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Tinder favorise-t-il les coups d’un soir?

L’application de rencontres est-elle propice aux aventures sexuelles sans lendemain ? Une étude norvégienne donne des éléments de réponse surprenants !

Journaliste Temps de lecture: 4 min

Non. Non. Non ! Pas mon style. Peut-être… Pas mal : glissement du pouce sur la droite. Qui n’a jamais « swipé » en espérant un « match », une rencontre virtuelle puis réelle ? Avec ses 57 millions d’utilisateurs dans le monde, Tinder est l’application de rencontres la plus populaire. Lancée en 2012 aux États-Unis et en France l’année suivante, elle a su convaincre autant d’hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, beaux et moins séduisants, riches et moins nantis, ayant tous les styles et exerçant bien des métiers différents. À noter au passage que certaines professions ont plus la cote que d’autres, comme l’a précisé l’application en publiant en 2018 le top ten des métiers les plus appréciés ; un classement autre de celui de l’année précédente. Ainsi pour 2018, chez les femmes, ce sont les community managers, architectes et infirmières qui occupaient les 3 premières places du podium devant les danseuses, graphistes et autres… Et chez les hommes, les directeurs artistiques, journalistes et photographes avaient la côte devant les coachs sportifs, professeurs, architectes, avocats…

Pas d’égalité sur Tinder

C’est que tout le monde n’est pas égal sur le marché de l’amour. Un architecte ne vaut pas un avocat. Et un directeur artistique ne rivalise pas en termes de demande avec une community manager. Être une jeune femme offre en effet bien de plus de possibilités : la gente féminine est 26 fois plus sollicitée (harcelée aussi) que la masculine, si l’on croit Judith Duportail qui a précisé ce pourcentage dans son ouvrage « L’Amour sous Algorithme » (éditions Goutte d’or). Autant de préférences qui ont persuadé nombre d’utilisateurs – pas moins de 5,2 millions en 2019 – à payer les services supplémentaires de Tinder Plus ou Tinder Gold dans l’espoir de rencontrer l’amour ou de vivre une aventure sexuelle.

Mais le rencontre-t-on l’amour ? Tinder est-elle une application facilitant les relations amoureuses ou les contacts sexuels ? Tinder a-t-il transformé l’amour en un vaste marché où l’on peut s’offrir soir après soir des aventures toujours autres ? Facilite-t-il la sexualité sans lendemain ?

C’est ce qu’a voulu savoir l’équipe de chercheurs de l’Université norvégienne des sciences et de la technologie. Elle a interrogé 269 étudiants et étudiantes (62 % de femmes) universitaires norvégiens, anciens ou actuels utilisateurs de Tinder à propos de leurs expériences d’utilisation de l’application de rencontres. Et les résultats de l’étude (1) publiés dans « Evolutionary Psychological Science » en novembre dernier sont plutôt étonnants tant ils vont à l’encontre de toutes les craintes si souvent formulées par rapport aux nouveaux médias de la relation.

Zéro sexe pour 80 % des étudiants

Voyez plutôt : à peine 20 % des utilisateurs de Tinder de l’échantillon ont eu des aventures d’une nuit après l’utilisation de Tinder et la majorité d’entre eux n’ont eu qu’un seul partenaire supplémentaire. Et de plus, ces hommes et ces femmes qui ont vécu les aventures sans lendemain grâce à Tinder ont reconnu n’avoir pas besoin de l’application pour vivre de telles expérience. Sur l’ensemble de l’échantillon, 80 % n’ont pu réaliser aucune rencontre sexuelle grâce à Tinder et 13 % n’en ont réalisé qu’une. Seulement 3 % ont réussi deux rencontres sexuelles et 4 % en ont réalisé plus de deux. C’est qu’il faut en environ 57 « matchs » en moyenne pour qu’un utilisateur ait un rencard avec un partenaire potentiel.

« Nous suggérons que l’utilisation de Tinder pour la majorité des utilisateurs n’est pas très efficace pour acquérir de nouveaux partenaires sexuels. Apparemment, la plupart des gens auraient besoin de beaucoup de matchs pour obtenir un rendez-vous et de plusieurs rendez-vous pour avoir un nouveau partenaire sexuel »,a déclaré l’auteur de l’étude, Trond Viggo Grøntvedt au magazine PsyPost.

Ainsi Tinder ne facilite guère la tâche de tous ceux et toutes celles qui voudraient avoir des aventures sans lendemain. Voilà sans doute de quoi rassurer tous ceux qui s’inquiéteraient des effets de la technologie sur notre moralité !

(1) L’étude, « Hook, Line and Sinker : Do Tinder Matches and Meet Ups Lead to One-Night Stands ? » a été rédigée par Trond Viggo Grøntvedt, Mons Bendixen, Ernst O. Botnen et Leif Edward Ottesen Kennair. Elle a été publiée en novembre 2019 dans «« Evolutionary Psychological Science ». 

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