travail d’artiste enrichissait et approfondissait le propos. La poésie de Léa a fait de cette histoire plus qu’une histoire. Nous avons travaillé ensemble dans un vrai processus de dialogue et d’écoute. Il était important de parler de ce sujet avec douceur et humour ? Oui. J’aime essayer d’être drôle en tout cas (rires). Dans l’évocation d’un sujet délicat, l’humour permet d’accompagner les lecteurs. Je suis allée lire cet album dans des classes, et j’ai découvert une dimension nouvelle du métier. En tant qu’auteure jeunesse, j’avais accès en direct aux réactions des enfants, qui sont très spontanées. Même les petits qui n’étaient pas concernés directement par le sujet s’y sont intéressés car ils ont cette empathie naturelle. Ils adorent découvrir le monde qui les entoure. Cela vous donne envie de continuer dans ce registre ? Oui car j’ai adoré. « Le rêve de Mademoiselle Papillon » sortira bientôt en album pour enfants. J’aime cet univers et je pense écrire un roman jeunesse cette fois. Cela permet de s’exprimer d’une autre manière et c’est fantastique. [scald=28776059:sdl_editor_representation] « Le bébé le plus minuscule du monde », par Alia Cardyn (texte) et Léa Decan (illustrations), éd. Robert Laffont, 40 p., 14,90 euros.

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