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Diabète: traitements high-tech

Avec quelque 450 millions de diabétiques dans le monde, on peut parler d’épidémie… Le point sur les traitements plus faciles à mettre en œuvre.

Temps de lecture: 7 min

L’ère de l’injection d’insuline en catimini est presque révolue. Au rayon diabète, on peut désormais compter sur une panoplie de traitements pratiquement personnalisés, qui rendent les soins de moins en moins contraignants. Et c’est tant mieux car le nombre de diabétiques ne cesse d’augmenter. Dans le monde, on ne compte pas moins de 450 millions de personnes concernées par la maladie. Et en Belgique aujourd’hui, on estime à 60.000 le nombre de diabétiques de type 1 et à 540.000 celui de type 2. Il s’agit des diabètes les plus fréquents, le diabète gestationnel venant à la troisième place. Autrement dit: 5% de la population (8% de la population adulte), soit plus d’une personne sur vingt, est donc concernée par un diabète de type 2, celui lié à l’excès de poids et à la sédentarité, qui apparaît la plupart du temps après 40 ans. Mais en quoi consiste exactement cette maladie dont l’extension fulgurante fait de plus en plus songer à une épidémie? Pour la comprendre, il faut partir du sang qui véhicule le sucre (glucose), lequel est destiné à fournir notre organisme et notre cerveau en énergie. Quand tout va bien, le taux de sucre dans le sang reste dans une fourchette stricte et acceptable. Mais parfois, la glycémie est trop élevée (hyperglycémie) et l’on se retrouve alors face à un diagnostic de diabète, plus ou moins sévère. Dans les cas extrêmes, la maladie peut avoir des conséquences très graves, voire mortelles et nécessite alors une hospitalisation. «Le gros problème, c’est que le diabète est souvent ignoré, déplore le Pr Laurent Crenier, endocrino-diabétologue à l’hôpital Érasme. On estime qu’une personne sur trois, voire une sur deux ne sait pas qu’elle est diabétique. L’état d’hyperglycémie donne en effet très peu de symptômes. Du coup, comme il aura été mal traité, après dix à quinze années le diabète risque de déboucher sur des complications chroniques.» Parmi ces complications, on note les risques de problèmes aux yeux (pouvant aller jusqu’à la cécité), aux reins, aux artères (maladies cardiovasculaires de type thrombose ou AVC) et aux nerfs (pouvant aller de la perte de sensibilité à l’obligation d’amputer le membre atteint).

Un diagnostic vital

Le symptôme principal se lit dans le sang: tant que le taux de glucose est inférieur à 100 mg/dl, tout va bien. Dans le cas où l’on a affaire à un diabète, la concentration de glucose peut aller jusqu’à 500 mg/dl, voire plus. D’où l’importance d’un dépistage sanguin régulier afin d’éviter les complications. Le diabète de type 1 apparaît le plus souvent chez les jeunes et les adultes avant 40 ans. Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé diabète juvénile. C’est un diabète qui évolue vite et les personnes se rendent donc rapidement compte qu’elles sont malades. Leur prise en charge doit être rapide, faute de quoi leur pronostic vital pourrait être engagé. En revanche, avec un traitement bien équilibré, les diabétiques de type 1 peuvent vivre sans complications. Le diabète de type 2, celui de la maturité, apparaît quant à lui le plus souvent aux alentours des 40, 50 ans et est lié à une alimentation trop grasse et à la sédentarité. «Contrairement à une idée reçue, il n’y a pas de lien certain entre les sucreries et le diabète», précise le Pr Crenier. Il faut cependant savoir que l’obésité est au premier rang des préoccupations en la matière: 450 millions de personnes dans le monde en sont atteintes – dont pas moins de 18% de la population belge – dont certaines susceptibles de développer un jour un diabète de type 2. En revanche, 90% des diabétiques de type 2 sont obèses. Quand le diabète de type 2 est diagnostiqué, le traitement va donc consister, comme pour le diabète de type 1, à ramener le taux de glycémie à une proportion inférieure au seul critique, afin d’éviter les complications chroniques. Mais, en plus, il faudra que le patient s’astreigne à revoir son mode de vie. «Dans les deux cas, il s’agit d’un problème de régulation de l’insuline, l’hormone sécrétée par le pancréas, destinée à faire baisser la glycémie (le taux de sucre dans le sang), nous explique le Pr Laurent Crenier. Dans le diabète de type 1, quand les cellules bêta du pancréas, qui sécrètent l’insuline, sont toutes détruites, le taux de sucre monte rapidement. Dans le pire des cas, vous maigrissez de 10 à 20 kg et vous pouvez uriner jusqu’à 10 litres par jour! L’hospitalisation s’avère alors nécessaire.»

