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Les calculs rénaux expliqués simplement

Comment une petite pierre peut déboucher sur une colique néphrétique… Les conseils pour ne pas en arriver là.

Journaliste Temps de lecture: 6 min

S on vrai nom, c’est « lithiase urinaire ». Mais tout le monde dit « calculs (ou pierres) au rein ». Une expression populaire qui, en plus de n’être pas toujours exacte (la pierre en question ayant pu émigrer ailleurs dans le système urinaire), ne tient pas compte du fait que le calcul urinaire est en réalité le produit de tout un mécanisme. Aussi, lorsqu’une personne se voit diagnostiquer une lithiase urinaire, c’est généralement parce que, terrassée par la douleur, elle s’est retrouvée aux urgences… « C’était comme si l’on m’avait enfoncé un couteau dans le ventre, tellement j’avais mal, nous raconte Philippe, 51 ans. Je peux comparer cela à une rage de dents, insupportable et omniprésente. J’ai essayé de dormir mais, à deux heures du matin, je me suis résolu à appeler le 112. J’avais le ventre gonflé et, en dépit d’une envie hyperpressante, il m’était impossible d’uriner… »

« La présence d’une pierre dans le système urinaire peut, si l’on ne fait rien, conduire à une situation clinique compliquée. Heureusement, en Belgique, on est à la pointe dans ce domaine », nous rassure le Dr Thibaud-Pierre Saussez, urologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc, qui nous explique le mécanisme de la lithiase urinaire. « Le calcul se forme dans le rein. Tant qu’il y reste, il n’y a pas de problème aigu mais, à un moment donné, il peut migrer jusqu’à la vessie, via l’uretère (le canal situé entre le rein et la vessie). Ce canal a un diamètre de 3 mm. Si elle fait 5 mm, la pierre va inévitablement bloquer le canal. Les urines ne pourront alors plus s’écouler et le rein va gonfler, à la manière d’un évier bouché… Une douleur intense apparaît. C’est ce que l’on appelle une « colique néphrétique ». Il faut savoir que rien ne pourra la soulager tant que le calcul est là. Les personnes qui subissent cela sont survoltées de douleur… »

©Reporters
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Des traitements personnalisés

Lors d’une colique néphrétique, une mise au point s’impose, qui se fera en plusieurs étapes : questionnement du patient, examen clinique, prise de sang, analyse d’urine et scanner ou échographie de tout l’appareil urinaire. « Il sera ensuite possible d’extraire tous les calculs rénaux mais, à ce moment-là, on s’occupe d’abord de celui qui pose problème », nous dit le Dr Saussez. Dans l’urgence, on prescrit des antidouleurs et on réalise un bilan précis. Si la prise de sang est normale, le patient pourra rentrer chez lui, dans le cas contraire, s’il est en souffrance, présente de la fièvre et une insuffisance rénale, on va d’abord pratiquer un drainage du rein, soit par sonde intérieure (sous anesthésie générale) soit par néphrostomie (on pique dans le rein par l’extérieur). Le patient pourra ensuite rentrer chez lui (avec la sonde). Mais le calcul sera toujours là. Le médecin devra alors envisager un traitement ultérieur, à choisir parmi quatre possibilités :

* La lithotricie : il s’agit de l’envoi, à travers la peau, d’ondes de choc en regard du calcul, afin de le réduire en sable. La machine « tape » environ 3.000 coups, durant 35 à 40 minutes.

* Une manœuvre endoscopique sous anesthésie : une fibre laser vaporise littéralement le calcul en poudre, en passant à travers l’urètre, la vessie et l’uretère. Cela se fait sous contrôle visuel.

* L’extraction percutanée : il s’agit d’aller chercher le calcul en ponctionnant le rein au niveau des basses côtes. Cette technique de perforation du rein est toutefois plus rarement utilisée à cause du risque de saignement.

* La chirurgie : il s’agit du dernier recours, destiné aux calculs de grosse taille. On ouvre la cavité du rein en cœlioscopie pour y chercher la pierre.

Le médicament pour… les « bons vivants »

« Un seul et unique type de calcul peut être soigné par chimiolyse, c’est-à-dire par un médicament destiné à faire fondre la petite pierre en modifiant le pH urinaire, nous explique le Dr Saussez. Il s’agit du calcul composé d’une forte concentration d’acide urique (avec un pH inférieur à 5.5). Le médicament à base de citrate de potassium permettra de modifier l’acidité urinaire : l’urine deviendra plus alcaline, le pH va augmenter et le calcul va fondre. Mais s’il n’y a ne serait-ce qu’un rien de cristaux d’oxalate en plus, le médicament ne suffira pas. » Ce traitement dure entre six et huit semaines mais une surveillance s’impose ensuite… Ce type de calcul est en effet généralement le signe d’un syndrome métabolique : c’est le fait des bons mangeurs, des personnes qui ont souvent aussi trop de cholestérol, de l’hypertension, voire la goutte, sont en surpoids et doivent donc être impérativement redirigées sur le plan alimentaire.

Plusieurs causes possibles

Le calcul est engendré par un désordre métabolique : il ne s’agit donc pas d’une hypercristallisation apparaissant du jour au lendemain. Plusieurs conditions doivent en effet être remplies pour qu’il y ait formation d’un calcul.

* Le facteur alimentaire, n°1 des causes de calculs, qui ne cesse d’augmenter : On boit trop peu et on consomme trop d’aliments riches en sel, en graisses, en oxalates et en exhausteurs de goût. Trop de charcuteries, de plats préparés, de viandes rouges, de sodas. Ceux-ci entraînent un gros déséquilibre sur le plan glycémique, propice à favoriser les calculs urinaires. C’est bien simple : dans vingt ans, 1 patient sur 1.000 sera porteur d’un calcul.

* Le facteur physico-chimique. Le fait d’avoir des urines hyperconcentrées en oxalates, phosphates et calcium. C’est le cas pour les personnes qui ne boivent pas suffisamment d’eau.

* Le facteur génétique. Soit une oxalurie primaire (hyperexcrétion d’oxalates), soit une cystinurie (hyperexcrétion de la protéine cystine).

* Le facteur infectieux : certaines bactéries ont une incidence. Les femmes qui ont des infections urinaires à répétition ont plus de risques de faire un jour un calcul.

Mieux vaut prévenir que souffrir

Les personnes qui font un calcul ont 50 à 60 % de risque d’en refaire un. On compte trois hommes pour une femme, âgés entre 20 et 60 ans.

Les conseils du Dr Saussez pour se prémunir de cela :

Mieux s’hydrater : il faut boire 1,5 à 2 litres/jour, pas en une fois mais à raison d’un verre par heure, de façon à induire un flux continu qui empêchera la formation d’un calcul.

Manger moins de produits à base d’oxalates : le chocolat (nº 1 en contenant le plus), les épinards, la rhubarbe, les noix et amandes… Cumuler ces aliments avec une mauvaise hydratation augmente clairement le risque de récidive !

Bouger ! Faire du sport. Le mouvement peut empêcher les cristaux de sédimenter dans les reins. « Nous conseillons en prévention de… sauter à la corde ou de tondre la pelouse sur un tracteur (grâce aux vibrations de la machine). Pour des calculs inférieurs à 5 mm, il y a 85 % de chances qu’ainsi le calcul sortira tout seul par la voie urinaire ! », sourit l’urologue.

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