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Les hommes et  l’esthétique, ce n’est plus tabou

Prendre soin de son corps dans les moindres détails, effacer ses imperfections, cacher ses complexes, voilà des initiatives qui ne sont plus exclusivement réservées aux femmes.

Temps de lecture: 5 min

À l’heure où l’égalité des sexes se fait de plus en plus réelle dans la société occidentale, certaines portes s’ouvrent. Et particulièrement celles des centres esthétiques. Si le phénomène était limité il y a encore dix ans, l’évolution des mœurs et l’apparition de l’homme “métrosexuel” (souvent un citadin fortement soucieux de son apparence) font que la gent masculine peut représenter de 10 à 30 % de la clientèle des instituts de beauté. Cette affluence, on la constate notamment à l’institut “Je me sens belle”, à Bruxelles. « Auparavant, il y avait très peu d’hommes chez nous, mais on constate une nette tendance à la hausse, explique Semi El Majeri, directeur de l’établissement. On en a toujours eu, mais depuis trois ans, la proportion d’hommes augmente. »

Chez “Wax Zone”, autre centre de beauté de la capitale, la présence des hommes est telle que la clientèle masculine est devenue une “spécialité”. « Nous faisons de la publicité spécifiquement pour les hommes et nous avons développé une ligne de produits conçus pour eux, précise Anna Gerasymets, la gérante. Nous avons, en tout, une centaine d’hommes qui couvrent 30 % de nos clients. » Quand on demande aux centres esthétiques quels soins les hommes privilégient, les réponses sont aussi variées que pour les femmes. « L’été, les jeunes viennent surtout pour des épilations du dos, nous explique-t-on chez “Quo Vadis”. Pour les soins réguliers, ce sont plutôt des hommes entre 40 et 60 ans qui font des manucures, pédicures et des soins visage. » Les instituts citent également les extractions de comédons, épilations des sourcils, du torse et des aisselles. Dans ces centres, il peut arriver également que certains soins soient refusés aux hommes, ou que ceux-ci ne soient tout simplement pas les bienvenus.

Chez “Senteurs d’Ailleurs”, une parfumerie avec un institut de beauté (mais ce n'est pas son activité principale), on se méfie désormais à cause de mauvaises expériences passées. « On fait attention à certains qui sont un peu dragueurs, précise Raphaël Hobart, employé de l’établissement. Nos esthéticiennes ont déjà reçu des propositions indécentes en cabine et ça, c’est hors de question pour nous. C’est pourquoi nous avons un téléphone dans la salle, pour contacter la réception, qui les fait sortir. Mais c’est plutôt rare. »

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Il faut souffrir pour être… beau !

Cette évolution des pratiques esthétiques de la gent masculine peut s’expliquer de plusieurs manières. Et notamment par une exigence des femmes de voir leurs conjoints aussi soignés qu’elles. « Il y a une demande de leur part d’avoir des hommes qui sont épilés, qui ont des sourcils nickel ou de belles mains, estime Semi El Majeri. De plus, un homme qui est passé en épilation comprendra plus la pénibilité de ce que peut vivre sa femme. » « Il faut souffrir pour être belle » disait l’adage, mais aussi pour être beau. C’est ce que pense Grégory, 47 ans, qui se rend dans des centres esthétiques depuis dix ans. « Nous, les hommes, on aime bien que nos copines soient soignées et bien épilées, donc je ne vois pas pourquoi on ne le serait pas également. Que l’on soit un homme ou une femme, on vieillit tous, donc autant bien vieillir en prenant soin de soi. »

Souvent, l’initiative vient d’ailleurs de l’homme lui-même. « Je ne suis pas très poilu, si je le fais, c’est plus dans une optique de prendre soin de moi, explique Lucas, 25 ans. Je suis hétérosexuel mais j’ai l’impression que ce sujet est un peu tabou. On se fait vite chambrer ! » Malgré cette décomplexion progressive, le sujet reste effectivement délicat, surtout lors des premiers rendez-vous. À tel point que certains clients ont préféré garder l’anonymat. « C’était gênant au début et ça l’est toujours pour moi un peu aujourd’hui », explique un jeune homme de 28 ans. C’est le cas également pour Grégory : « J’étais très gêné lors des premières séances, et encore maintenant. Je n’ai d’ailleurs pas de centre attitré, je vais dans un institut où il ne faut pas prendre de rendez-vous. » Cette gêne, on la ressent également chez Wax Zone : « Si pour une femme il est normal d’aller chez une esthéticienne, pour un homme, ça reste bizarre. Même si c’est moins tabou qu’auparavant. »

Semi El Majeri, le patron de “Je me sens belle”.
Semi El Majeri, le patron de “Je me sens belle”.

Profession : esthéticien

Si les hommes sont parfois mal à l’aise lorsqu’ils se rendent dans ces centres, c’est également parce que la profession d’esthéticienne reste très féminine en soi. Des exceptions existent toutefois. C’est le cas de Semi El Majeri. « J’ai eu beaucoup de remarques de mon entourage au départ. Je suis un homme hétérosexuel qui gère un institut de beauté, vous n’en trouverez pas quinze à Bruxelles ! Mais au fur et à mesure, j’ai été accepté par le public féminin et il n’y a plus vraiment d’interrogations quand je décroche le téléphone. » Même si le métier s’ouvre petit à petit aux hommes, les esthéticiens restent effectivement une espèce rare. À l’Infac, qui forme à ce métier, on en trouve en moyenne un tous les trois ans. Alors que leur présence est importante, justement pour les clients masculins. « Ils se détendent en voyant un homme à l’accueil », explique Semi El Majeri. Raphaël Hobart, de son côté, apporte d’ailleurs un soin particulier à l’accueil de ses clients masculins. «  Il est évident que les hommes se sentent plus à l’aise pour parler des soins lorsqu’ils ont un autre homme en face d’eux. Ils se sentent rassurés de pouvoir poser des questions concrètes. C’est tout de même difficile pour eux la première fois, mais ensuite ils sont plus à l’aise et reviennent avec plaisir. » Au vu de l’affluence croissante de la clientèle masculine dans les centres de beauté, l’idée de la création d’instituts qui leur seraient exclusivement dédiés se fait de plus en plus précise. « C’est une niche à creuser, un vrai business », estime Semi El Majeri. Et pourquoi pas ?

Le prix des soins

À Bruxelles, le service le plus cher est le soin visage, qui coûtera en moyenne 50 euros. Il faut dire que celui-ci prend une heure environ. Les manucures et pédicures coûtent respectivement 25 et 32 euros, lorsqu’on parle de soins esthétiques non médicaux, également proposés dans les instituts. L’épilation des sourcils et celle des aisselles sont assez rapides et ne coûtent que 10 et 14 euros de moyenne. Enfin, pour vous faire épiler le dos ou le torse, le prix est pratiquement le même : 26 euros de moyenne pour le premier et 27 pour le second.

Prendre soin de son corps pour en gommer les petites imperfections ne passe plus obligatoirement par la salle de musculation pour les hommes. Les centres d’esthétique voient désormais affluer de plus en plus de mâles métrosexuels soucieux de leur apparence.
Prendre soin de son corps pour en gommer les petites imperfections ne passe plus obligatoirement par la salle de musculation pour les hommes. Les centres d’esthétique voient désormais affluer de plus en plus de mâles métrosexuels soucieux de leur apparence.

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