Des traitements de plus en plus performants

Le traitement du diabète a fait beaucoup de progrès au cours de ces dernières années. Si le diabète de type 1 se soigne toujours à l’aide d’insuline, les diabétiques de type 2 peuvent dorénavant compter sur une panoplie de soins, à commencer par… les mesures d’hygiène indispensables (sport et alimentation équilibrée), destinées notamment à perdre du poids. Dans certains cas, cela suffit à régler le problème d’hyperglycémie. Mais la majorité d’entre eux devront recourir aux médicaments oraux ou par injection. Après un certain temps (en moyenne une dizaine d’années), si ceux-ci ne suffisent plus, il leur sera proposé un traitement par insuline. «L’évolution du diabète de type 2 est propre à chacun, précise le Pr Laurent Crenier. Il peut évoluer rapidement ou pas mais une chose est sûre: plus il est pris en charge précocement, plus son évolution pourra être ralentie, voire dans certains cas arrêtée. Ce qui n’est pas le cas pour le diabète de type 1.»

* La metformine est le premier traitement (Glucophage, Metformine, Metformax) prescrit aux diabétiques de type 2. Il améliore la sensibilité du corps à l’insuline. L’organisme des personnes qui présentent de la graisse abdominale (ce que l’on appelle l’obésité de type androïde, même si elle concerne aussi les femmes) répond en effet moins bien à l’insuline: pour compenser, le pancréas doit en sécréter plus. Au fil du temps, les cellules se fatiguent et sont détruites. D’où l’intérêt d’un médicament qui permet à l’organisme (foie, muscles, tissus adipeux) de mieux utiliser l’insuline en épargnant ainsi sa production par le pancréas.

* Les sulfonyluréesboostent la sécrétion d’insuline mais ont des effets indésirables, comme de l’hypoglycémie et un risque de prise de poids. Souvent prescrits, ils sont cependant en forte décroissance.

* Les gliptines (Januvia, Trajenta, Lipidia, Galvus) constituent, depuis une dizaine d’années, une nouvelle catégorie de médicaments dépourvus des effets secondaires précités et qui parviennent à ce que le pancréas sécrète l’insuline uniquement quand la glycémie est élevée.

* Les agonistes du GLP-1 sont des médicaments qui s’injectent sous la peau (une fois par jour ou, pour les plus récents, une fois par semaine), à l’aide d’un stylo. Outre leur action sur la production d’insuline, ils ont aussi un effet coupe-faim et font donc perdre un peu de poids. Inconvénient: leurs effets secondaires digestifs; 10% des personnes traitées se plaignent de nausées mais celles-ci s’estompent le plus souvent au cours des premières semaines de traitement.

* Les gliflozines (Forxiga, Invokana, Jardiance) sont des médicaments qui agissent sur le rein, lui permettant ainsi d’évacuer (via l’urine) une forte quantité du glucose contenu dans l’organisme. Par la même occasion, ils font perdre des calories et donc du poids.

La bonne nouvelle

En moins de cinq ans, certains des médicaments précités, de la classe des agonistes du GLP-1 et des gliflozines, ont démontré des effets protecteurs au niveau cardiovasculaire, notamment contre la défaillance cardiaque et la récidive d’infarctus. Le hic, c’est son prix: de 100 à 150 euros pour trois mois, alors que l’Inami ne voit pas d’un très bon œil l’explosion du prix des nouveaux médicaments pour diabétiques, remboursés à 100%. Les médecins n’envisagent évidemment pas les choses de la même façon: «Le monde politique commet l’erreur de ne prendre en compte que le court terme, déplore le Pr Crenier. Or, s’il considérait les bénéfices à long terme, il verrait que ces médicaments entraînent moins de complications, moins d’effets secondaires et moins de morbidité et que cela coûte donc moins cher à la sécurité sociale, tout en augmentant la qualité de vie des patients et en diminuant le risque de complications sévères.»

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