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Santé: ces jeunes sportifs foudroyés en plein effort

La championne du monde de boxe s’est écroulée, victime d’une embolie pulmonaire. D’autres jeunes trouvent la mort sur leur terrain de sport à cause de pathologies non décelées. Le point avec un cardiologue.

Temps de lecture: 4 min

26 ans, Angélique Duchemin était championne du monde de boxe anglaise, catégorie poids plumes. La semaine dernière, à l’issue d’un entraînement, la jeune fille s’est écroulée, terrassée par une embolie pulmonaire dont elle ne se relèvera pas. La championne française n’est pas la première à tomber sur son terrain de sport favori. D’autres jeunes sportifs, amateurs ou professionnels, ont été victimes d’un malaise en plein effort, lors de matches ou d’entraînements. Certains s’en sont sortis, d’autres pas. Le sport tue-t-il donc ? Pourquoi de tels accidents touchent-ils des jeunes a priori en bonne santé ?

Angélique Duchemin.
Angélique Duchemin.

« Il faut distinguer les différentes causes de décès, nous fait observer le Pr Jean-Luc Vachiéry, cardiologue à l’Hôpital Erasme (ULB). La mort subite est le plus souvent liée à une maladie structurelle cardiaque non décelée, mais elle peut aussi survenir sans crier gare, dans un « ciel serein ». Le cas de la boxeuse Angélique Duchemin est différent : elle est décédée d’une embolie pulmonaire, c’est-à-dire d’un caillot de sang qui s’est détaché et a obstrué son artère pulmonaire. » Dans tous les cas, il faut savoir que le sport ne tue pas. Au contraire, il est excellent pour la santé, diminue le risque de cancer et… de maladie cardiovasculaire justement. « Ce qui tue, précise le médecin, c’est le sport exercé de manière inconsidérée, de même que l’absence de prévention. Avant d’entreprendre un marathon, de se lancer dans la compétition ou de s’inscrire dans un club de sport, il faut consulter un médecin traitant qui peut déjà détecter si vous êtes capable de fournir un effort important. La pratique sportive de haut niveau nécessite toujours des tests respiratoires et cardiaques préalables, parfois accompagnés de tests sanguins et d’un passage chez le dentiste. Certains clubs refusent en effet les transferts de joueurs chez qui on a décelé des « anomalies », que ce soit un cartilage défectueux au genou ou un problème cardiaque. »

Quels sont les principaux problèmes cardiaques pouvant conduire à un risque de mort subite s’ils ne sont pas décelés et traités à temps ? On peut citer une anomalie du système électrique cardiaque, une maladie valvulaire ou encore un épaississement excessif du myocarde. De même que des défauts du rythme cardiaque accompagnés de tachycardie. « Attention, prévient le Pr Vachiéry, il y a des sportifs de haut niveau chez qui l’on a décelé des problèmes cardiaques ou qui ont eu un malaise et ont été tirés d’affaire et qui ont pu, par la suite, reprendre la pratique de leur sport. En règle générale, on compte peu de cas où la pratique d’un sport est interdite. Cela peut arriver si l’on présente une cardiopathie complexe, comme par exemple un rétrécissement important d’une valvule aortique. Dans la plupart des cas, qu’il s’agisse d’insuffisance cardiaque, d’un problème d’arythmie, de greffe cardiaque ou pulmonaire, on encourage le patient à faire du sport. »

Le test à l’effort préalable reste le meilleur moyen d’éviter les accidents potentiels.
Le test à l’effort préalable reste le meilleur moyen d’éviter les accidents potentiels.

Le cas de l’embolie pulmonaire

L’embolie pulmonaire n’est, elle, pas une cardiopathie. Il s’agit d’une maladie veineuse thrombolique (cependant troisième cause de maladie cardiovasculaire) dont l’embolie pulmonaire est la complication la plus grave. On compte chaque année entre 100 et 200 cas pour 100.000 habitants, soit environ 20.000 cas par an. Quelque 317.000 personnes en sont mortes, sur 400 millions d’Européens. « Sur 100 % de décès liés à une embolie pulmonaire, on compte : 34 % de morts subites, 59 % d’embolies pulmonaires non identifiées et 7 % de cas où elles avaient été détectées avant le décès », précise le cardiologue. Des sportifs de haut niveau, comme le footballeur français Yohann Pelé ou la joueuse de tennis Serena Williams ont été tous deux victimes d’une embolie pulmonaire et ont reçu un traitement anticoagulant qui leur a permis de poursuivre leur carrière sportive.

Vainqueur de plusieurs courses prestigieuses, le coureur belge Frank Vandenbroucke décédera des suites d’une embolie pulmonaire à l'âge de 34 ans.
Vainqueur de plusieurs courses prestigieuses, le coureur belge Frank Vandenbroucke décédera des suites d’une embolie pulmonaire à l'âge de 34 ans.

La pilule contraceptive, facteur de risque

Au rang des facteurs de risque susceptibles de causer chez les femmes une thrombose artérielle ou veineuse ou encore un AVC figure notamment la pilule contraceptive microdosée de la 3e génération. « Ce risque est faible, mais il doit néanmoins être pris en considération dans les familles présentant des antécédents cardiaques ou de l’hypercholestérolémie », prévient le cardiologue. D’autres facteurs, comme le stress et les coups portés, pourraient-ils expliquer l’embolie pulmonaire dont a été victime la jeune boxeuse ? « Non, le stress n’intervient pas tellement dans ce cas-là et le cœur ne peut être traumatisé par les coups portés dans sa direction. En revanche, les chocs répétés sur la tête peuvent avoir une incidence sur le cerveau et même déclencher la maladie de Charcot (dégénérescence progressive des muscles) », explique le Pr Vachiéry. Pour prévenir le risque de maladie veineuse thrombolique, le meilleur conseil reste l’exercice physique modéré. Au bureau, en voiture, en avion : évitez de rester assis trop longtemps. En avion, portez des bas de contention (la compression qu’exercent ceux-ci empêche la stagnation du sang) si vous effectuez des trajets de quatre heures ou plus et marchez dans le couloir dès que possible.

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