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Eurovision: quand l’actualité s’invite au concours

Les polémiques entourent le concours cette année et des manifestations ont lieu autour de la salle où se déroulera l’événement.

Temps de lecture: 5 min

La finale du concours de l’Eurovision de la chanson se dispute samedi à Malmö, en Suède, dans un contexte de tension avivé par la participation de la candidate israélienne, en pleine guerre à Gaza.

Des renforts de police sont venus de tout le pays scandinave mais aussi du Danemark et de Norvège pour assurer la sécurité de l’événement, pour lequel près de 100.000 fans venant de 90 pays sont attendus.

Samedi midi, les organisateurs ont par ailleurs annoncé l’exclusion du participant néerlandais Joost Klein après le dépôt d’une plainte par une membre de l’équipe de production. Une enquête de police est en cours.

Le diffuseur néerlandais Avrotros a jugé «  disproportionnée » cette disqualification. Dans un communiqué, la télévision s’est dite «  choquée par la décision ». «  Nous le regrettons profondément et y reviendrons plus tard ».

Cet incident, dont la nature exacte n’a pas été précisée, n’a rien à voir avec son attitude envers d’autres délégations, a souligné l’UER. L’artiste avait notamment exprimé son désaccord avec le fait d’être placé à côté de la représentante israélienne Eden Golan lors d’une conférence de presse en recouvrant ostensiblement son visage du drapeau néerlandais à plusieurs reprises.

Dans les rues de Malmö, qui compte la plus importante communauté d’origine palestinienne du pays, la police estime que jusqu’à 20.000 personnes pourraient manifester dans la journée contre la participation israélienne.

La jeune représentante d’Israël Eden Golan, 20 ans, a décroché jeudi soir son ticket pour la finale avec la chanson « Hurricane », dont la version initiale avait dû être modifiée car considérée comme faisant allusion à l’attaque du Hamas qui a ensanglanté Israël le 7 octobre.

Avec l’exclusion de Joost Klein, ce sont vingt-cinq pays, et non vingt-six qui s’affronteront pour succéder à la Suède comme lauréate de cette compétition qui avait été suivie en 2023 par 162 millions de téléspectateurs.

«  Je suis vraiment très triste », a réagi Marina, une Néerlandaise venue de Rotterdam. «  Sa chanson, c’est une chanson de fête, elle apporte de la légèreté dans une Eurovision à l’atmosphère assez lourde », a-t-elle dit à l’AFP.

Appels au boycott

L’Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute ce rendez-vous pailleté de la musique, avait confirmé en mars la participation d’Eden Golan malgré les critiques.

Plus récemment, neuf des participants, dont sept sont en finale, ont appelé à un cessez-le-feu durable à Gaza, où Israël multiplie les frappes.

Israël participe depuis 1973 à l’Eurovision, qu’il a remporté pour la quatrième fois en 2018. «  C’est vraiment un honneur d’être ici (…) de nous présenter avec fierté », s’est réjouie jeudi la candidate israélienne qui figurait samedi matin en deuxième place des favoris derrière la Croatie.

Avant la demi-finale, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait jugé qu’Eden Golan avait «  déjà gagné », la saluant dans un message vidéo pour avoir affronté «  avec succès une horrible vague d’antisémitisme ».

Vendredi, le parti d’extrême gauche espagnol Sumar – dont la dirigeante Yolanda Diaz est numéro trois du gouvernement – a lancé une pétition pour demander l’exclusion d’Israël de la finale «  au moment où ses troupes exterminent le peuple palestinien et détruisent toute la région ».

Berlin a répliqué en jugeant que «  les appels au boycott contre la participation d’artistes israéliens » étaient «  totalement inacceptables », Paris soulignant pour sa part que «  la politique n’a pas sa place à l’Eurovision ».

Neutralité

Mais la neutralité revendiquée par l’UER est bousculée comme jamais.

Mardi, le chanteur suédois Eric Saade était apparu le bras ceint d’un keffieh palestinien.

Les syndicats de la chaîne de télévision publique flamande VRT ont brièvement interrompu la retransmission jeudi soir pour diffuser un message condamnant des «  violations des droits de l’homme par l’Etat d’Israël ».

Un geste regretté par l’UER, qui avait interdit au président ukrainien Volodymyr Zelensky de s’exprimer lors du concours l’an dernier, au nom de la neutralité politique.

Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien, qui a fait plus de 1.170 morts, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive à Gaza, qui a fait jusqu’à présent 34.943 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Jeudi, près de 12.000 personnes, dont la militante pour le climat Greta Thunberg, avaient déjà manifesté à Malmö contre la participation d’Israël.

« Pas de menace »

Dans l’enceinte, tout drapeau autre que ceux des participants sont interdits, comme toute bannière à message politique.

La police suédoise a assuré qu’il n’y avait «  pas de menace dirigée contre l’Eurovision ». L’été dernier, la Suède a relevé son niveau d’alerte terroriste après des actes de profanation du Coran.

Du côté des festivités, l’édition 2024 offre un large éventail de genres musicaux, de la ballade à l’électro. Malmö, troisième ville de Suède, espère offrir aux fans « the time of (their) life » (le moment de leur vie), comme le chantait Abba, qui avait offert la couronne de l’Eurovision au pays il y a un demi-siècle exactement.

À lire aussi : Eurovision: tout ce qu’il faut savoir avant la grande finale

Cette année, beaucoup de chansons «  traitent de la santé mentale – de nombreux jeunes artistes disent ne pas se sentir bien et lutter avec leur identité » comme c’est le cas de Nemo (Suisse), explique Andreas Önnefors, spécialiste du concours.

Eden Golan a assuré que sa chanson « Hurricane » parlait «  d’une jeune fille qui traverse ses propres problèmes, ses propres émotions ».

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