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Comment survivre au confinement quand on est en couple?

Tous les conseils de Caroline Kruse, conseillère conjugale et auteure de « Il faut qu’on parle ».

Journaliste Temps de lecture: 6 min

Le confinement sous le même toit n’est pas toujours facile à vivre. Il est un moment pénible, hors du temps, qui peut être une épreuve pour tous les couples. Pour le traverser, voici les recommandations de Caroline Kruse.

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Quels conseils donneriez-vous aux couples pour affronter cette période délicate ?

C’est une épreuve pour tous les couples, pas seulement pour ceux qui ne s’entendent pas bien. Il y a d’abord des mesures pratiques à instaurer : organiser l’espace, répartir les tâches, mettre en place un emploi du temps, celui des moments à vivre ensemble et celui des moments à soi, instaurer une routine hebdomadaire qui installe de nouveaux repères temporels importants surtout si l’on vit dans de petits appartements. Si tous les deux travaillent à la maison, il faut essayer de s’isoler le plus possible quitte à s’installer à tour de rôle, si les connexions marchent, dans la cuisine ou dans la salle de bains. Si ce n’est pas possible, le mieux est de se tourner le dos et ne pas être sans arrêt l’un en face de l’autre. Il vaut mieux essayer aussi d’atténuer le bruit. On peut imaginer d’aller téléphoner dans la salle de bains ou même dans les toilettes… En période de confinement, rien n’est ridicule. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à l’autre quand on en a besoin. Pour faire les choses ensemble, mais aussi de l’aide parfois pour pouvoir être seul. C’est une manière d’inclure l’autre dans ce besoin qu’on a parfois de s’éloigner un peu de lui. Pour ce qui concerne la relation, il ne s’agit pas de mettre tous les problèmes sous le tapis, mais pas non plus de profiter du confinement pour reprendre la liste de tous les reproches que l’on peut faire à son partenaire.

Et pour les couples qui s’entendent mal, avez-vous des recommandations particulières ?

Le confinement peut être bien évidemment une épreuve supplémentaire mais pas forcément. Je le constate par les retours que me font mes patients. La plupart d’entre eux disent que contrairement à ce qu’ils pouvaient craindre, les choses se passent plutôt bien. Comme si l’extrême contrainte, le stress, l’angoisse parfois dans laquelle ils se trouvent, leur avaient fait comprendre qu’il valait mieux faire équipe et ne pas ajouter pour eux, pour leurs enfants une tension supplémentaire à une situation déjà difficile Si une difficulté surgit, il ne faut pas néanmoins toujours « prendre sur soi » mais plutôt en parler à l’autre de la manière la moins agressive possible. Si une « vraie « dispute s’amorce, on peut éviter l’escalade du conflit. C’est valable tout le temps mais plus encore en temps de confinement Si on s’est mis d’accord auparavant pour trouver un geste tendre, un mot drôle qui désamorcera le mécanisme, ça peut marcher. La discussion pourra reprendre plus tard, à un moment où les tensions se seront apaisées. Attention donc à ne pas faire de cette période confinement un moment de vérité pour les couples. Le test du « ça passe ou ça casse ». La situation est déjà assez compliquée ! Inciter les couples à réussir leur confinement est une pression supplémentaire qui risque d’aboutir à l’opposé de ce qu’on souhaite. Il faut donc accepter que les mesures mises en place soient modestes, pas toujours parfaites ou respectées, ni par soi-même ni par l’autre. Et il ne faut pas s’en vouloir, ni en vouloir à l’autre si c’est le cas. L’idée générale est que face à l’épreuve et malgré les ressentiments diffus qui pouvaient exister auparavant, la seule solution est de faire du mieux qu’on peut ensemble et encore une fois sans viser la perfection. Reconnaître qu’on traverse des moments très difficiles est souvent la manière la plus juste de pouvoir les affronter ! Ainsi il me semble que si on fait preuve d’attention à l’autre, de bienveillance, on pourra constater que le couple dispose de ressources dont il pourra se servir plus tard une fois le confinement terminé. Être attentif aux besoins exprimés de chacun, sans exiger de soi et de l’autre l’impossible sera un acquis précieux quand le confinement prendra fin.

L’un a envie de câlins et l’autre pas, trop stressé par le Covid 19… Que faire ?

Il faut être patient et ne pas mettre de pression. Face au stress et aux angoisses de mort, chacun réagit différemment. L’un vit un blocage et l’autre au contraire éprouve une augmentation de la pulsion de vie, de la libido. Il convient peut-être de « profiter » de ce moment où « on a le temps » pour découvrir d’autres formes d’intimité : davantage de sensualité, un rapport à son corps et au corps de l’autre plus lent, plus attentif. Se redécouvrir !

Comment bien vivre le confinement quand on se retrouve séparé ?

Comme pour les couples confinés ensemble, il faut établir une routine. Dans ce cas, il s’agit de rendez-vous journaliers, par téléphone ou vidéo à heures fixes. On peut en programmer deux ou trois dans la journée. Entre-temps, on peut communiquer en s’envoyant des photos, des dessins, textos, etc. Mais les rendez-vous fixes sont essentiels pour structurer le temps et pallier de possibles inquiétudes.

Comment vivre ses envies sexuelles quand on est séparé ? Faut-il, par exemple, demander à l’autre l’autorisation de vivre une auto-sexualité ?

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de demander à l’autre une autorisation pour l’auto sexualité. En revanche pour ce qui est des masturbations partagées par vidéo ou par téléphone, il en va ici comme quand les gens n’étaient pas séparés. Ceux qui ont l’habitude des jeux érotiques pourront y trouver du plaisir, d’autres moins : les deux partenaires doivent se sentir absolument à l’aise dans ce qui est mis en place.

Chacun vit la pandémie différemment ; l’un avec angoisse qui voit sa mort prochaine ou redoute celle de ses proches et l’autre avec sérénité qui profite du temps offert à la maison. Comment ne pas être agacé par les réactions de l’autre ?

Il est difficile, sinon impossible, de ne pas être parfois agacé par l’autre. La seule chose à faire, c’est, pour l’un, de ne pas s’en vouloir d’être agacé et pour l’autre, d’accepter le fait que parfois on puisse agacer son partenaire. Il faut en tenir compte, s’en parler. L’humour est une belle réaction. Mais il est important de respecter le plus possible la manière qu’a son partenaire de se « défendre » face à la situation. On peut se dire par exemple qu’un conjoint serein est peut-être préférable à un partenaire qui serait aussi angoissé que vous. Et inversement, on peut se rappeler qu’on a aimé chez son partenaire angoissé sa fragilité, son souci des autres. Ne pas culpabiliser l’autre d’être autre. Ne pas le lui reprocher.

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Il faut qu’on parle

Dans les secrets de la consultation conjugale.

La vie de couple, ce n’est pas toujours l’autoroute du bonheur. Parfois une petite halte s’impose dans un cabinet de conseil conjugal. Là, dès les premiers échanges, les tensions se relâchent, les émotions affleurent. On réapprend à s’écouter… et à se parler.

Ce petit livre nous ouvre la porte du cabinet de consultation conjugale. On y entre et on y découvre les séances de thérapie et on lit les recommandations de Caroline Kruse, conseillère conjugale et familiale dans plusieurs associations de soutien à la famille. On suit les consultations et on lit les conseils avec le sourire car ce petit guide de la vie de couple est illustré avec humour par Benoît Bastard.

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Edition du Rocher, 148 p., 16,90 euros

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