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L’orgasme en 27 langues

Comment différentes cultures décrivent-elles la jouissance ? Les mots choisis disent leur vision de la sexualité.

Journaliste Temps de lecture: 5 min

« Orgasme » en français, « orgasm » en anglais et coréen, « orgasmus » en allemand, « orgazmus » en hongrois et tchèque, « orgasmi » en finlandais, « orgasmo » en espagnol, italien, portugais, « orgazm » en polonais et turc, « orgazëm » en albanais, « orgazam » en bosniaque, « orgazmas » en lituanien, « oogasma » en japonais, « ogazma » en hindi…

Le mot semble proche dans bien des langues. Tout comme ce qu’il représente, si l’on en croit l’Université de Taiwan. Une de ses études, « Behold, I am coming soon ! A study on the conceptualisation of sexual orgasm in 27 languages » (1) a analysé la façon dont une petite trentaine de langues et cultures décrivent ce moment tant au niveau physiologique que psychologique. Les mots choisis, les images, comparaisons et autres métonymies sont essentiels car ils trahissent les façons de vivre la sexualité, de la ressentir et l’apprécier. La jouissance est-elle décrite de façon positive ? Est-elle associée à des expressions qui manifestent combien elle est appréciable, anecdotique, méprisable ? Bonne nouvelle : il semble que les hommes et les femmes qui peuplent cette planète soient tous sur la même longueur d’ondes et goûtent ce moment au plus haut point !

Les métaphores qui reviennent le plus souvent dans des langues aussi différentes que le français, le japonais, le persan, le russe, l’espagnol, le chinois, l’hindi, l’italien, le norvégien ou le lituanien (voir la liste des langues étudiées ci-dessous : 2) associent l’orgasme à un « pic », un « feu », à une « destination », « une libération de force ».

Bien sûr, il y a des variations d’une langue à l’autre. Ainsi la notion de « pic » qui sert aussi à décrire le bonheur ou le bien-être, est quelque peu différente dans les langues. L’orgasme est « kaung nay bi », soit « élevé » en birman, il est « jut sut yot » le point « le plus haut » en thaï, « gao chao » ou « marée haute » en chinois mandarin.

Ainsi la notion de « destination » est dite différemment. Dans la majorité des langues étudiées (16 langues), l’orgasme est associé à « je viens » quand pour d’autres, il est annoncé par un « je pars » ou « je termine ».

On épingle ici une expression qui peut sembler négative et qui apparaît en français : celle de « mort » et de « petite mort ». La raison de cette conceptualisation spécifique peut s’expliquer par le fait que l’orgasme passe par un état de conscience modifié que bien des études et témoignages confirment.

Quant aux métonymies les plus courantes que l’étude taïwanaise a mises en évidence, elles sont aussi constantes et tournent autour des mots « gonflement », « excitation », « chaleur ».

Et cerise sur le gâteau : il y a unanimité pour décrire le désir sexuel idéal comme une émotion étroitement liée à l’amour et au bonheur. Sexe, amour et bonheur tissent des relations fortes qui participent directement au bien-être tant physique que psychique de chacun.e!!

On n’est pas vraiment surprise par les résultats de l’étude et plutôt rassurée !!! Tout n’est pas perdu dans ce monde si les femmes et les hommes de différentes cultures se rassemblent autour de l’amour et de ses plaisirs ! Les mots utilisés pour décrire ce moment disent tout l’attachement de l’humanité à la sexualité et ses jouissances. N’en déplaise aux religions, elle est bien davantage qu’un comportement permettant la reproduction de l’espèce mais un élément participant au bien-être personnel et relationnel. On sait combien la société occidentale envisage aujourd’hui la sexualité comme le ciment d’une relation, l’élément qui rassemble les couples. Cette étude va plus loin et montre que bien des cultures différentes ont la même vision.

Et puis cette étude donnera raison à l’OMS qui souligne l’importance de la santé sexuelle et considère aujourd’hui qu’elle » fait partie intégrante de la santé, du bien-être et de la qualité de vie dans leur ensemble. » L’Organisation Mondiale de la Santé décrit cette santé sexuelle comme « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en relation avec la sexualité, et non pas simplement l’absence de maladies, de dysfonctionnements ou d’infirmités. La santé sexuelle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sûres, sans contrainte, discrimination et violence. Pour atteindre et maintenir un bon état de santé sexuelle, les droits sexuels de tous les individus doivent être respectés et protégés. »

(1)« Behold, I am coming soon ! A study on the conceptualisation of sexual orgasm in 27 languages » Étude de Yen Chiang Anita et Chiang Wen Yu. Étude publiée en 2016 dans Metaphor &Symbol

(2) l’étude s’est intéressée à 14 langues de la famille des langues indo-européennes (bengali, tchèque, néerlandais, anglais, Français, allemand, hindi, italien, lituanien, norvégien, persan (farsi), portugais, russe et espagnol), 4 de la famille des langues sino-tibétaines/sino-thaïlandaises (birman, chinois mandarin, holo et thaï) et 4 de la famille des langues austronésiennes (atayal, indonésien, seediq et tagalog). De plus, 5 langues proviennent respectivement des familles de langues altaïque (c.-à-d. turc), austro-asiatique (vietnamien), japonais (japonais), coréen (coréen) et ouralien (finnois).

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