Accueil Soirmag Histoire

Les Belges dotent la Chine d’un chemin de fer

Notre pays a toujours été très présent en Chine. Et plus particulièrement sous le règne de Léopold II.

Temps de lecture: 3 min

Il n’est pas un pays qui ait plus captivé le roi Léopold II que la Chine. Dès 1861, alors qu’il est encore prince, le futur souverain exhorte les ministres à s’intéresser à ce pays auquel les jésuites belges avaient, par le passé, apporté bon nombre de connaissances. Et lorsqu’il monte sur le trône, il rêve de « créer une société belge universelle ayant son siège à Bruxelles et qui deviendrait, petit à petit, pour la Chine, ce que la Compagnie des Indes de Londres est devenue pour l’empire hindoustanique et ce que l’ancienne compagnie des Indes est devenue pour Java ». Ministre des Affaires étrangères, le baron Lambermont n’y est pas opposé. Il va d’ailleurs offrir un poste de consul de Belgique à Émile Francqui, jeune officier belge s’étant déjà fait remarquer pour ses analyses exploratoires au Katanga, à charge pour lui de voir si la Chine pouvait gonfler les carnets de commandes d’entreprises belges de travaux publics. Au terme de trois années de négociations, il obtient pour la Société d’Études des Chemins de fer en Chine, une première concession, celle de construire une ligne entre Pékin et Hankow. Un chantier qui, dès 1897, va être confié à Jean Jadot, auteur d’un chemin de fer belge en Basse Égypte. Le chantier est colossal. Il y a lieu de poser 1.350 kilomètres de rails, de percer des tunnels, de lever une centaine de ponts, dont celui surplombant le fleuve Jaune, long de trois kilomètres et demi. Une première section de 184 kilomètres est mise en service dès 1899. Une seconde aurait dû suivre si la Révolution des Boxers n’avait mis un frein au développement du projet. Des employés et des missionnaires belges furent même massacrés et le chantier dégradé. Ce qui poussa Léopold II à susciter la création d’un corps expéditionnaire de volontaires chargés de remettre de l’ordre en Chine. Mais les quelque 2.700 volontaires ne quitteront jamais la Belgique, d’autres nations ayant été plus rapides à réagir. Et le chantier put s’achever, la ligne étant inaugurée en grande pompe le 12 novembre 1905, en présence de l’impératrice Tseu-Hsi et des quelque 120.000 ouvriers qui collaborèrent à sa construction. Ce, au départ d’une gare “à la belge” flambant neuve. Honoré, décoré du collier de mandarin, Jadot, puis son frère se lancèrent dans d’autres aventures chinoises. Ayant été indemnisée pour les dommages que ses entreprises eurent à subir durant l’insurrection des Boxers, respectée pour la qualité de ses ingénieurs, la Belgique était, il est vrai, devenue incontournable dans le développement économique de la Chine. Elle avait même reçu une concession territoriale de 46 hectares près de Tien-Tsin. Les Jadot vont la doter de toute la modernité, l’équipant de tramways et de l’éclairage public. Ils feront de même à Shanghai. Les entreprises belges s’activèrent aussi dans la gestion des mines et des organismes de crédit. Car, comme le déclara Léopold II : « Si le chemin de fer devait être l’épine dorsale de la Chine, il y avait lieu de prendre aussi les côtelettes ! »

Gare belge à Pékin 2

Notre sélection vidéo

Aussi en Histoire

Voir plus d'articles

À la Une