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Estelle Mouzin, c’était bien Michel Fourniret

Trahi par son ex-femme, « l’ogre des Ardennes » a avoué l’enlèvement de la fillette de Guermantes en 2003.

Rédacteur en chef Temps de lecture: 3 min

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S uspecté depuis 17 ans, le tueur en série Michel Fourniret a reconnu, lors d’un dernier interrogatoire à Paris, l’enlèvement et le meurtre d’Estelle Mouzin, une fillette de 9 ans disparue le 9 janvier 2003 à Guermantes (France). Michel Fourniret « a reconnu sa participation aux faits », a indiqué samedi dernier le parquet de Paris, sans plus de précisions, selon l’AFP. Le parquet n’a pas indiqué si Michel Fourniret avait livré des indications sur la localisation du corps ou le déroulement des faits. Les enquêteurs vont certainement se concentrer sur ces recherches dans les jours qui viennent.

Le tueur en série français, surnommé « l’ogre des Ardennes », avait fait, depuis des années, une série de sous-entendus sur cette affaire Mouzin. Il avait même écrit au juge d’instruction, affirmant avoir des choses à dire sur la disparition d’Estelle, mais sans jamais avouer son implication. L’élément neuf qui a fait basculer cette situation ? L’ex-femme de Fourniret, Monique Olivier, a arrêté de le couvrir. Elle a contredit, lors d’un récent interrogatoire, l’alibi fourni jusque-là par son ancien mari. Où était Michel Fourniret le 9 janvier 2003 ? Face aux enquêteurs, le tueur en série avait toujours avancé un élément concret, confirmé par sa femme : ce soir-là, il se trouvait à son domicile de Sart-Custinne, en Belgique, d’où il avait appelé son fils Sélim pour lui souhaiter un bon anniversaire. Cet appel, attesté par des relevés téléphoniques, avait suffi à exclure sa présence à Guermantes. Les policiers français, informés par leurs collègues belges dès 2003 du profil intéressant de Fourniret, n’ont jamais cru à cette piste. Monique Olivier a finalement relancé l’enquête. Le 21 novembre 2019, elle a été entendue, à sa demande, pendant près de trois heures par la juge d’instruction Sabine Khéris au tribunal de Paris. Elle a indiqué qu’elle avait passé elle-même un appel au fils de Michel Fourniret le 9 janvier 2003, à la demande explicite de Michel Fourniret. L’alibi est tombé, conduisant au final aux aveux de Fourniret. Ceux-ci ne sont pas une surprise. « Nous disons depuis des années que Fourniret est la piste nº1 », a réagi auprès de l’AFP Me Didier Seban, l’un des deux avocats d’Éric Mouzin, le père de la fillette. « Pour nous, les aveux ne changent pas le fond du dossier. Il faut maintenant connaître les circonstances et retrouver Estelle. »

Huit crimes de jeunes filles

Le tueur en série, âgé aujourd’hui de 77 ans, a joué au chat et à la souris avec les enquêteurs, comme il l’a fait et le fait encore dans d’autres affaires où il est toujours suspecté. « Je suis un joueur d’échecs », dit-il aux policiers, ajoutant prendre plaisir à la confrontation avec la juge d’instruction.

Estelle Mouzin serait sa huitième victime parmi les jeunes filles. Décrit par un expert psychiatre comme « le tueur en série français le plus abouti », Michel Fourniret a déjà été condamné pour les meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, dont la petite Namuroise Élisabeth Brichet. Il a été condamné en 2008 à la perpétuité. En 2018, il a écopé d’une seconde perpétuité pour un autre assassinat crapuleux (l’épouse d’un braqueur). Monique Olivier, 71 ans, a été accusée de complicité et condamnée à la perpétuité également. Les Fourniret (qui ont divorcé en 2010) sont suspectés de bien d’autres faits d’enlèvements et d’assassinats. Au compte-gouttes, l’un ou l’autre avoue un détail, oriente les policiers à sa guise. En novembre dernier, il a été interrogé pour la première fois dans l’enquête sur la disparition, en 1993 dans l’Orne, d’une femme de 29 ans, Lydie Logé. Un ADN retrouvé dans la camionnette du pervers pourrait correspondre. Le jeu macabre de Michel Fourniret n’est pas terminé.

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