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Les 7 merveilles de Belgique: le trésor unique de l’Adoration de l’Agneau mystique

À Gand, le retable des frères Van Eyck attire chaque année des dizaines de milliers de visiteurs.

Journaliste Temps de lecture: 3 min

Le ciel est bas et la pluie s’apprête à tomber sur Gand. L’automne est là et les touristes se font moins nombreux. Devant la cathédrale Saint-Bavon dans le cœur de la riche cité, des groupes de pensionnés, l’un parlant allemand, l’autre espagnol, le troisième français, écoutent attentivement les explications de leurs guides respectifs avant d’entrer dans le saint des saints, une chambre forte installée dans une chapelle qui abrite « L’Adoration de l’Agneau mystique ». Le retable d’Hubert et Jan Van Eyck est en effet l’une des œuvres picturales les plus appréciées au monde. Elle serait même la deuxième peinture la plus admirée et regardée après la Joconde. L’année dernière, ils étaient plus de 160.000 à venir la voir. Un chiffre en augmentation après les attentats bruxellois de 2016 qui avaient fait chuter le nombre de touristes venant en Belgique.

Commandé à Hubert Van Eyck, réalisé par son frère Jan

«  J’ai vu des visiteurs japonais pleurer en regardant le retable et d’autres se mettre à genoux tant ils étaient émus », raconte l’un des gardiens de l’Agneau mystique. Des quatre coins du monde, des hommes et des femmes viennent admirer l’œuvre commanditée par Joos Vijd à Hubert Van Eyck. L’échevin gantois et son épouse Lysbette Borluut veulent une œuvre grandiose pour la nouvelle chapelle qu’ils font construire dans l’église Saint-Jean qui deviendra par la suite la cathédrale Saint-Bavon. Cependant, le peintre décède en 1426, avant même d’avoir commencé à travailler sur le projet et c’est son frère Jan qui reprend la commande. L’artiste qui œuvre à la cour de Bourgogne auprès de Philippe le Bon peint un magnifique ensemble de 24 panneaux de bois achevé en 1532 et fourmillant de mille détails. C’est qu’à l’époque, les croyants sont pour la plupart illettrés et les messes sont dites en latin. Il faut donc enseigner les récits bibliques par les images et, surtout, il faut impressionner les fidèles pour les impliquer dans leur foi et leur montrer combien malgré le sang qui s’écoule de sa blessure, le Christ incarné par l’agneau est toujours debout, ressuscité et rachetant le péché du monde.

Les frères Hubert et Jean Van Eyck. Au premier on commanda l’œuvre, le deuxième l’exécutera en raison du décès de son frère.
Les frères Hubert et Jean Van Eyck. Au premier on commanda l’œuvre, le deuxième l’exécutera en raison du décès de son frère. - BelgaImage

Et sans conteste, l’Agneau mystique impressionne, subjugue, fascine même tant le trait est minutieux, qui révèle tous les détails d’une chevelure, d’un tissu, d’une fourrure, d’un brocart, l’éclat d’un verre et de pierres précieuses. Ce réalisme inédit se double d’une utilisation novatrice, aérienne, de la perspective qui donne une profondeur exceptionnelle. Dans ce XVe siècle, le peintre réalise une véritable révolution optique ! Et puis, comment ne pas souligner l’éclat des couleurs de sa peinture à l’huile ? Autrefois le triptyque était d’ailleurs la plupart du temps fermé, montrant seulement aux fidèles les panneaux extérieurs grisés. Il n’était ouvert que le dimanche pour faire éclater alors ses couleurs frivoles. Mais l’art de Jan Van Eyck éblouit aussi par la faune et la flore exotiques représentées qu’il a connues lors de ses nombreux voyages à l’étranger, l’homme ayant été envoyé dans les cours d’Europe par Philippe le Bon, officiellement pour réaliser des portraits, mais officieusement pour observer – si ce n’est espionner – les cours rivales.

Tant de qualités artistiques couplées à un talent d’observation et à des connaissances scientifiques – il représente par exemple la Lune avec une exactitude jamais atteinte jusqu’alors – ont permis à Van Eyck de porter l’art de la peinture à l’huile à un niveau jamais atteint. Le peintre donna vie à des hommes et des femmes avec génie, au point que leur respiration semble perceptible.

La semaine prochaine : Manneken-Pis (5).

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