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Kheiron: «Je me suis conditionné, toutes les 7 secondes je dois avoir un rire»

Kheiron est de retour en Belgique pour son spectacle d’improvisation au Cirque Royal. Depuis dix ans, l’humoriste continue de développer sa mécanique bien rodée. Un régal pour son public toujours prêt à le redécouvrir, ainsi que pour l’humoriste lui-même.

Entretien - Temps de lecture: 5 min

Dans votre spectacle il y a beaucoup d’improvisation et d’échange avec le public où vous les alpaguez constamment et tout le monde peut en prendre pour son grade. Comment construisez-vous ces échanges ?

C’est beaucoup d’interactions et de rythme. Ma hantise c’est une conversation qui n’a pas de rythme. Je cherche toujours à faire rire le public mais ce n’est jamais méchant. Il n’y a pas de blagues sur le physique par exemple. Je ne vais pas chercher la vanne à tout prix mais plutôt le rire. Les personnes dans le public, je les vois comme des partenaires de jeu. Chacun a l’interaction qu’il a « suscitée ».

Vous écrivez en présentation du spectacle : « Dernier endroit où on peut encore rire de tout, la scène est mon sanctuaire ». C’est quoi votre vision de « rire de tout » ?

Rire de tout ça veut dire « laissez-nous rire des sujets qui en réalité vous touchent ». Tout le monde dit que l’on peut rire de tout. Mais dès que je rentre dans un sujet qui les touche, ils ne rient plus du tout. C’est propre à chacun ce qui ne fait pas rire. Je ne fais pas de hiérarchie dans les peines. Je ne veux pas avoir à dire pourquoi il faut rire de ça ou non. Moi, j’ai envie de faire rire sur tout ce qui me fait rire mais si vous n’avez pas envie de rire avec nous, libre à vous de ne pas en rire, laissez pour plus tard et revenez après.

Les gens connaissent déjà la mécanique de votre spectacle dont vous partagez des extraits sur Youtube et c’est pourtant un résultat différent à chaque fois pour ceux qui viennent.

Il n’y a pas de lassitude, c’est vraiment tous les soirs différent. J’ai des sketchs que j’ai déjà écrits et testés selon des thématiques. Je les ressors selon le contexte et ça vient se mêler à l’improvisation. Au final, le public ne sait pas ce qui est préparé ou non. Un texte que je lie au public marche aussi beaucoup mieux si je le vends comme une improvisation. Ça décuple le rire.

Il faut faire confiance à son public pour qu’il soit réactif ?

Non justement, je ne peux pas lui faire confiance. Sur scène, je suis un chef d’orchestre, je dois canaliser le public. Je n’ai pas besoin que le public soit drôle, j’ai besoin qu’il soit honnête et qu’il ait confiance pour se livrer. Pour ça, il faut que je fasse rire les gens et que je sois gentil avec eux. Je suis garant de tout, du rire, de la sécurité, de la bonne ambiance.

Le rythme est essentiel. C’est possible de s’ennuyer parfois, comme pendant une conversation qui dure trop longtemps ?

Je m’ennuie plus vite que le public dans ma tête. Je ne peux pas poser plus de trois ou quatre questions sans provoquer le rire, c’est impossible. C’est une musique. Je me suis conditionné, toutes les 7 secondes je dois avoir un rire.

Vous avez aussi été éducateur pour aider les élèves « décrocheurs ». Ça a forcément dû aider pour travailler la repartie.

Humoriste et éducateur sont deux métiers qui se lient. C’est quand j’ai fait ce travail que j’ai commencé à observer les gamins le jour et les gens dans le public du Jamel Comedy Club le soir. La plupart des humoristes ont eu un métier avant. Moi c’est l’inverse, j’étais déjà humoriste quand mon père m’a proposé ce projet pour aider les jeunes. Je suis venu passer deux heures avec eux pour voir et je suis resté quatre ans. L’une des scènes dans « Mauvaises herbes », c’est une improvisation que j’avais faite quand j’étais éducateur pour débloquer la situation entre des jeunes qui ne se parlaient pas vraiment.

Vous ne faites pas que de la scène, vous avez aussi réalisé des films, parfois avec des thématiques plus sérieuses, politiques et pourtant toujours sur le ton de l’humour. C’est curieux de ne pas amener cette dimension politique ou d’actualité sur scène.

J’aime vraiment les deux. La scène, c’est le frontal, le direct, le rapport au public qui me plaît. Les sujets intemporels sont excellents pour ça. Le cinéma c’est différent parce que tu ne peux pas arriver avec une histoire qui n’amuse que toi et qui est bancale. Au cinéma j’ai l’opportunité de donner de la substance. Il y a de la musique, des acteurs, de la figuration, des costumes, des décors. Tout ce qui est plus dense, je veux le garder pour le cinéma. Je me considère comme un auteur avant tout. Mais c’est la scène qui transcende tout par contre.

Pour beaucoup de personnes, vous êtes « le mec » de la série « Bref », pourtant vous avez réalisé beaucoup d’autres choses…

C’est Kyan Khojandi le mec de « Bref » (rires) ! On me parle beaucoup de « Bref » mais sur les 82 épisodes j’apparais dans 8 d’entre eux et je ne dis pas un mot. C’est phénoménal. Je suis flatté mais je suis un gars différent pour chacun. Pour certains, je suis celui qui fait des spectacles depuis dix ans, pour d’autres c’est le Jamel Comedy club. Pour d’autres encore, c’est le film « Nous trois ou rien » ou « Mauvaises herbes ». C’est bien d’être connu sur plusieurs médiums. J’ai cette chance-là de ne pas être juste « le mec de. ».

Kheiron est en spectacle à Bruxelles, au Cirque Royal, le 29 avril prochain.

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